Ma première nuit... chez le patron!!

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Ils me poussent et je les entends hurler contre moi. En fait ils se retournent quasiment tous contre moi sauf Roland et Taïa, mais elle ne reste juste que sans expression, tandis que lui me contemple peiné. J’entends leurs injures, les pires, les meilleures, je ne sais pas trop comment les décrire. Ils me disent clairement que tout le monde a voté contre moi et que je vais partir.

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De plus en partant j’entends un désolé de Roland et un sourire de Taïa assez narquois pour que je comprenne la situation mieux que des mots. Ils ont couché ensemble et il n’ose plus m’affronter ensemble. Je ne vois pas pourquoi, nous ne sortions pas ensemble, il ne m’a pas trompé. Je me suis tout simplement faite des idées. C’est ma faute, m’accrocher à des abrutis pareils. Voilà pourquoi je pensais que ici je ne fraterniserai pas : ils jouent tous double face, sont comme je l’avais prédit.

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Au final, ce que je pense c’est que cela vient de moi. Du fait que j’ai pu faire confiance à des personnes qui normalement sont de total inconnus.

Je m’en fiche, je vais continuer ma vie, de toute manière j’ai tout perdu il y a très longtemps, reperdre cela ne devrait plus me déranger, je devrai corriger ce défaut d’illusion facile cela dit.

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Je sors faire un tour en attendant l’heure du repas. Qu’il y a t-il à faire d’autre ici ? Je n’ai personne à qui parler, personne à qui me confier, personne sur qui pleurer. Je suis à bout. Honnêtement, j’ai envie de tout lâcher pour pouvoir flancher et m’écrouler proprement sur l’herbe afin d’admirer les étoiles discrètes dans ce ciel apocalyptique reflétant la défaite que j’émets facilement de ma physionomie.

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Je commence à penser qu’ils s’habituent à se passer de moi aux repas à ce qu’il paraît, obligatoires. Ça me manquerait presque de pouvoir être comme eux… Juste histoire de ne pas me faire vouloir ou refuser pour des propos incohérents, quand j’étais presque normale aux yeux de tout le monde malgré les mauvais commérages.

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L’époque où l’homme qui me faisait éprouver des chavirements de cœurs irréguliers, celle où Taïa ne me détestait pas et n’était pas vicieuse, celle où j’avais moins de problèmes et où j’avais ma chambre sous certaines conditions, je ne pensais pas le dire un jour mais : ça me manque.

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Mes yeux deviennent lourds et palpitent parce que je tente de les garder ouverts. Épreuve que je ne réussis pas à grand succès. Mes yeux se floutent, c’est trouble, une vapeur m’engloutit et l’atmosphère devient brumeuse. Je persiste de toute ma force pour ne pas croupir d’épuisement mais je cède. C’est noir. C’est vide. Je ne suis pas consciente mais grâce à ça je n’ai pas de problème.

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Pour le coup, je fais un beau rêve, je mange des pommes et tout le monde est autour de moi, ils rient tous gaiement, que des gens qui ne sont pas comme dans cette totale fiction dans la vraie vie.

Ça me plaît de les découvrir différemment.

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Mais je me réveille, éblouie par la lumière du jour. Et je suis dans le restaurant où je suis sensée commencer le boulot lundi. Du coup c’est bizarre. Parce que je ne sais pas ce que je fais là et que de deux, je ne sais aussi pas comment je suis arrivée là, surtout.

Néanmoins, je me rappelle que je n’ai plus de raison d’être étonnée de quoique soit avec une vie aussi palpitante que la mienne.

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Je suis tellement désespérée que je vois mon téléphone déverrouillé avec écrit « Je vends ma vie dix euros pour toujours contre la votre » postée sur leboncoin, pas dans la bonne région en plus. Dans ma tête rien ne va, elle m’a convaincu que j’étais dans un asile ? Imaginez vous ?

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Le patron vient me réveiller avec sa voix rauque et allégée par la douceur de son intonation.

« Ça y est vous avez pris assez de repos ? Vous êtes venus me voir en me disant que vous ne saviez pas où dormir et vous avez demandé si vous pouviez avoir ce poste nourri logé. Je vous ai dit que vous pourriez rester le week-end et vous m’avez pris dans vos bras !!! Je suis resté étonné mais vous savez, chacun est comme il est…

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- Que ? J’ai vraiment dit ça ?! Alors… Bah j’avais bu, non ?

- Je pense que vous étiez sobre mais qui sait, peut-être était-ce le cas.

Ce n’est pas du tout mon genre d’être insistante à ce point surtout avec le patron…

Je trouve ça navrant. J’espère juste que je vis dans un mensonge, parce que ce n’est pas très plaisant si ceci est bien réel. J’espère aussi que c’est un cauchemar. Ma fierté prend un coup.

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Vous aviez dit que vous en aviez marre de vivre, que si je n’acceptais pas vous vous tueriez.

Arrêtez de parler, j’ai tellement honte… Ark….

- Ah oui, excusez moi, sincèrement, je n’aurai jamais du me comporter de la sorte.

- Vous m’avez aussi dit qu’une Yvette vous martyrisez et que personne ne vous aimez là où vous logiez, ainsi que votre amoureux qui vous a trahi avec une autre.

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Non mais il a tort sur toute la ligne il n’a rien fait du tout. Cela ne sert à rien de se méprendre et de cracher sur lui alors très peu pour moi, continuer de parler de cette personne.

Nous n’avions aucun lien spéciaux et n’étions pas engagés… Mais bon énervée on peut tout dire, du coup je l’ai peut-être dit.

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Il me rappelle que je commence le travail dans quelques heures. Je n’ai pas profité du week-end, ce qui est dommage, mais dans un autre sens, je n’ai pas eu à affronter les soucis. Je n’ai pas encore récupéré mes affaires mais je connais la décision finale.

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Tu n’as vraiment aucun souvenir de ce qu’il s’est passé ? Se renseigne t-il sociablement. Il se gratte la tête.

- Oui, je ne comprends pas trop ce qu’il se passe, cependant ça n’a pas d’importance.

- Ok, je te laisse te préparer, les vestiaires sont à ta droite, dans le couloir où il y a les banquettes.

- Pas de problème, je vais pour me préparer à l’avance alors, merci bien encore ! »

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Il m’observe partir et je m’expédie aux vestiaires. La couleur des murs est gaie, elle est orange et laisse refléter une ambiance aromatique et apaisante. J’ai presque envie de manger ici en tant que cliente. La tenue du restaurant est correcte, voire irréprochable. L’endroit semble propre et bien entretenu, les toilettes sentent bon (chose rare) et les vestiaires ne sentent pas la puanteur de la sueur.

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J’ai fini de m’habiller, l’ensemble n’est pas top. C’est assez banal, un pantalon noir qui ne moule qu’à peine les cuisses et part en droiture le long des mollets. Le haut est aussi sobre que le bas, noir et quelques froufrous blancs avec des boutons cousus dessus pour lui donner un aspect esthétique donne un brin d’audace. Un petit fil s’accrochant tel un ruban s’avère devoir s’accrocher autour du cou.

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Pas très coquet mais c’est pour le boulot, qui dit boulot dit argent. Qui dit argent dit loyer, qui dit loyer dit dépenses. Tout se suit. Moi je veux suivre cette étape et arrêter de m’ennuyer en chambre 412, tel un hôtel sans activité avec des gens que l’on est obligé de supporter un repas par soir.

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Mes collègues sont arrivés. Quelques un de la trentaine, d’autres de mon âge.

J’ai hâte de travailler avec, je suis sûre que ça va bien se passer. C’est parti ! Le magasin ouvre.

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