Lucien

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Le Chant dans la Nuit. Le plus efficace, le plus impitoyable des réseaux de résistance de la région. Pas forcément constitué des plus fins - en témoignaient toutes les blagues qu'Aurélien faisait subir à un Aimé toujours ébahi - pas forcément non plus des plus grands intellectuels - ni Lucien, ni Aurélien n'avaient même leur certificat d'études - mais certainement les plus motivés.

René, leur aîné, leur Chef, nom de code Albatros, idole des filles de son village - désormais banlieue de la sous-préfecture - amateur de théâtre classique et royaliste. C'était le ciment du groupe, et bien sûr un grand diplomate. Comment autrement faire travailler ensemble, sans heurts, un fils de bourgeois et un communiste, un royaliste endurci et un républicain convaincu, un paysan et un voleur de poules ? Sa voix seule imposait à tous un respect digne d'éloges. Sur un ordre de lui, ils se seraient tous fait tuer. Vingt-six ans lorsqu'il avait pris le maquis, trente-et-un lorsqu'il en était sorti. Un de la première heure.

Aimé Legrand, gentil, pas le plus intelligent mais certainement le plus fort, capable de porter deux d'entre eux à la fois ou deux caisses de munitions quand les autres en portaient une. Vingt-et-un ans au début de la guerre, il logeait tout le groupe dans la grange de son père les nuits où ils étaient dehors après le couvre-feu, lequel fermait les yeux en prétendant ignorer les allées et venues le soir. Meilleur ami de Blanche depuis l'enfance. Nom de code : Cupidon, car Aimé = Amour = dieu de l'amour Cupidon.

Gaston Lebrun, le seul d'entre eux à se laisser pousser la barbe. Il faut dire qu'il fallait avoir l'air d'un adulte lorsqu'on négociait au marché noir. Le menteur le plus doué du groupe, il pouvait - et il l'avait fait - revendre ses propres poules anémiées à sa victime du matin en les faisant passer pour des bêtes de concours importées de Paris. Il était communiste lorsque ça l'arrangeait, c'est-à-dire qu'il l'était devenu après la rupture du Pacte de Varsovie, quand les communistes français avaient fini par se rallier aux résistants après que Staline ait décidé qu'Hitler n'était plus un allié. Nom de code : Saint-Ours. Trop long à expliquer.

Aurélien Deauclaire, celui qui mériterait mal son nom puisqu'il travaillerait dans le whisky ensuite. Le blagueur du groupe, fils de vendeurs d'armes, et donc mal vu par Gaston, qui en avait marre de découvrir à chaque fois qu'il se faisait tirer dessus que les ennemis étaient armés par les Deauclaire père et oncle. A la décharge de ceux-ci, ils fournissaient aussi les résistants (les affaires sont les affaires). Nom de code : Adolf, pour que les Allemands ne comprennent rien à leurs transmissions s'ils les interceptent. On vous a dit que c'était un petit rigolo.

Lucien Bigot, nom de code le Chanoine en raison du nombre de caches à munitions qu'il avait installé dans les différentes églises du coin et du fait qu'il voulait devenir prêtre à une époque. Le plus à même de supporter Aurélien et ses blagues, mais pas sa principale victime bien entendu, son meilleur copain depuis l'enfance.

Pascal, le républicain prêt à se faire tuer pour ses idées, qui semblait oublier dans ses envolées lyriques fréquentes qu'on était en république et qu'il n'avait pas besoin de se battre de nouveau contre Charrette et Wellington. Cousin de Pierre, c'était lui qui lui avait fait rejoindre le réseau. Nom de code : Pensée, parce que les pensées de Pascal...

Pierre, le cadet de la bande, quatorze ans à peine, apprenti boulanger mais rêvant de devenir médecin lorsqu'il aurait de quoi se payer les études. Ses parents étaient en prison (où ils rencontreraient le père de la fameuse Bernadette) et il avait pris le maquis pour les délivrer. Il était surnommé le Petit Mitron, non pas parce qu'il partageait son anniversaire avec Louis XVII, mais parce qu'en tant qu'apprenti boulanger, il était leur principal fournisseur de pain.

Guy Blanche, enfin. Jumeau de Lucien Bigot pour les dates, jumeau d'Aurélien pour le sens de l'humour, jumeau de René pour ses convictions royalistes mais moins enclin à les exprimer. Le meilleur ami de tout le monde dans le groupe. Nom de code : Cendrillon, parce que Blanche, Blanche-Neige, Cendrillon.

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