Le suppôt de Satan : c'est mon service

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Je suis tellement bien dans ce restaurant. Ça va faire une semaine que j’y travaille dur comme fer, je vous le dis les clients sont peut-être lassants, mes collègues, absolument pas. Évidemment j’ai eu le temps de leur parler quand les circonstances me le permettaient et deux filles en couple m’ont proposé de me louer leur chambre et me laisser payer à la fin du mois !

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Le patron a l’air content et pour mon cas tout va bien, ou du moins mieux. J’ai reçu beaucoup d’appels inconnus, pas d’Yvette puisque je l’ai déjà enregistré pour savoir quand ce démon voudrait communiquer avec moi.

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Elle s’en fiche complètement de mon départ, je serai morte qu’elle ne le saurait même pas. Plus personne ne m’a recontacté pas même Roland qui a sa nouvelle vie amoureuse avec sa princesse répugnante.

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Les deux filles qui m’hébergent se prénomment Lorie et Judith. Bon une a trente deux ans l’autre vingt trois. Elles s’entendent réellement bien, je suis presque jalouse d’une telle complicité. Après elles sont lesbiennes, donc elles sont en couple et s’aiment, ce qui expliquent un tel lien.

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Elles m’acceptent totalement et on rigole souvent ensemble désormais. Elles veulent absolument m’accompagner chercher mes affaires à la forteresse mais je refuse catégoriquement. L’adresse est le 6 rue du pouvoir. On la trouve facilement sur google map.

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Je n’ose plus y retourner… Ils me font flipper là-bas. Je ne veux plus les approcher. Ils se passent trop de trucs bizarres.

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Les journées passent vite, c’est pourquoi, celle la aussi est déjà terminée. Il est tard le soir, mais Lorie et Judith ont fini leur journée quelques temps avant moi déjà. On a des horaires pas souvent simultanées, forcément c’est normal. Elles ne m’ont bien sûr pas attendu, encore une chose de normale.

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Je sors mon téléphone, dehors il fait nuit, les lampadaires plus ombreux que lumineux ne servent que de bricoles absentes de leur mécanisme principal. La lune paraît abattue, épuisée de nous avoir éclairé un chemin trop long pour qu’elle ne puisse aider tout le monde à percevoir comme jour.

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L’obscurité m’intimide, j’ai souvent l’angoisse d’être suivie par un homme titubant sous l’effet de l’alcool à la voix éraillée par le peu de conscience qu’ils possèdent à cause d’une liqueur trop forte pour leur organisme qui les pousse à sortir de leurs gonds.

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Je me dépêche car chaque bruit écrasé devient plus ample et tonitruant pour mes oreilles.

Criik criiik criiiik…

J’ai du mal à respirer je me retourne comme si c’est moi qui allais agir mais il n’y a rien du tout sauf un chat de gouttière qui s’avance vers moi en attente de caresses. Ma réponse, je n’aime pas trop les chats mais il est tellement mignon que je craque. Je le prends avec moi.

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Grâce à ce petit être, tout le long du chemin je me sens plus en sécurité et je n’entends plus rien sauf ses miaulements incessants. Il semblerait que ce soit encore un chaton !

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Quand j’arrive à ma nouvelle maison, les filles sont épouvantées et me demande qui est cet animal. Je décide de mentir un peu en disant que c’est le mien. Mais je ne mentirai bientôt plus. Il n’a pas l’air d’avoir de propriétaire. Alors il faut qu’il en est un pour bien vivre sa vie. Il n’a pas l’air bien non plus, des bagarres ont du se dérouler au preux de sa petite vie.

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Elles l’admettent mais uniquement dans ma chambre si c’est moi qui m’en occupent. Je ne sais pas pourquoi elles sont effrayées mais à chacun sa phobie, les miennes ne sont pas préférables non plus.

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Je l’appelle Shoki. Ça lui va bien parce qu’il a l’air « chouqui ».

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Je vais pour mon sommeil, Shoki me suit. Cette petite boule de poile est noire et blanche. Une vraie pile active ! Cependant il a l’air crevé et vient me rejoindre dans assoupissement.

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Au réveil je lui ai donné des bouts de jambon blanc, je n’ai pas de croquettes et je vais devoir m’organiser pour lui payer la nourriture. Une raison de plus de se battre pour continuer sur la lancée sur laquelle je suis. Je me rends au boulot actuellement, je pense toujours à cette forteresse.

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Trop de questions inutiles et qui ont l’air primordiales à mes yeux. C’est insupportable de ne pas avoir de réponses à ces questions. Je ne peux pas arrêter d’y penser même si je veux les éviter.

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J’enfile ma tenue, je discute un peu avec Marie et Antoine puis on commence à accueillir les clients. Je vais à une table de trois personnes, tous trois chapeaux en cuir marron bruni par leur ancienneté. Des lunettes noires où je peux facilement voir l’éclat de mon image dessus. Je leur souris et leur demande ce qu’ils désirent, ils prennent à peu près la même chose, le même menu mais pas la même boisson. Je me surmène et me dirige vers ceux qui n’ont pas eu la veine de pouvoir passer leur commande.

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Un homme est assi, je le vois de dos, il a un café sur la table, j’imagine qu’il n’a besoin de rien étant donné qu’il est encore rempli.

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Je passe devant étant donné qu’une femme lève avec insistance sa main en ma direction, je gagne de vitesse pour parvenir à elle mais j’effleure de trop près le client.

Ou dirai-je on s’entrechoque carrément.

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Je commence à m’alarmer puis me retourne vers l’homme en penchant la tête galamment cachée de mon épaisse chevelure couvrant désormais ma petite mine.

« Je suis désolée, cela ne se reproduira plus cher monsieur, dans l’élan je…

Il me coupe sans gêne et je reconnais sa voix dès qu’il ouvre la bouche.

- Ce n’est pas un problème. Ça me fait plaisir de te re-voir.

Je me cambre stupéfaite de sa présence ici.

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- Yvan ? Que fais-tu là ?

- On a des choses sur lesquelles discuter toi et moi tu ne penses pas ?

- Je suis occupée, je travaille. Si vous avez une quelconque commande adressez vous aux serveurs ici présents.

- C’est ce que je fais. Enfin je te recommande. Je te recommande de vite rentrer.

- Pourquoi ?

- Tu n’as rien remarqué ici ?

- Que personne ne me crache dessus comme vous le faites ? Si pourquoi ? Tu es le pire.

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Il se dilate la rate d’une impulsion démoniaque.

- Elle est le diable. Et ce restaurant en est la preuve. Tu ne peux pas lui échapper. Tu ne peux pas m’échapper non plus. En fait tu es coincée. Nous n’avons jamais ressenti une telle attention envers un humain. Ton âme a l’air si délicieuse. Il apprécierait tellement la dévorer. Tu es si pure… Tu n’as pas été choisi pour rien. Tu es si pure. Tu ne t’en rends pas compte. Ne t’inquiète pas je ne compte pas te faire de mal.

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Par réflexe je vide d’un coup de bras le contenu de sa tasse sur lui. Il est trempé par un café brûlant à peine entamé. Le patron accourt et me demande ce qu’il se passe. Je lui crie que je prends ma journée, il se conforme sans mot particulier et je pars.

Yvan me suit. Il a l’air encore plus fou que la dernière fois.

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Je cours avec une réserve d’huile de rotules pour trépider comme jamais. Je m’emmêle presque, mais plus je vais vite plus il me rattrape. Je ne l’aperçois plus, je m’arrête.

Désormais il est en face de moi.

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Il sourit comme Yvette ne l’a jamais fait. Comme elle ne le fait plus. Désormais, c’est lui qui joue de moi.

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