Nous nous dirigeons vers le café Le vrai Paris et je n’ai qu’un seul objectif, le faire parler. Cet endroit me plaît beaucoup, un petit café-bistrot parisien à la devanture en bois. Nous nous asseyons sous l’arbre qui borde la rue pavée et même si je suis éreintée de cette journée, je dois en savoir plus sur Adam. Je dois savoir si une partie de lui ressent les émotions des gens qui l’entourent. S’il possède le don d’empathie, c’est déjà une première preuve de sa qualité de luxhomine.

– T’as jamais l’impression d’étouffer quelquefois dans cette ville ?

– Un peu, je l’avoue, dit-il gêné.

– Depuis que je suis arrivée, j’ai parfois la sensation que les gens sont dans ma tête. Que tout me traverse.

– …

– J’ai dit quelque chose qui ne fallait pas ?

– Eh bien, je ne voudrais pas que tu me prennes pour un fou.

– Ça ne risque pas je te rassure. J’aime tout ce qui est un peu loufoque.

– C’est-à-dire ?

– Je ne suis pas vraiment venu ici pour étudier l’art. J’avais peur que tu me prennes pour une folle, mais en vrai je suis venu étudier les sciences occultes.

– Quoi, la magie ? sourit-il.

– C’est ça, en quelque sorte. Donc tu vois, je ne risque pas de te prendre pour un fou.

– Eh bien... hésite-t-il. Parfois, je ressens des choses que je n’explique pas.

– Comme quoi ?

– Comme toi...

– Moi ?! m’exclamais-je.

– Oui, je ne sais pas comment l’expliquer mais c’est comme si je t’avais vu venir. J’ai fait un rêve étrange.

– Tu as rêvé de moi ?

– Non, enfin pas directement. J’ai rêvé de la tour Eiffel, de vagues rouges, d’une fleur de Lys et d’un liquide renversé.

– Wouaw...

Bon d’accord, maman avait peut-être raison. La prémonition fait partie des capacités des luxhomines. Adam serait donc bien un être surnaturel !

Nous décidons d’échanger nos numéros avant de nous quitter et je lui promets de me renseigner sur ses étranges rêves. S’il se sent en confiance avec moi, ce sera plus facile de l’amener face à son destin.

Arrivée chez moi je me commande à manger. Une des choses que j’adore dans ce monde, les humains sont fainéants et se font souvent livrer leur repas.

Je pars me laver de toutes ces ondes humaines auxquelles j’ai beaucoup de mal à me faire, puis je m’enveloppe dans mon peignoir lorsque j’entends sonner à ma porte.

– Bonsoir ! Mme Lys ?

– Oui c’est moi.

– Votre commande.

Je contrôle mes sacs comme j’ai lu sur Internet. Il paraît qu’il faut toujours se méfier.

– Hum, il manque les frites ?

– Non madame, je ne crois pas, dit-il d’un air supérieur.

– Ah si ! Oseriez-vous me mentir ? dis-je d’un ton menaçant.

– Euh je...

– Dicoverum !

Le livreur se fige et se met à parler comme un robot.

– Oui madame, il manque les frites, je vais les déduire tout de suite de votre facture. Avec toutes mes excuses.

– Merci jeune homme.

Le livreur repart un peu déboussoler et je referme la porte, fière de ce deuxième sort réussi. Heureusement, la sorcellerie a évolué au fil des années et nous n’avons pas besoin de nous balader avec une imposante baguette en bois, mon petit pendentif est beaucoup plus discret et tout aussi efficace.

Si seulement je pouvais utiliser des sortilèges sur Adam. En réalité, je peux utiliser la magie à ses dépens, mais pas directement sur sa personne et normalement, je n’ai absolument pas le droit d’utiliser quelconque magie contre lui.

Quand il prendra conscience de ce qu’il est, il disposera de la capacité de voir tout ce qui est dissimulé par la magie et donc il pourra voir mon aura.

D’ici à ce que mon identité soit révélée, je peux peut-être m’amuser un peu et tester ma magie, après tout Adam ne risque rien.

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