Un coin de paradis...

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Pendant près de dix ans, chaque automne, nous avions l’habitude de poser nos valises à Agadir (ville d’origine de ma tendre moitié). Mais quand il a fallu rapatrier notre container, nous avons hésité un peu… très peu :

Casablanca ? Autant vivre à Paris !

Fès ? Trop mondain pour nous.

Marrakech ? Etouffant en été, glacial en hiver et trop de monde au mètre carré.

Ouarzazate ? Un peu trop isolé.

Un petit bled paumé ? J’étais prête à émigrer mais il me fallait un minimum de confort quand même !

Bon finalement ça a été définitif et sans appel… Agadir nous voilà !

Pour faire court, Agadir c’est : trois cent cinquante jours d’ensoleillement par an, des plages de sable fin (pour la bronzette, le surf et les beach boys… si si ça existe ici mais ce ne sont pas des chanteurs en chemise à fleurs), des palmiers sur une promenade où l’on trouve plus de Russes, de Polonais et d’Allemands que d’Anglais, des hôtels de luxe (ou pas), un souk où tout est gratuit… jusqu’à la caisse, une architecture sans intérêt (la ville a été détruite par un tremblement de terre en 1960 et depuis les promoteurs véreux se l’arrachent), des Arabes et des Berbères qui cohabitent tant bien que mal (ne surtout pas traiter un Berbère d'Arabe et inversement), des chats et chiens errants balafrés mais non tatoués qui font la loi dès la tombée de la nuit…

Et puis il y a les environs (au-delà de la faille sismique qui délimite la ville… faut savoir prendre des risques dans la vie) qui offrent une multitude de paysages et d’activités. Bien sûr ce sont les plages qui remportent le plus de succès avec la présence six mois par an de surfeurs venus du monde entier. Nous avons également la chance d’être aux pieds de l’Atlas (pour les mythologues débutants c’est le Titan baraqué et prétentieux qui se vante de porter la voûte céleste sur ses épaules) et de ses montagnes rocailleuses émaillées de vallées et palmeraies à couper le souffle. Et enfin, la ville s’arrête où commencent les plaines du Souss (amateurs de blagues graveleuses abstenez-vous) : fruits et légumes à volonté sans avoir mal au porte-monnaie.

Voilà en gros le cadre général. La veinarde, me direz-vous, elle doit avoir une villa les pieds dans l’eau, aller au hammam chaque semaine et donner des ordres à tour de bras à son personnel de maison ! C’eût été trop facile… et beaucoup moins drôle ! Je ne suis pas venue dépenser mon magot ou ma retraite (je n’ai jamais été aisée et, Dieu merci, je ne suis pas encore assez âgée pour être pensionnée).

J’habite et travaille dans un quartier populaire. J’entends par là un secteur où le niveau de vie va de bas à moyen, où les gens parlent soit le derija (arabe dialectal), soit le berbère mais pas les deux, se déplacent à dos de mobylette en famille (les mob’ quatre places sont monnaie courante), où les gosses se caillassent pour s’amuser (parce que leurs jouets chinois n’ont pas tenu le coup), où les mariages se déroulent dans la rue comme ça tout le monde en profite (même ceux qui essaient de dormir), où on achète un kilo de figues à cinq dirhams (cinquante centimes d’euro) sur une charrette tirée par un âne, où on te demande, en regardant ton chien : « c’est quelle marque ? »

Ça n’a pas été facile au début… Une Française (un peu blonde en plus) dans un endroit pareil c’est comme mettre un mec en costard dans un squat de punks… ça jure un peu ! Je me suis vraiment posé des questions le jour où on a balancé des œufs sur la porte de la maison… mais comment j’aurais pu savoir, moi, que la précédente locataire était aussi Française (et blonde) et qu’elle recevait des hommes différents chaque nuit ? Merci ma nouvelle voisine (ah oui, le sport national ici, c’est le commérage) !

Maintenant, le container est vidé depuis longtemps et je suis ici chez moi (du moins je crois… je ne reçois plus d’œufs sur la porte). C’est une aventure quotidienne et abracadabrantesque !

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Ceux qui le souhaitent peuvent choisir le thème du prochain chapitre en commentaire. Je propose entre autres : la gastronomie, la mode, le souking, les cafards, l’alcool, la magie noire, une histoire de foulard, une autre d’homme bafoué, l’administration, l’éducation, la conduite, la drague, le ramadan… ou tout autre sujet qui vous viendrait à l’esprit.

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