Pierre

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« Je me suis marié à une fille de Lyon, dit Pascal. On tient une cordonnerie rue de Paris, à Saint-Martin.

-Saint-Martin... murmura Aimé. Tu parles d'un nom de ville ! Il doit y en avoir trois dans un rayon de cent kilomètres, des Saint-Martin !

-Puisque tu es si malin, Aimé, tu es le suivant ! riposta Pascal.

-Très bien, dit-il. Je tiens un garage dans cette ville, en cheville avec mon cousin. On répare de tout, mais si vous avez des Citroën Traction Avant, on vous fera un prix spécial.

-Tu n'es pas là pour faire ta pub, riposta Gaston. En ce qui me concerne, je travaille dans une banque, à Paris, mais j'ai signé une clause de confidentialité et je ne peux pas en dire plus.

-C'est ça, et en vrai ? lança Aimé.

-Bon, en vrai, je travaille dans une banque, j'ai vraiment signé une clause, mais je suis balayeur. T'es content, Aimé ?

-Assez. Il y a quand même une justice dans ce bas monde. Et côté cœur ?

-Il est toujours là, riposta Gaston. Plus sérieusement, je suis fiancé à une fille.

-Son prénom ? lança Aimé, inquisiteur, et qui visait visiblement à mettre à Gaston mal-à-l'aise.

-Blanche. » murmura Gaston.

Pour le coup, l'ambiance était bien plombée.

« Et toi, Pierre ? demanda René avec une joie forcée dans la voix.

-Oh, je suis en cinquième année de médecine ! répondit-il. Mes parents essaient de me caser avec une fille de notaire, une nommée Bernadette. Et j'avoue que je n'aurais rien contre... »

Il s'arrêta là, rougissant de timidité à l'idée d'avoir admis son amour pour Bernadette, que pourtant aucun ne connaissait.

« Et toi, René ? demanda Pascal.

-Je suis fonctionnaire, répondit-il. Marié à Adèle depuis huit ans. Nous avons trois enfants que je vous présenterai si j'en ai l'occasion. Bientôt un quatrième. »

On sonna.

« Aurélien et Lucien, prédit René. Tant mieux, on va pouvoir continuer de rattraper le temps perdu. »

On grogna derrière son dos qu'on préfèrerait parler de l'Affaire Blanche, mais l'ambiance était un peu plus détendue qu'avant, sauf entre Aimé et Gaston qui se détestaient toujours. Mais enfin, on ne pouvait pas en demander plus que ce qui était possible.

« Oyez braves gens ! s'exclama Aurélien en entrant, une grosse caisse dans les bras. Whisky pour tout le monde, j'épouse la fille du patron de la distillerie dans trois mois ! »

Tout le monde le dévisagea avec des yeux ronds. Lucien entra à son tour et dit :

« Rien de mieux qu'épouser la fille du patron, hein Aurélien ? Bon, un peu de sérieux. René, tu nous a réuni pour une bonne raison il me semble...

-Ouais, et on poireaute depuis une demi-heure, dit Pascal.

-Moi, je poireaute depuis dix ans, corrigea Aimé.

-Très bien, dit René. Je vais vous demander de tous vous asseoir et de bien vous remémorer cette semaine-là. »

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