Première alerte

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Valentine se réveilla, elle était couchée sur le dos, les bras jetés au-dessus de sa tête, elle avait donc réussi à dormir… Axel, réveillé et allongé à côté d’elle, la dévorait des yeux.

— Bonjour toi, t’as bien dormi ?

— Oui, j’ai dormi, même bien dormi, et toi ?

— Moi aussi …

Il se tut, continuant à la regarder, les yeux brillants, semblant garder une parole en suspens.

— Quoi ? Qu’est-ce qu’il se passe Axel ? Je… Tu veux dire quelque chose ? Il y a quelque chose qui ne va pas ?

Elle s’était redressée, prenant appui sur ses coudes, un peu soucieuse de le voir se retenir de parler.

— Non, non, je… Tout va bien Valentine… Justement !

Il sourit et caressa la joue de Valentine avec le dos de ses doigts.

— J’ai juste un peu de mal à y croire… Au fait que tu sois là, avec moi, dans mon lit…

Il eut un soupir de contentement.

— Et oui, je suis bien là, tu sais, j’en suis aussi un peu chamboulée…

— Est-ce que tu penses qu’on pourrait construire quelque chose, nous deux ?

— Je crois qu’on a déjà commencé cela cette nuit, non ? Enfin, pour moi, oui…

— Oui, justement, sur base de ce qu’il s’est passé cette nuit, tu… Tu serais partante pour continuer quelque chose avec moi ?

— Axel, tu entends quoi par « quelque chose » ? Un plan cul ? Une relation de passage ? Une relation stable ? … Ça veut dire quoi « quelque chose » ? Parce que sans une définition plus précise, j’aurais du mal à te répondre.

— Aaah, oui, je sais, j’ai du mal à dire ce que je veux, je sais…

Il lui prit le visage dans ses mains et posa un baiser sur ses lèvres,

— Je veux me réveiller avec toi le matin, pouvoir t’observer quand tu te réveilles… Te donner du plaisir aussi, comme cette nuit.

— Moi aussi.

Elle l’enlaça et posa sa tête sur son épaule,

— J’ai aussi envie d’être près de toi, d’avoir et de te donner du plaisir… Un super programme.

Elle le regarda et lui sourit puis ré enfui son visage dans le cou d’Axel. Elle entendit le ventre d’Axel gargouiller, elle gloussa et dit ;

— Moi aussi j’ai faim.

— Oui, j’ai faim, viens avec moi, la cuisine est en bas… Je la partage avec mes parents et ils sont sortis, je les ai entendus.

— Attends, je me rhabille… Passe-moi le pyjama que tu m’as enlevé hier…

Ils se levèrent et revêtirent tous deux leurs pyjamas respectifs puis descendirent découvrir ce qu’ils allaient bien pouvoir manger.

— Ça te va une omelette ? Avec quelques oignons et fines herbes ?

— Oh oui, si tu as des lardons bien rissolés en plus, ce serait idéal…

— Je m’y mets, tu veux boire quelque chose entre temps ? Du chaud, du froid ? Il y a des softs dans le frigo, ou de l’eau.

— Je vais prendre de l’eau, et toi, je te sers quoi monsieur le cuisinier ?

— Eh bien moi je vais prendre un verre de lait froid.

— Je te prépare ça.

Valentine découvrit où se trouvaient les verres et tout ce qu’il fallait pour déguster l’omelette dont la cuisson leur mettait, à tout deux, l’eau à la bouche.

Axel déposa le résultat de sa cuisson dans une seule assiette, autour de laquelle ils se retrouvèrent pour en déguster le contenu.

— C’est bon, un bon point pour toi, tu sais cuisiner une omelette comme je les aime.

— Mais je sais cuisiner plein de bonnes choses, Valentine …

Il la regarda en suspendant la fin de sa phrase.

— Et… Tu as envie que j’y goute ? Cela demandera de nous revoir pour autre chose que des câlins…

— Et ?

— Et… Ça me tente, je l’avoue.

— Et en plus rien ne nous empêche de mêler les deux.

Il se rapprocha et posa un baiser sur ses lèvres.

— Tu as raison, rien ne nous empêche de conjuguer ces deux choses.

Ils se rapprochèrent encore plus et leurs mains retrouvèrent les chemins de leurs corps, ils s’embrassèrent, d’abord doucement, en se redécouvrant, puis d’une façon plus passionnée.

Ils étaient transportés par la passion lorsque la porte d’entrée s’ouvrit et que les voix des parents d’Axel arrivèrent jusqu’à eux. Ils arrêtèrent de s’embrasser, mais restèrent enlacés. Axel lui glissa à l’oreille ;

— Oui, tu vois, il y a bien une chose qui pourrait nous empêcher de conjuguer câlin et nourriture, ça s’appelle « les autres habitants de la maison ».

— Ah oui, effectivement ! Euh, on fait quoi ?

Il lui proposa,

— On assume ? Mais peut être avec moins de passion dans nos échanges, enfin, devant eux quoi.

— D’accord, je te suis… Je ne connais pas tes parents, je suis tes conseils.

François apparu, suivi de Marcelle qui trottina péniblement, souffrant visiblement fort de sa cheville.

— Oh Valentine, vous êtes encore là ! Je reviens de chez le médecin, c’est bien une entorse !

En haussant les sourcils, François souligna,

— Et le médecin lui a ordonné de prendre du repos !

Valentine renchérit,

— En effet, le repos est primordial en cas d’entorse.

Marcelle se renseigna,

— Vous avez bien dormi ? On ne vous a pas entendu rentrer cette nuit.

— Oui, j’ai bien dormi, nous avons fait attention à ne pas faire de bruit en rentrant, Axel m’a indiqué les marches qui craquent dans l’escalier.

François interpella Axel,

— Dis, Axel, nous avons croisé Sébastien, il nous a demandé de te rappeler que vous avez rendez-vous cette après-midi pour votre jogging.

Avec un sourire qu’elle avait du mal à tenir, à cause de la douleur que lui donnait l’entorse de sa cheville, Marcelle ajouta,

— Et je lui ai dit que tu serais peut-être occupé à d’autres choses avec Valentine,

Avec un air rembruni, Axel rétorqua à sa mère,

— Merci maman, tout Mons sera donc au courant que Valentine a dormi chez moi d’ici à midi …

En tentant de détendre l’atmosphère qu’elle trouva tout d’un coup plus tendue, Valentine lança,

— Euh, je me trompe ou il s’agit de ce qu’on appelle « l’esprit de village » ?

Sur le même ton rembruni et tout en accusant sa mère du regard, il ajouta,

— Oui, c’est ça, c’est très sympa dans les plus petites villes, on se connait mieux, c’est moins impersonnel, mais pas moyen d’avoir une vie totalement privée, surtout avec une mère comme la mienne qui ne sait pas quand elle doit tenir sa langue.

Un peu heurtée Marcelle répondit,

— Ah mais, désolé Axel, je ne savais pas que Valentine faisait partie de ta vie privée !

Axel souffla en regardant le plafond …

Valentine éclata de rire et lâcha,

— Là, tu t’enfonces Axel !

Il secoua la tête et regarda encore sa mère, sans mot dire…

Valentine tiqua par rapport à ses réactions puis avança,

— Il n’est pas encore onze heure du matin, tu seras sans problème à ta séance de jogging Axel, j’imagine que les problèmes de train sont résolus.

— Mais nous allons d’abord manger ensemble ce midi, Valentine, sur la Grand-Place de Mons, comme ça tout le monde te verra !

Outrée par ce qu’il proposa et du ton moqueur sur lequel il l’énonça, elle rétorqua

— Euh, je n’ai peut-être pas envie d’être exhibée comme un trophée de chasse non plus Axel !

Il tenta de se rattraper,

— Non, excuse-moi, ce n’est pas ça, viens, nous allons en parler ailleurs que devant ma mère qui ne rêve que de me marier avec la première personne qui passe.

— D’accord pour en discuter parce que là, j’ai besoin d’une explication Axel !

Ils remontèrent, Axel la précéda, visiblement énervé, elle aussi.

Une fois arrivée à l’étage, elle lui rétorqua,

— Bon, Axel, je ne suis pas une potiche à exhiber et au vu de cette nuit, je ne pensais pas être « la première personne qui passe », je… Je suis heurtée par ce que tu as dit là en bas, je suis déçue, je ne sais plus quoi penser, je vais prendre mes affaires et partir, je crois que ce sera mieux, pour toi comme pour moi.

Elle le planta là et passa dans la petite chambre d’ami pour rassembler ses affaires et se changer pour partir. Axel la suivit,

— Arrête Valentine, je vais t’expliquer.

— M’expliquer quoi Axel ? Ça me parait clair, pour toi je suis une passade, un accessoire à exposer pour les copains. Cela ne correspond pas du tout à la vision que j’ai d’une relation comme celle dont il me semblait que nous parlions cette nuit et ce matin.

— Arrête et écoute-moi, Valentine !

Enervée, elle continua à l’incriminer,

— Je ne sais pas quelles sont tes relations avec tes parents, mais je n’aime pas qu’on se serve de moi pour gérer des conflits dont je n’ai aucune notion.

Un peu penaud face à la réaction de Valentine, il articula,

— Je suis d’accord et je m’en excuse, Valentine !

— Alors explique-moi pourquoi je ne te reconnais pas… Je sais qu’on ne se connait pas énormément, mais si c’est ton naturel qui revient au galop, je ne suis pas sûre d’apprécier ce que je viens de découvrir.

— Excuse-moi, je suis désolé que tu aies dû assister à ce genre d’échange avec ma mère, mais elle est parfois insupportable, elle se mêle non-stop de ma vie, surtout de ma vie privée dès qu’elle le peut. Elle m’envahit tout le temps et me marie avec toutes les filles qui me regardent ou toutes celles qu’elle croise.

Valentine ne dit rien, elle attendit qu’il s’explique.

— Mon cousin Sébastien est le seul avec qui je peux parler de ma vie sans qu’il n’aille tout raconter à tout Mons, ma mère par contre, est la concierge de Mons… Elle sait que je parle de mes coups de cœur avec Sébastien, tu fais partie de nos discussions ; je lui ai parlé de toi, c’est grâce à lui que j’ai sauté sur l’occasion pour que tu viennes dormir à la maison, Seb me soutient là-dedans. Je suis désolé d’avoir parlé de toi comme d’une chose qu’on exhibe, c’est ce que ma mère m’inspire ; le besoin de montrer que je suis en couple pour qu’elle me foute la paix.

Axel se tut et attendit une réaction de la part de Valentine qui finit par lui répondre.

— Je pense que tu as des choses à régler avec toi-même et avec ta mère avant d’envisager une relation avec quelqu’un d’autre.

— Mais… Ce serait l’occasion…

Elle ferma les yeux en soupirant avant de lui dire,

— Non, je ne veux pas te servir de cinquième roue de carrosse.

— Mais non, ce n’est pas ça !

— Oui, c’est ça Axel ! Tu te servirais de moi pour clouer le bec de ta mère, c’est tout ! Il n’y a pas de relation sentimentale là-dedans.

— Mais tout ce qu’il s’est passé hier soir au resto, cette nuit, nous étions bien dans une relation sentimentale, non ?

Sur un ton teinté de tristesse, elle lui répondit,

— Oui, nous y étions bien, c’est bien là le problème, il y a quelque chose entre nous, j’en suis sure, mais je ne veux pas rentrer dans ce jeu conflictuel avec ta mère, je refuse que tu m’utilises.

Dépité, il lui demanda,

— Mais qu’est-ce qu’on peut faire alors ?

— Apprends à grandir, prends un appart à toi, deviens autonome, même si je sais bien que le métier de prof ne paie pas des masses, débrouille toi pour ne plus laisser autant de place à tes parents ; en restant chez eux, tu entretiens aussi la situation je te signale.

— Et si nous vivions ensemble, toi et moi ?

— Non, parce que là, tu ne ferais que remplacer ta mère par moi… Ce que je ne veux pas.

— Mais non, ce serais différent…

— Non, tu dois d’abord apprendre à vivre seul, à faire tes lessives toi-même, ce genre de choses-là, tu vois ?

Buté, il rétorqua,

— Non je ne vois pas, j’ai du mal, je ne vois pas ce que le fait de vivre seul pourrait changer à ce que je ressens pour toi ?

— Ça ne changerait peut-être pas ce que tu ressens pour moi, mais cela changerait la façon dont tu envisagerais une relation avec moi, basé sur une bonne entente plutôt que sur l’envie de calmer ta mère.

Axel regarda le sol et soupira,

— Et quoi alors, que devenons-nous, nous deux ? Je n’ai pas envie de te perdre à cause de ce qu’il vient de se passer, et toi ?

— Je suis toujours attirée par toi, j’ai toujours envie de faire l’amour avec toi, mais pas dans une ambiance pareille… Cette ambiance me glace et me coupe tous mes effets.

— Nous pourrions nous voir « en dehors » alors ?

— Pourquoi pas, mais je dois dire que cette situation m’a vachement refroidie, j’ai besoin de digérer cet aspect que j’ai vu de toi aujourd’hui Axel.

— J’ai du mal, mais je comprends. Je sais que je dois changer des choses dans ma vie et que, visiblement, je vais devoir bouger si je veux construire quelque chose avec toi.

Elle l’arrêta dans la réflexion qu’il développait,

— Ne m’utilise pas comme excuse, fait le pour toi, ce changement, pas « pour construire quelque chose avec moi ».

— Ok, oui, j’ai compris, mais j’ai du mal à penser comme cela.

— Parce que tu as peut-être été élevé comme cela, je comprends bien, c’est là le souci, c’est là ce que tu dois travailler en toi-même.

En boutade, il lui lança,

— Je suis sûr que tu t’entendrais bien avec mon cousin Seb, il pense de la même façon que toi !

— Eh bien, suit ses conseils Axel !

Elle soupira et le regarda avec un air triste, Axel l’interrogea du regard.

— Je suis dépitée, Axel, cette nuit, j’avais l’impression de réaliser mes rêves avec toi et puis, ce rêve a éclaté avec des aspects très heurtant dans la façon dont tu m’as considérée devant tes parents. Comment voudrais-tu que je sois à l’aise avec ces derniers si tu m’utilises comme un trophée ou un bouche trou face à eux, comment peuvent-ils me respecter si toi-même tu ne le fais pas ?

— Mais je te respecte, même si je m’en rends bien compte, j’ai fait une belle erreur là tantôt avec mes parents, je m’en excuse encore, Valentine.

— Je sais, je l’entends et je garde espoir pour nous deux Axel.

Elle s’approcha de lui et le pris dans ses bras puis l’embrassa, il lui rendit son baiser et l’enlaça tendrement.

Ils restèrent un moment dans les bras l’un de l’autre, puis Valentine reprit ;

— Tu me raccompagnes jusqu’à la gare, Axel ?

— Oui, je te raccompagne, Valentine.

Ils descendirent tous les deux et s’éclipsèrent rapidement après avoir dit au revoir aux parents d’Axel.

Une fois en rue, Axel prit Valentine par la main, elle lui sourit et croisa ses doigts avec les siens.

Ils arrivèrent à la gare, bien à l’avance, et mirent à profit les 40 minutes d’attente avant l’arrivée du train. Alors qu’ils discutaient en se tenant les mains, un homme déboula dans le hall d’attente de la gare en interpellant Axel.

— Eh, Axel, qu’est-ce qu’il se passe, ta mère m’a appelé en disant qu’elle avait encore foiré et que tu étais à la gare.

L’homme s’arrêta en apercevant Valentine dont il n’avait capté la présence qu’en arrivant à la hauteur d’Axel. D’une voix contrôlée, il reprit,

— Mais je vois que tu es en bonne compagnie.

Fier comme un paon, Axel déclara,

— Oui, je te présente Valentine, Valentine, je te présente Sébastien, mon cousin.

Valentine lui tendit la main et apprécia sa poigne ferme.

— Ah, le Sébastien avec qui tu iras faire un jogging cet après-midi, bonjour.

Tout en lui serrant la main, Sébastien la détailla, fronça légèrement les sourcils puis, tentant de réorienter son attention vers Axel, il répondit,

— Euh, oui, bonjour. Excusez-moi, Valentine, mais, qu’est-ce qu’il se passe avec ta mère, Axel ?

— La meilleure concierge de la ville m’a encore mis hors de moi, ce qui n’a pas été la meilleure des choses à montrer à Valentine, ma collègue et amie.

Sébastien tourna à nouveau son regard vers Valentine, la détaillant encore un peu plus.

— Ah, Vous êtes sa collègue alors…

Amusée par l’air quelque peu interloqué du cousin de son amant, elle précisa, avec un petit sourire en coin,

— Oui, je suis la collègue dont Axel vous a parlé et oui, hélas, ce que j’ai vu et surtout entendu ce matin ne m’a effectivement pas séduit. Mais je suis sure qu’Axel vous le racontera.

Valentine haussa ses sourcils et soupira doucement en terminant sa phrase.

Sébastien les regarda tous les deux, un rien soucieux, puis répondit simplement

— Ok.

Le haut-parleur annonça l’arrivée du train pour Bruxelles.

— Bon, il faut que j’y aille, au revoir Sébastien, au revoir Axel.

Alors qu’elle retendit la main vers Sébastien, Axel rebondit en disant,

— Je t’accompagne jusque sur le quai Valentine, Seb, attends-moi ici s’il te plait.

Il l’accompagna et ils s’embrassèrent avant la fermeture des portes du train. Axel resta sur le quai, regardant partir le train avec la femme qu’il désirait mais avec qui les choses semblaient mal tourner.

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