Déception

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Françoise arriva chez Valentine assez rapidement ; dès qu’elle avait appris la nouvelle, elle s’était mise en route vers l’appartement de son amie.

La porte s’ouvrit et Françoise tomba nez à nez avec une Valentine qui se laissait complètement aller, vêtue d’un training rose qui avait vieilli, pas coiffée et un air triste. Françoise constata qu’elle avait pleuré récemment, cela se voyait à ses yeux rougis.

— Eh bien ma belle, tu vas me raconter ça, t’as finalement fini par en avoir marre de ce gars.

— Eh oui Fran, finalement oui…

Valentine précéda Françoise et s’installa lourdement dans le divan.

— Oui, j’en ai eu marre, finalement… Il a fallu que je tombe sur lui avec sa pétasse de coloc, en pleine partie de jambes en l’air pour en arriver à ça.

— Ah oui ! Charmant, en effet.

— Je lui ai laissé les biscuits que j’avais achetés pour l’occasion… J’aurais dû les manger moi-même, je regrette de les lui avoir laissés.

Françoise esquissa un sourire auquel Valentine répondit.

— Et quoi, il a repris contact avec toi ? Cela s’est passé il y a trois jours maintenant, il ne s’est pas excusé ?

— Oh, il m’a envoyé un texto… Tiens, lis-le ;

Elle lui tendit son téléphone portable où Françoise put lire le message suivant :

Valentine, ce n’est pas ce que tu crois, je t’aime, fait-moi signe.

Interloquée, Françoise articula,

— Euh et il veut que toi tu lui fasses un signe !?

Ironiquement, elle lui répondit,

— Mais oui, enfin, ce n’est quand même pas ce que je crois … et il m’aime, qu’il dit !

— Et, tu lui as fait signe ?

Valentine la regarda en haussant les sourcils,

— Je sais que j’ai été conne d’accepter tout ce qu’il m’a fait subir, mais là, ça va, j’ai ma dose, il est clair que je ne lui ai fait aucun signe !

— Mais quel abruti ce mec … et toi, comment tu vas depuis ?

— Pff je me sens conne, comme je me sens conne Fran, tu peux ne pas savoir !

Françoise la laissa parler, elle sentait bien que son amie avait besoin de vider son sac

— Tu m’avais prévenue, Sébastien m’avait prévenue, tout le monde m’a prévenue… Mais je ne voulais pas voir, je le sais.

Valentine soupira et se tut. Françoise tenta de la soutenir,

— Eh Val, tu étais amoureuse, tu voulais que cela fonctionne… Hélas, cette envie ne venait que de ton coté.

— Oui, je le désirais, moi… Je me persuadais que cela serait possible, qu’il allait changer, que c’était à cause de sa relation avec sa mère et qu’une fois sorti du cocon familial il allait prendre son envol dans la vie… Avec moi.

— Oui, tu y croyais.

— Hélas, oui… Et tu sais, en plus, je m’entends super bien avec sa mère, ça me rend triste de ne plus la voir.

— Ah oui ?

— Oui, je t’assure, c’est une chouette personne en fait, je ne comprends pas comment elle a réussi à avoir un fils pareil ?

— Oui c’est à se demander, surtout si, comme tu le dis, c’est quelqu’un de chouette…

— En fait, elle m’a un jour expliqué qu’elle avait été séparée de lui à cause de son ex-époux, le père d’Axel.

Françoise l’interrompit,

— Quoi, le gars que tu as rencontré n’est pas son père ?

— Non, Axel a été en partie élevé par François, à l’adolescence, mais il a toujours eu beaucoup de distance avec lui. Et son vrai père faisait du chantage avec sa mère ; il lui a laissé leur fille Vanessa, lui, il a embarqué Axel qu’il a « élevé » de son coté, dans un petit appart où Axel a vu défiler toutes les « copines » de son père, aucune ne restait plus de six mois apparemment.

— Et quoi, il est revenu comment chez sa mère alors ?

— Eh bien, c’est elle qui n’a jamais arrêté de faire toutes les recherches possibles et imaginables pour récupérer son fils. Elle a eu finalement gain de cause quand Axel a eu douze ans et que son père avait, une fois de plus mis en danger son fils. Si mes souvenirs sont bons, il l’avait laissé se débrouiller près d’une semaine tout seul en partant en vacances avec sa nouvelle conquête.

Françoise eut une moue désapprobatrice,

— Hum un père parfait quoi, un bel exemple…

— Oui, c’est ce que sa mère a constaté une fois son fils de retour à la maison ; il était irrespectueux, comme son père devait l’être avec les femmes. Sa grande sœur, qui avait alors dix-huit ans, est partie vivre en kot puis s’est mise en couple et ne revenait que rarement rendre visite à sa mère quand elle savait qu’Axel était là. C’est pour cela que je ne l’ai jamais rencontrée, et ça, je le sais de Sébastien, qui a encore des contacts avec elle.

— Donc c’est un goujat comme son père biologique quoi !

— En gros, ça ressemble à ça.

Sur ses gardes Françoise réagit,

— Et quoi, tu lui cherches des excuses pour son comportement, Val ?

— Mais non ! Je te parlais de ce qu’a vécu sa mère, que je suis triste de ne plus croiser, Fran !

— Ah, je préfère ça…

Elles se regardèrent et éclatèrent de rire.

— Rhoo, que ça fait du bien de rire, Fran !

— J’imagine et heureusement que tu arrives encore à rire Val ! Je dois dire que j’ai eu un peu peur à ce sujet.

— Quoi ? Que je n’arrive plus à rire ?

— Oui, j’ai eu peur de devoir te ramasser à la petite cuillère, je t’assure, tu me semblais tellement accrochée à ton rêve.

Valentine soupira,

— Oui, je sais, je voulais y croire, c’est vrai, mais ce qui est vrai aussi c’est que depuis le début, je ne me suis pas sentie totalement à l’aise avec lui, en fait.

— C'est-à-dire ?

— Ben, déjà avec l’esclandre le lendemain qu’on ait couché ensemble pour la première fois.

— Oui, je me souviens, tu avais déjà tiqué.

— Exact, nous avons eu ensuite des rencontres dans différents endroits, mais dès qu’il a déménagé vers son appart en colocation, ses attentions n’étaient plus les mêmes.

— Quoi, tu l’as senti dès ce moment-là ? C’était il y a deux mois…

— Oui, ça ne fait que quatre mois que nous étions ensemble et déjà après deux mois ses attentions s’essoufflaient, maintenant je comprends mieux, il avait besoin d’énergie pour l’autre…

— Un gros inconstant ce mec, pff.

— Je pourrais le cataloguer de papillon, mais ce ne serait pas sympa pour l’insecte, je trouve.

— De fait, il passe de fleur en fleur sans jamais se retourner.

— Un papillon qui ne fait qu’utiliser les filles qu’il drague… C’est vraiment cela qui me ronge le plus, le fait d’avoir été utilisée, qu’il ait abusé de mes sentiments pour se servir de moi.

Françoise la laissa parler, Valentine la regarda avec du dépit plein les yeux.

— En fait, je compte garder les bons souvenirs, ce qu’on a fait ensemble, les ballades qu’on a faites… Tu sais, je crois que sur le moment, il était sincère, mais qu’il est incapable de se lier durablement à quelqu’un.

Voyant que Françoise fronçait quelque peu les sourcils, Valentine répliqua,

— Je ne l’excuse pas Fran, je m’explique lucidement les choses… Et puis, via lui, j’ai rencontré des personnes intéressantes, comme sa mère et son cousin, Sébastien. Tu sais, quand je parle avec Sébastien, par exemple, tout se passe bien, tu sens bien que c’est quelqu’un qui réfléchit et qui est tourné vers l’autre. Axel n’a pas hérité des bons gènes je crois …

Elle soupira longuement, donnant l’impression de se dégonfler, comme un ballon… Françoise la prit dans ses bras puis lui demanda,

— Et t’as envie de quoi, maintenant Val ?

— De hurler contre Axel et de l’insulter … Même s’il ne comprendrait probablement pas pourquoi. Une envie de boxer dans un punchingball à son effigie.

Elles continuèrent à discuter de la sorte jusque tard dans la soirée.

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