Les vacances terminées, j'avais repris mon travail.

Le soir, un homme m'attendait devant mon domicile.

- Bonsoir, je voudrais vous parler du meurtre de votre ami.

- Je ne vois pas de quoi vous voulez parler.

- Vous ne souhaitez pas savoir comment vous êtes rentré chez vous ce soir-là ?

- Bon, entrez.

Nous avons pris place chacun dans un fauteuil de camping, et j'ai attendu qu'il continue son explication.

- Je reprends. Les personnes que vous avez rencontrées appartiennent à la Secte du Serpent noir. Nous les observons depuis quelque temps, et Henri, un homme attaché à notre cause, les suivait de près.

Nous ne savons pas ce qui s'est passé au domicile de Robert, mais Henri a dû se trouver dans l'obligation d'intervenir.

Quand vous avez sonné en bas, les occupants ont ouvert volontairement la porte de l'appartement. Nous étions dans l'escalier et nous demandions comment entrer. Mais votre arrivée nous a retardés, car nous ne savions pas qui arrivait.

Nous les avons attaqués par surprise, et comme nous étions plus nombreux, les mettre hors d'état de nuire n'a été qu'une formalité.

Nous avons observé toute la scène. Robert et notre ami Henri étaient morts et vous, attaché sur un fauteuil.

En fait, les agresseurs étaient au nombre de trois, ce qui signifie que Robert devait être suivi quand il a rejoint son domicile.

C'est peut-être ce qui a amené Henri à intervenir. Et, nous n'avons pas trouvé d'argent.

Tout indique qu'ils sont venus pour tuer, et qu'ils n'avaient pas l'intention de payer.

Nous avons récupéré les manuscrits, et laissé les cadavres sur place.

Nous vous avons drogué, et normalement vous auriez dû dormir, et ne plus vous souvenir de votre soirée. À ce moment-là, nous n'avions pas pensé que vous puissiez être lié à cette affaire.

Vous aviez dans votre portefeuille un bulletin de paie mentionnant votre adresse, ainsi qu'un jeu de clef.

Nous vous avons raccompagné chez vous. Vous monter sur votre matelas dans la mezzanine n'a pas été une petite affaire.

- Pourquoi avez-vous fait tout ça pour moi ?

- Nous ne tuons que par nécessité, et nous ne voulions pas laisser de témoins de notre passage.

- Qui était l'acheteur des manuscrits ?

- Un des membres de la secte.

- Vous êtes aussi à la recherche du fameux manuscrit, paraphé par Lucifer ?

- Oui.

- Que voulez-vous en faire ?

- Il faut d'abord que je vous explique rapidement.

Nous représentons un groupe très important de fidèles, de par le monde, qui croit profondément en Dieu, et à sa création d'individus imparfaits, imparfaits par construction.

Mais nous rejetons tout dogme prônant une conduite à tenir pour aller au ciel, tous les artifices, comme la confession, pour soi-disant remettre ses péchés à zéro.

L'homme naît imparfait, meurt imparfait, et doit aller au ciel comme cela.

Bien sûr, Rome nous considère comme étant des hérétiques, et des ennemis à combattre.

Mais, d'un autre côté, nous travaillons régulièrement avec le Ciel, avec qui nous gardons d'excellents contacts. Nous combattons les mêmes ennemis, et cela nous rapproche.

Dans l'affaire qui nous préoccupe, nous sommes opposés à la Secte du Serpent noir, une des nombreuses filiales mises en place par Satan, depuis des siècles.

Cette secte réapparaît régulièrement au fil des temps.

Son objectif consiste en quelque sorte à envoyer au Ciel des âmes dissidentes, capables d'échapper au tri effectué à l'entrée du paradis.

Ces âmes sont chargées de corrompre les anges, de saboter les modes d'organisation du Ciel.

Et, comme tout n'est déjà pas brillant là-haut, il n'en faut pas beaucoup plus pour que ce soit le foutoir.

Cette secte ne tient que par l'acte de soumission à Lucifer qui représente son engagement, sa crédibilité.

Détruire ce document constituerait un symbole fort, à même d'éviter la pérennité de la secte.

Cela ne signifierait malheureusement pas la fin de la puissance de Satan, mais cela affecterait fortement ses possibilités de nuisance.