Chapitre 6 (1ère partie) : Le cercle de pierres d'Ourga

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A moi, maintenant. Les mots d'Ilya résonnaient encore et toujours dans ma tête, même si plusieurs jours étaient déjà passés depuis qu'elle avait réalisé le cercle de pierres. Nous avions finalement trouvé un petit moment toutes les deux pour parler et pour qu'elle puisse m'expliquer les raisons de son choix. Depuis le début du rassemblement, elle avait des doutes sur la volonté d'engagement de Drong. Elle avait vite compris aussi qu'elle n'était pas la seule avec laquelle il prenait son plaisir, ce qu'elle pouvait accepter et comprendre de façon ponctuelle était cependant devenu récurrent, et plus encore, au cours de la grande chasse, lorsque j'étais repartie avec Arouk pour le grand campement. A ce moment-là, elle avait compris qu'elle ne pouvait pas lui faire confiance. Il s'était totalement détourné d'elle. Mais Kaarg avait été là. Cela faisait un moment qu'il cherchait à l'approcher, à faire en sorte qu'elle remarquât qu'il s'intéressait à elle. Ils s'étaient retrouvés ensemble à s'occuper d'un jeune renne qui avait été abattu. En fait, elle m'avoua que Kaarg s'était débrouillé pour être avec elle, mais que, sur le moment, elle ne l'avait pas remarqué. Quand ils en eurent terminé, ils avaient été ensemble se rincer à la rivière. Là, ils avaient parlé et Kaarg lui avait dit qu'il était malheureux pour elle, que la voir s'entêter après un homme comme Drong qui ne savait où dormir et qui courait après toutes les femmes qu'il croisait était un vrai supplice pour lui.

- Il m'a dit que je méritais mieux. Mais il ne m'a pas dit qu'il espérait que je ferais attention à lui, me dit-elle. J'ai commencé à réfléchir, alors, et à observer aussi le comportement de Drong. Au fil des jours, j'ai compris que tout ce que Kaarg m'avait dit était vrai. Et puis... il y a eu ce que tu m'as raconté. Si j'en ai été choquée, j'ai vite compris que c'était la vérité. Je pouvais te faire confiance. Et alors... il m'a simplement dégoûtée. Mais je voulais aussi qu'il comprenne ce que cela fait que d'être humiliée. Car il avait cherché à t'humilier, et... il avait humilié une jeune femme, l'été dernier.

A ma tête, elle comprit que j'avais eu vent de cette histoire.

- Arouk m'a raconté cela, oui, lui confirmai-je.

- Alors, tu vois, j'ai réfléchi. J'ai passé du temps avec Kaarg aussi. J'ai partagé le plaisir avec lui et ce fut très bon. Alors, j'ai décidé de dessiner le cercle de pierres. Je savais que Kaarg se présenterait, je savais aussi que je le choisirais, quoi que fasse Drong. Mais j'espérais secrètement qu'il serait là et que je pourrais alors lui faire comprendre qu'il n'était pas tout-puissant.

- Je comprends ce que tu as fait. Tu avais bien réfléchi.

- Oui, me dit Ilya. Maintenant, c'est à toi de réfléchir.

Je baissai la tête. Ilya respecta mon silence. Enfin, je parlai :

- Il n'y a pas une journée qui passe sans que j'y pense. Arouk n'est pas comme les autres hommes avec lesquels j'ai été. Pas que pour le plaisir, je veux dire. Il est... différent. A mes yeux, du moins. Mais une chose m'empêche encore de me décider.

- Laquelle ?

- S'il veut rester au Clan du Lynx, j'aurai beaucoup de mal à y vivre. J'y connais peu de gens, même si sa mère et son frère adoptifs ont toujours été accueillants avec moi.

- Tu apprendras à connaître les autres.

- Oui, bien sûr. Mais... Il y a Drong, aussi. Et quand j'y pense, je sens au fond de moi que je ne supporterai pas de vivre près de lui, de devoir participer à des tâches avec lui. Même avec Arouk auprès de moi.

- Mais rien ne dit que vous vivrez au Clan du Lynx. Vous pouvez choisir de vivre au Clan de l'Ourse, avec les tiens. D'ailleurs... sans vouloir t'influencer, mais je pense que je viendrai vivre avec vous.

Je relevai alors vivement la tête. Un petit sourire éclairait le visage d'Ilya.

- Tu viendrais vivre dans mon clan ?! m'exclamai-je.

- Oui. Kaarg est de ton clan. J'y connais beaucoup de monde. Tu es mon amie. Je sais que nous y aurons un foyer accueillant.

- C'est un argument de poids, pour moi, souris-je en retour. Mais...

- Mais quoi ?

- Un jour, Arouk m'a dit qu'il restait attaché à son peuple, même en ayant été adopté par les nôtres. Que, peut-être, il aura envie de retourner vers les siens. Mais... mais si nous installons notre foyer parmi les miens, il sera encore plus loin de son peuple. Il devra renoncer à cette envie de les revoir.

- Je comprends, dit Ilya. Tu voudrais lui laisser la liberté de pouvoir retourner chez lui.

- Oui, murmurai-je tout bas.

- Je crois... Non, je suis certaine que, le mieux, ce serait d'en parler avec lui.

- Cela signifierait lui faire savoir que je pourrais dessiner le cercle de pierre pour lui.

- C'est juste. Mais peut-être vaut-il mieux qu'il le sache, mais aussi pourquoi tu hésites à le faire. Peut-être s'attend-il à ce que tu le dessines et ne comprend-il pas pourquoi tu ne l'as pas encore fait. Nous sommes d'ailleurs plusieurs à nous poser cette question.

Je hochai la tête : je n'étais pas étonnée de sa remarque. Je soupirai, puis dis :

- Je vais parler avec Arouk.

**

Le soleil avait à peine commencé à descendre de son point le plus haut. Il faisait encore assez chaud et ce n'était pas la bonne heure pour aller pêcher, ni pour cueillir les fruits juteux. Par contre, je songeai aux noisettes que j'avais remarquées en arrivant et je me dis qu'aller voir si elles avaient mûri serait une bonne idée. Je pris deux paniers et me mis à la recherche d'Arouk. Il était au foyer de sa mère et l'aidait à tanner des peaux. En me voyant arriver, il sourit, se leva et vint jusqu'à moi. Il posa ses deux mains sur mes bras et un baiser sur mon front. Je dis :

- Je vais faire une cueillette de noisettes. Je voulais te proposer de venir avec moi, mais je vois que tu es occupé. On se verra ce soir, si tu veux.

- Tu peux accompagner Ourga, Arouk, dit Liki. Il n'y a aucune urgence à tanner ces peaux.

- Nous ramènerons peut-être des poissons pour ce soir, dit-il simplement en prenant un de mes paniers et en passant la bride par-dessus ses épaules.

Nous gagnâmes la rivière, traversâmes le gué et nous dirigeâmes vers le bosquet. Quelques noisettes étaient tombées, encore enveloppées dans leur poche qui ressemble à une feuille dure. Mais il y en avait suffisamment pour que le ramassage s'avère fructueux. Une fois nos paniers remplis, nous nous assîmes à l'ombre et nous mangeâmes une galette aux fruits que j'avais emportée. Je ne savais pas trop comment aborder la question et gardai un moment le silence, mais Arouk parla avant moi :

- Dans moins d'une demi-lune, nous serons repartis, dit-il. Ce matin, notre chef nous a fait savoir qu'il organiserait le départ de notre clan après la cérémonie d'union. Nous avons un long chemin à parcourir pour rejoindre nos foyers.

- Je le sais, dis-je. Vous êtes le clan le plus éloigné de tous.

Et au fond de moi se forma alors la pensée que s'il partait et que je partais avec lui, il ne me restait vraiment plus beaucoup de temps pour profiter des miens. Mon coeur se serra à cette idée.

- Ourga, reprit-il. J'aimerais... Non, je voudrais vraiment ne pas avoir à repartir avec mon clan.

Je le fixai. Mes mains frémirent et je ne pus cacher ce frisson.

- Arouk..., parvins-je à articuler un peu péniblement. Je voudrais... je voudrais que tu restes auprès de moi. Mais... mais je ne veux pas t'empêcher de retourner vers les tiens si tu en ressens l'envie un jour. Et si tu restes avec moi, cela te sera encore plus difficile, cela te fera un plus long voyage encore.

- C'est juste. Mais peut-être que l'envie de demeurer auprès de toi est plus forte que celle de revoir les miens.

Il se pencha vers moi et me prit les mains.

- Je n'ai pas envie de continuer à vivre sans toi. Je suis heureux quand je suis avec toi. Fonder un foyer avec toi serait une belle aventure. Plus belle que celle de suivre les rives de la grande rivière, traverser la plaine dorée et revoir les rivages de la Mer Salée.

Je hochai la tête, incapable de prononcer le moindre mot. Je caressai ses mains en retour, glissant mes doigts entre les siens en le fixant toujours. Je pris enfin une longue inspiration et finis par articuler :

- Alors, je sais ce qu'il me reste à faire.

Il me sourit, lâcha mes mains, pour poser les siennes sur mes épaules et m'attirer à lui. Il m'embrassa longuement. Je répondis à son étreinte, savourant son baiser. Sa main glissa sur ma nuque, puis nous basculâmes sur le sol.

A demi-étendu sur moi, il continuait à m'embrasser lentement, tournant sa langue autour de la mienne, la sortant par instant de ma bouche pour mieux y replonger, tout en suçotant l'une de mes lèvres. Je goûtais moi aussi, à ce baiser lent qui durait, durait... avant de me décider à glisser mes mains sous sa tunique pour caresser son torse musclé. Mes doigts dessinèrent chacun de ses muscles, prenant soin toutefois de ne pas frôler sa cicatrice, car cela lui provoquait parfois d'étranges frémissements, comme un réveil de la douleur passée.

Il se redressa un peu, rompit un instant notre baiser, pour retirer sa tunique et me laisser alors la totale liberté de le caresser. Alors que mes mains couraient maintenant dans son dos, les siennes s'étaient emparées de mes jambières et les avaient fait glisser sur mes cuisses. En me tortillant un peu, je parvins à les retirer totalement, sans cesser de l'embrasser. Puis, de ses mains, il bloqua mon visage entre les siennes, plongea une dernière fois sa langue dans ma bouche, aspira longuement ma salive, avant de s'écarter légèrement de moi. Je pus voir beaucoup d'émotion dans son regard, cela me troubla infiniment, mais me rendit heureuse tout autant.

- Ourga..., me souffla-t-il. Je t'aime.

Ces mots étaient étranges pour moi. Nous n'avions pas l'habitude de les employer pour parler de nos sentiments. Une mère aime ses enfants, un homme aime les enfants de sa compagne, qu'il élève dans son foyer, les enfants aiment leur mère et leur père. Mais aimer juste un homme ou une femme... A bien y réfléchir, c'était aussi étrange que la première fois qu'il m'avait embrassée sur la bouche.

Il me sourit en voyant mon étonnement teinté d'émotion.

- Chez mon peuple, ces mots signifient tout l'attachement que l'on porte à une personne, pas seulement à nos parents, mais aussi... à celle ou celui que l'on choisit pour partager notre vie. Je veux partager la tienne, Ourga. Je le veux très fort.

Je hochai la tête et dis :

- Je le veux aussi, Arouk, alors... alors, moi aussi, je t'aime.

Ma voix se brisa sur la dernière syllabe, mais je nouai mes bras autour de son cou pour l'attirer tout contre moi et lui cacher ainsi mon émotion. C'était vain, sans doute, car il me serra fort en retour contre lui.

J'avais fermé les yeux pour savourer notre étreinte et calmer mes émotions, mais en les rouvrant, je vis le ciel si bleu au-dessus de nous, à travers ses cheveux blonds comme le soleil à cette heure. La proximité de son corps, la chaleur de sa peau sous ma main, la douceur de ses lèvres dans mon cou, me donnèrent bien vite envie de partager le plaisir avec lui. Mes mains glissèrent sur ses fesses, entraînant déjà ses jambières. Il s'en débarrassa bien vite et je pus sentir alors toute sa force contre mon corps. Il me fut impossible de retenir un premier gémissement d'envie, gémissement bientôt suivi d'un deuxième lorsque ses doigts se refermèrent sur un de mes tétons.

Sa caresse était douce, mais insistante, lente, mais prégnante. Il continuait à parsemer mon cou de baisers, de petits coups de langue près de mon oreille ou le long de ma mâchoire. Parfois aussi, ses lèvres pinçaient légèrement ma peau. Je portais encore ma tunique qui commençait à me tenir trop chaud et à me gêner, mais Arouk ne semblait pas pressé de me la retirer et je ne pouvais le faire moi-même, mes mains étant toutes occupées à caresser son dos, ses reins, à empoigner ses fesses. L'une se fit un peu plus audacieuse, un peu plus malicieuse, et s'empara de son membre gonflé. Je la fis coulisser sur toute sa longueur, lui arrachant un grognement sourd et provoquant bien vite des baisers plus appuyés et une pression plus franche de sa main sur mon sein.

- Hum... Ourga... Continue...

Je souris et continuai avec plaisir à caresser sa peau si douce. Son membre durcit plus encore entre mes doigts et lorsque mon pouce passa sur son gland, je sentis une perle humide se répandre sous sa pulpe. Ne voulant pas aller trop vite, je fis redescendre ma main vers la base de son membre et entrepris de caresser ses bourses. Leur peau était si douce, à travers les poils fins qui la recouvraient. J'aimais les faire rouler dans ma paume, sentir leur poids, percevoir leur sensibilité.

Arouk avait fermé les yeux, savourant mes caresses. Sa respiration était devenue un peu plus rapide et, sous mon autre main restée dans son dos, je sentis bien vite couler un filet de sueur. Un nouveau grognement, une nouvelle plainte... Oh, que j'aimais l'entendre ainsi ! C'était si bon de savoir que je pouvais lui apporter un tel plaisir ! Que j'espérais aussi intense que celui qu'il me donnait si bien.

Il rouvrit vivement les yeux, son regard se planta dans le mien, il reprit mes lèvres pour un baiser plus fougueux : je compris qu'il allait reprendre ses propres caresses, que j'allais maintenant goûter à mon tour à cette chaleur que nous aimions tant partager. Il ne tarda pas en effet à me retirer ma tunique, mais resta un instant, agenouillé, à me contempler, nue, étendue dans l'herbe drue de cette fin d'été. Le sang battait dans mes veines, ma respiration plus rapide faisait pointer mes seins vers lui, véritable appel auquel il ne résista pas longtemps, plongeant son visage vers ma poitrine et s'emparant bien vite du téton qui n'avait pas encore été sollicité. Son assaut me fit me cambrer et pousser un long gémissement. Et si ses premiers coups de langue étaient encore plein de retenue, ce ne fut bien vite plus le cas et il nous emporta dans un rythme de plus en plus soutenu et rapide, nos mains courant maintenant sur nos peaux, impatientes de toucher, de caresser, d'exciter. Nos bouches se saisissaient de tout ce qui passait à leur portée, téton dressé, arrondi d'épaule, lobe d'oreille, lèvre ourlée.

- Ourga..., me dit-il d'une voix rauque, j'ai tant envie d'être en toi... maintenant....

- Viens..., suppliai-je en réponse, viens en moi... oui... oh oui !

Son membre était encore plus dur, encore plus gonflé que lorsque je l'avais excité. Il se fraya un chemin entre mes lèvres humides, réveillant les sensations délicieuses, les frémissements de plaisir qui remontèrent dans tout mon corps. Il était sur moi et c'était bon. Bien plus que cela ne l'avait été avec un autre. Je n'avais pas non plus l'impression d'être étouffée quand il me donnait ainsi du plaisir, contrairement à ce que j'avais pu éprouver avec Otan notamment. Et pourtant, Arouk était plus grand, plus musclé, plus lourd que lui. J'avais plutôt le sentiment de m'envoler, de me libérer d'une tension.

Enfin, il fut en moi totalement, s'immobilisa, se redressa légèrement pour me regarder en s'appuyant sur ses bras tendus. Mes mains coulèrent de ses épaules à ses bras, puis remontèrent encore. Elles s'aventurèrent ensuite sur son torse, avant qu'il ne se retire presque entièrement, m'arrachant une plainte de protestation.

- Tu me veux, Ourga ? demanda-t-il.

- Oui... Arouk... Oui... Reste en moi... Reste en moi...

Il sourit légèrement, replongea d'un mouvement ample dans mon antre, mais se retira à nouveau.

- Reste ! Reste ! suppliai-je encore.

Il revint, se retira, revint encore, comme insensible à mes plaintes, à mon envie. Mais chaque retour était plus intense que le précédent, comme ravivant la délicieuse brûlure du désir.

- Encore ?

- Oui... Oui... Arouk... Reviens, reviens ! criai-je cette fois.

Mes jambes s'étaient nouées d'elles-mêmes autour de ses hanches et le mouvement de ses reins s'accéléra encore, me faisant défaillir, jusqu'à l'ultime instant où il s'arrêta soudain, son regard planté dans le mien, son souffle caressant mon visage. Son membre si dur palpitait en moi, mon ventre était brûlant d'attente, de désir. J'étais proche du plaisir, si proche... et il le savait.

Il se retira très lentement, sans me quitter des yeux, comme s'amusant de la plainte qu'il voyait naître sur mon visage, plus replongea d'un coup puissant qui me fit basculer dans le plaisir. Ses mots éclatèrent à mon oreille, comme ce soleil étincelant qui éclatait dans mon ventre.

- Je t'aime, Ourga !

Et son plaisir inonda le mien, m'emportant encore plus loin.

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