Rencontre désagréable et retrouvailles

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Françoise raccompagna Grégory chez lui et se retrouva nez à nez avec la mère de Grégory, furieuse.

— Où l’avez-vous emmené ? Vous êtes inconsciente, Mademoiselle !

Grégory haussa le ton.

— Maman ! Veux-tu bien te taire et nous laisser passer !

— Quoi ? Mais pourquoi me parles-tu comme cela ?

— Parce que tu nous agresses, maman, et que je commence à en avoir sérieusement marre que tu me couves comme un poussin. Laisse-moi vivre, j’avais envie de prendre l’air et Françoise était disponible !

— Mais moi aussi je suis disponible, mon chéri !

— Mais tu n’es pas Françoise, tu es ma mère. Ce n’est pas avec toi que j’ai envie de me balader au parc.

— Eh bien, si c’est comme ça, tu n’as qu’à rester avec Françoise ! Mais tu verras, tu me rappelleras vite lorsqu’elle aura pris ses jambes à son cou devant la lourdeur de ta situation !

Françoise se permit d’intervenir,

— Vous savez, Madame, je ne considère pas Grégory comme un poids… La situation est, de fait, particulière, mais c’est lui qui m’intéresse, pas son handicap.

Elle avait parlé calmement, mais fermement. La mère de Grégory ne sut que répondre, tourna les talons et les planta là, ils la virent partir en grommelant des choses incompréhensibles.

Françoise l’aida à entrer avec sa chaise roulante puis lui dit,

— Je suis désolée, mais je n’ai pas su me taire face à elle.

— Ce n’est rien, tu as bien fait, il fallait que cela sorte.

— Mais te voilà seul maintenant…

— Ça m’obligera à apprendre à me débrouiller !

Il sourit. Françoise se montra sceptique.

— Oui, d’accord, mais comme elle a toujours réussi à repousser les travaux dans ton appartement, il n’est pas adapté et tu seras en difficulté.

— Comment tu sais ça toi ? C’est Valentine qui t’a raconté tout cela ?

— Oui… Je te l’ai déjà dit, j’ai toujours pris de tes nouvelles, Greg.

Il l’invita à prendre un verre avant de partir, elle s’installa dans le salon avant d’aller chercher de quoi se désaltérer dans le frigo de la cuisine, Grégory lui avait demandé un petit quart d’heure d’intimité dans la salle de bain. Une fois de retour, elle constata qu’il arrivait sans problème à s’extraire de sa chaise et à s’installer sur le divan deux places, elle sourit. Il constata son étonnement.

— Eh oui, je sais me mettre dans le divan, ce sera plus sympa pour toi et pour moi aussi.

— Effectivement, cela sera plus sympa pour pouvoir te prendre dans mes bras.

Ce qu’elle fit après avoir déposé verres et bouteille sur la table basse qui se trouvait de son côté.

Après l’avoir embrassé, il soupira et lui dit,

— Françoise, je suis heureux que tu m’aies retrouvé, vraiment, mais je n’ai pas envie de t’imposer mon handicap, je veux que tu sois heureuse.

— Mais Greg, je te l’ai déjà dit, il n’y a qu’avec toi que je suis heureuse, c’est toi que je veux.

— C’est le « moi » d’avant l’accident que tu aimes, je ne suis plus capable de ça, même si j’en rêve, ce n’est plus possible et tu seras frustrée, d’office.

— Arrête Greg ! Laisse-moi le temps de te redécouvrir et laisse-moi décider moi-même de ce qui est bon pour moi ! Ce n’est pas ton déhanchement qui m’a fait craquer pour toi je te rappelle !

Il sourit franchement mais baissa les yeux lorsqu’il lui avoua,

— Je sais, tu me l’as déjà dit, mais moi aussi, je suis et je serai frustré… Si nous tentons une relation, tous les deux, j’aurai toujours en tête ce que j’ai été en mesure de te donner il y a bientôt deux ans.

— Greg, stop, les faits sont là, nous devons faire avec. Personnellement, je suis partante pour découvrir « autre chose » avec toi, mais toi, es-tu prêt à tenter « autre chose » avec moi ?

Il ferma les yeux et se prit la tête dans ses mains puis lui fit face,

— J’en ai envie Françoise… J’ai toujours envie de toi. Je vais tenter de faire tout ce que je peux pour qu’on puisse être ensemble… Avec plaisir.

Elle posa sa tête sur l’épaule de Grégory, il continua à parler en l’enlaçant.

— Je ne sens rien en dessous des crêtes iliaques, mais, « ça » vit encore… Je n’ai pas eu de lésion au niveau des vertèbres sacrées et les lésions plus hautes, coté dorsales et lombaires sont dites « incomplètes », mais côté cutané, je ne ressens strictement plus rien.

Il soupira silencieusement, Françoise lui dit, en lui caressant le torse au travers de sa chemise,

— Et avec un décodeur, ça donne quoi ?

Il fut secoué par un rire, un peu nerveux, qu’il eut du mal à arrêter, une fois calmé, il lui dit,

— En fait, en gros, avec l’absence de lésions du côté des vertèbres sacrées, je peux encore avoir des érections réflexes si je suis stimulé, par exemple avec des caresses sur les zones érogènes où j’ai encore des sensations… Mais aussi par un frottement de mon pantalon ou d’autres trucs qui n’ont rien à voir. Et puis, la « durée » n’est pas garantie.

— Mmh et le reste, ça voulait dire quoi ?

— Les lésions « incomplètes » situées plus haut indiquent que je pourrais avoir des érections psychogéniques, qui viendraient des idées que j’ai dans la tête.

— Ah… Et ?

— Et… Je n’ai pas encore pu expérimenter ça… Les réflexes, oui, j’en ai déjà eu, c’est très gênant, surtout quand ça arrive lors d’un soin… Et que ça dure longtemps. Et comme je ne m’en rends pas compte, c’est souvent à la tête du kiné que je réalise ce qu’il se passe et que je m’excuse. Il a beau me dire qu’il sait bien que c’est réflexe, c’est toujours gênant pour moi.

— Et les autres, les psychos quelque chose, là, tu as testé ?

— Avec qui ? Non, tu sais, je n’ai pas vraiment eu l’occasion de les tester ; l’infirmière, le kiné… Ou ma mère… Pas vraiment de quoi avoir des pensées érotiques.

— Et avec moi ?

— Avec toi…

Il fit une petite pause puis lui dit,

— J’ai pu constater après ton départ, la dernière fois, que je gonflais un petit peu.

— Ah eh bien, ça, J’en suis contente. Tu vois… Tout n’est pas perdu, et puis, il n’y a pas que ça non plus.

— C’est-à-dire ?

— Il n’y a pas que la pénétration Greg. Sinon, pour toi, tu ne ressens plus rien sous la ceinture, quelle que soit la caresse, si je comprends bien. Mais est-ce que tu ressens du plaisir ou une forme de plaisir lorsque tu éjacules ?

— En fait, je n’éjacule pas toujours, et plus comme avant… C’est un effet aussi. Côté plaisir, je ne sais pas trop, je ressens quelque chose dans mon corps, mais comme souvent cela arrive dans des situations gênantes, je ne me suis jamais attardé là-dessus je dois dire.

Elle lui caressa la joue, il la regarda dans les yeux, il avait les yeux brillants, il voulait se noyer dans les yeux bleus de Françoise, il l’embrassa en l’attirant sur lui et la caressa.

Elle s’installa sur ses genoux, ôta ses propres vêtements et resta en sous-vêtements, puis elle s’occupa de lui, il l’aida pour le haut, puis il fit une pause,

— Tu es sûre que tu veux voir le bas ?

— Je veux te voir en entier Grégory !

— J’ai des cicatrices tu sais…

— Tais-toi et aide-moi…

Elle lui embrassa le cou et le haut du torse, il prit appui sur ses bras et hissa son corps vers le haut pour qu’elle puisse enlever les vêtements du bas.

Il eut du mal à tenir aussi longtemps qu’il aurait fallu, ils s’y reprirent à deux fois pour y arriver.

— Pff… Je crois que je vais devoir me muscler les bras et le torse moi !

— C’est vrai que tu as perdu du muscle au niveau du torse… Tu vas devoir te remuscler et te remplumer aussi, tu as perdu combien de kilo depuis l’accident ?

— Une bonne dizaine je crois.

Amoureusement, elle lui glissa,

— On en a des choses à faire avec ton corps…

Elle sourit et entreprit de lui caresser le torse puis s’arrêta, songeuse. Un peu anxieux, Grégory s’enquit,

— Quoi ? Ça ne va pas ? Tu ne veux plus ?

Elle le regarda en haussant les sourcils,

— Non, je veux encore… Mais je te proposerais bien de te conduire vers ton lit, nous serons moins coincés qu’ici, j’ai envie de te masser mais ici, ça ne fonctionnera pas.

— Oh, oui, on pourrait passer sur le lit…

Il repassa dans son fauteuil en souriait… Elle le suivit.

— Si tu veux de l’huile pour le massage, il y en a dans la salle de bain, c’est de l’huile d’amande douce.

— Ok, je vais chercher ça… Et je rapporte les rafraîchissements à proximité.

Grégory grimpa sur son lit, installant ses jambes correctement, Françoise le vit faire, sentit un frisson dans tout son corps et un sanglot lui monter dans la gorge. Elle le regarda en le caressant du regard, elle n’avait qu’une envie, le prendre dans ses bras. Mal à l’aise, Grégory lui demanda,

— Est-ce que ça va Françoise, tu es choquée, c’est ça ? Voir ces jambes mortes, j’imagine que cela te refroidit, non ?

— Non, pas choquée Grégory… Et pas refroidie non plus, c’est une bouffée d’amour qui m’a envahie en te voyant.

Elle se rapprocha de lui et se coucha contre lui, posant une main sur son torse, à hauteur de son cœur.

— J’espère que je serai à la hauteur pour toi, Greg.

— A la hauteur !? Mais c’est moi qui suis diminué Fran…

Grégory lui avait répondu avec une voix un peu cassée, perdu face à ce qu’il venait d’entendre de la part de celle qu’il aimait toujours. Françoise le regarda et Grégory découvrit que des larmes coulaient sur ses joues. Il frotta ses joues avec ses pouces tout en tenant la tête de Françoise entre ses mains, il la contempla avec un peu de frayeur dans les yeux, il avait peur, peur qu’elle s’en aille, là maintenant.

Elle se reprit, lui prit ses mains et les posa sur son corps à elle alors qu’elle enlevait les sous-vêtements qu’elle portait encore. Elle l’embrassa puis lui glissa à l’oreille,

— Il n’y a que toi que je veux, Greg.

Dans un soupir, il lui répondit,

— Je n’osais pas t’attendre Fran, je n’osais pas espérer que toi tu puisses m’attendre.

— Ne me quitte plus Greg, laisse-nous le temps de construire quelque chose.

— D’accord Fran, d’accord.

Elle lui embrassa tout le haut du corps puis il lui proposa de se mettre sur le dos, pour qu’il puisse essayer de s’installer sur elle. Elle le fit et lui, de son côté, mobilisa le bas de son corps puis se hissa sur elle à la force de ses bras. Une fois au bon niveau, elle passa ses jambes autour de sa taille, il s’écroula sur elle en disant,

— Je vais vraiment devoir me remuscler !

Elle rigola et lui caressa le dos.

En prenant appui sur ses avant-bras, il la dévora de baisers. Françoise se laissa faire et lui caressa les cheveux. A un moment, elle le sentit descendre, toujours à la force de ses bras. un petit sourire orna ses lèvres, elle s’enquit, en soupirant d’aise,

— Tu veux descendre d’un niveau ?

— Oui, je veux te faire une des petites gâteries qu’on avait déjà testées et que, dans mon souvenir, tu avais bien apprécié.

— Oh, oui, un petit cunni !

— Petit … ou pas !

Il plongea sa tête entre ses jambes et la conduisit au septième ciel. Françoise l’accueilli de nouveau dans ses bras lorsqu’il remonta à sa hauteur.

— Greg, c’était divin !

— Vraiment ?

— Oui…

— Je sens que je vais me spécialiser dans ce genre de chose …

— Je ne peux que te soutenir dans ce sens-là ! Mais maintenant, à mon tour de trouver ce qui chez toi, pourrait te donner du plaisir.

Elle l’aida à se recoucher sur le dos et le caressa en suivant ses réactions, ses frissons, ses soupirs. Il eut un début d’érection, mais rien de plus et à ses dires, il ne ressentait effectivement strictement plus rien au niveau génital, mais il ressentait le bien-être que lui procuraient ses caresses et le fait d’être touché sensuellement par elle et dans un but de plaisir, non de soin.

Elle finit par lui masser le dos et les cicatrices qu’il avait dans le bas de celui-ci, puis elle lui massa le torse. Ils restèrent enlacés, Françoise continua à lui effleurer le torse du bout des doigts.

— Je pense que je vais acheter des huiles essentielles pour agrémenter cette huile d’amande douce ; de l’ylang-ylang par exemple.

— Je suis preneur Fran. Dis, tu n’as pas faim ?

— Oui, je creuse un peu, toi aussi ?

Elle regarda le radio réveil, il était déjà 19h30.

— Oh, l’heure tourne, tu avais prévu quelque chose pour manger ?

— Non, je dois avoir des trucs dans le surgélateur… En fait, je me rends compte que je ne sais même pas ce qu’il y a dans mon surgélateur !

— Ça te dirait qu’on aille faire des courses à deux durant la semaine ?

— Si tu as le temps de t’occuper d’un pauvre infirme, ce dernier est preneur !

— Mmh tu n’es pas infirme pour tout…

Elle gloussa puis se leva pour découvrir le contenu du frigo et du surgélateur de Grégory. Elle trouva un stock de pizzas surgelées, en choisit deux et les plaça au four.

Grégory passa dans la salle de bain puis prépara la table et finit par prendre une petite bouteille de vin blanc fraîche, pour accompagner le repas.

Le couple mangea ensemble et continua à discuter de l’avenir de leur relation, Françoise accepta l’invitation de Grégory de rester pour la nuit. Ils s’endormirent dans les bras l’un de l’autre.

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