Dieu que c'est beau. Encadrées par un écrin d'arbres hauts, aux branches jaillissantes, des milliers d'étoiles brillent au-dessus de moi. Ajoutées aux millions ou milliards que je ne vois pas. Moins celles qui sont déjà mortes, mais ce n'est pas vraiment un moins puisque je vois leur lumière. Encore.

La nuit est là. Une chouette hulule. Ou est-ce peut-être un hibou ? Qu'en sais-je ? Rien, mais qu'importe. La nuit est magnifique. Mon corps, vivement satisfait, intensément caressé et aimé, se satisfait de cette vision douce, propice à mille rêveries. Au loin, ça farfouille dans la terre, les branches craquent. Un sanglier sans doute.

Tout à l'heure, une biche a traversé le cours d'eau qui coule tout proche. Je me sens en paix. Jusqu'au matin où une main se promène doucement sur mon dos, courant plaisamment sur ma hanche, descendant sur mes cuisses. Délicieux fourmillement.

Des marques commencent à apparaître. Bientôt, il sera impossible de les cacher. Il faudra appliquer des crèmes et des huiles, pour que tout cesse, que tout s'évanouisse. Et puis me soustraire au regard des autres, à leur jugement, à leur conseil de bonimenteur... Mes doigts passent sur un gonflement, léger pour le moment. Les traces oui... Mais ce n'est rien encore, surtout comparées aux sensations. Les démangeaisons, la brûlure lors du grattage.

Je ne peux pas m'en empêcher. Mes ongles effilés sortent et frottent la chair. Un doux grattement pour commencer, ce qui ne fait qu'empirer les choses. Alors les ongles s'enfoncent. Pour un coup de griffes plus violent.

- Ne gratte pas voyons ! Me gronde la voix de l'homme qui se tient tout contre moi. Si tu grattes, ça va laisser des petites cicatrices. J'ai ce qu'il te faut à la maison, un truc que j'utilise toujours, tu vas voir, c'est super...

Un soupir vite ravalé se termine dans mon cœur. Je l'avais bien dit. Les autres et leur avis sur la question...

Putain de moustiques. Dès que je serai chez moi, je me gratterai autant que je voudrai.

Putain de moustiques.