Pascal

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René servit un verre à Pascal.

« Citronnade avec une gorgée de whiskey ? dit-il.

-Oui, répondit Pascal. Je n'ai pas changé en dix ans.

-Espérons que les autres non plus. »

On sonna.

« Ce doivent être Aimé et Gaston. Je vais ouvrir, installe-toi. »

Pascal recracha sa gorgée dans son verre.

« Tu as envoyé Aimé chercher Gaston ? s'exclama-t-il. Tu tiens vraiment à ce qu'il y ait un meurtre aujourd'hui ?

-Pas tellement, répondit René. N'hésite pas à te servir de petits gâteaux, c'est Adèle qui les a fait avec Alice. Je n'étais pas chaud pour laisser ma fille de six ans utiliser le four, mais Adèle m'a dit qu'il n'y aurait pas de problème. Je lui ai fait confiance et ça a payé, ils sont délicieux.

-On s'en réjouit, répondit Gaston en entrant. Excuse-moi de ne pas avoir apporté de fleurs, le voyage en train... et puis, je ne savais pas que tu étais marié.

-Oui, dit René d'un ton contrit. Je n'ai peut-être pas gardé le contact aussi bien que j'aurais dû.

-Est-ce que ce genre d'oublis est aussi en jeu lorsque tu as demandé à Aimé de venir me chercher ?

-Non, là c'était fait exprès. Asseyez-vous - bonjour Aimé - je vous sers les habituels ?

-Pas pour moi, dit Gaston. Le médecin me déconseille de boire de l'alcool. J'ai du trop user mon foie... enfin, vous savez, là-bas.

-D'autres usaient leur cœur, toi ton foie, dit cyniquement Aimé. Bon, le fin mot de l'histoire, René ?

-Quand Lucien et Aurélien seront arrivés. En attendant, Pascal, Pierre, Aimé, Gaston, asseyez-vous donc... »

Il leur désigna à tous - Pascal et Pierre, arrivés depuis peu, et les deux covoitureurs - le vaste canapé en toile de Jouye qui prenait tout un mur de son salon. Pascal et Pierre s'assirent chacun à un bout, ne voulant toujours pas s'asseoir l'un à côté de l'autre. Sur la table basse étaient posées une carafe de citronnade, huit verres, une bouteille de jus de pomme et une de whiskey.

« C'est Aurélien qui continue de m'envoyer du whisky, les informa René. Comme il travaille en Écosse, il l'a à bas prix.

-Oui, Aurélien est un vrai ami, ironisa Aimé.

-Je n'ai pas dit 'asseyez-vous' ? s'enquit René en voyant que Gaston restait les bras ballants et qu'Aimé, les bras croisés, regardait par la fenêtre.

-Si, dit Gaston, mais on préfère rester debout.

-Ne parle pas pour m... commença Aimé.

-ASSIS ! » tonna René.

Aussitôt ils furent transportés dix ans en arrière et se laissèrent tomber sur le canapé en vitesse. Ce n'était pas parce que René s'était rangé, était marié et travaillait à la préfecture qu'il s'était ramolli. Il était toujours le Chef.

« C'est fou c'que vous êtes pareil qu'avant, Chef, bredouilla Pierre, le benjamin de la bande, qui n'avait jamais pu se défaire de son habitude de vouvoyer René.

-C'est ça, c'est ça, dit René. Bon, qu'est-ce que vous devenez, depuis le temps ?

-Tu espères qu'on va rattraper le temps perdu ? s'exclama Aimé. Alors que tu nous as dit que tu savais pour Blanche ? Non mais ça v...

-Je n'espère rien, j'ordonne, rétorqua René. Et vite. Je ne dirai rien tant qu'Aurélien et Lucien ne seront pas là, de toute manière. »

Aimé et Gaston échangèrent des regards muets avec Pierre et Pascal, puis ils se lancèrent.

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