Un déjeuner pour le moins surprenant

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Je sortais des deux heures du cours de SNT avec une mine sombre, complètement dépité. Juste parce que, je cite " répond avec insolence à une question simple et basique ", je me suis pris une heure de colle. J'imaginais déjà la tête de ma mère en la voyant. Quelle belle journée !

 - Philip ! Attends moi !

Je me suis retourné en grognant, reconnaissant la voix de Pierre qui s'empressait de me rejoindre, bousculé par la foule d'élève qui avançait en ne regardant à peine devant eux. L'adolescent se retrouva assez difficilement à mes côtés et il m'adressa un sourire complètement inutile. Il attrapa ma main et nous traîna de force au dernier cours de la matinée, le français !

On avançait dans les couloirs fluidement et le brouhaha des élèves couvraient certaines voix. J'ignorais celle qui me suivait depuis la fin du cours de SNT, celle de Clara qui se riait de moi, se moquant du fait que je me sois fait prendre une heure de colle. C'était la seule voix qui résonnait dans mes oreilles, pourtant ce n'était pas la plus forte, loin de là !

J'ai jeté un coup d'oeil derrière moi pour savoir où se trouvait cette peste et je la vis, à quelques pas de moi. Je la voyais ricaner avec Ambre, une de ses complices et leurs rires me dégoûtaient. Ils sonnaient comme une fausse note. Comme un chant macabre.

oOo

L'heure de la pause mérédienne retentit, faisant s'exclamer de joie tous les élèves. Je les regardaient tous s'extasier sur l'endroit où ils allaient manger à cause de la grève du self, mon ventre gargouillant depuis plus d'un heure. Notre professeur, Monsieur Jacquet, fit claquer un manuel contre son bureau, ramenant le calme dans la classe. Il donna une tonne de devoirs que je pris brouilloneusement dans mon agenda avant de sortir rapidement sous le regard de Pierre qui me dévisageait avec étonnement et agacement.

Je suis parti, ne me retournant pas. Je me faufilais avec facilité entre le grouillement d'élèves sans difficulté. En descendant les escaliers pour atterir dans le hall, j'aperçus Eli qui téléphonait. Comme je connaissais son emploi du temps, je savais qu'elle avait fini les cours. Quand elle m'aperçut, une sorte de gène s'installa, ses amis nous dévisageant tour à tour. Ma soeur fronça les sourcils, son regard signifiant que je devais m'en aller, maintenant.

Je me suis empressé pour aller hors du lycée, me rappelant que contrairement à elle, je devais me débrouiller pour manger et retourner en cours. J'aurais pû rentrer avec elle mais j'avais peur que Eli m'en veuille d'être parti avec elle devant ses amis et peur que notre mère soit déjà au courant de mon heure de colle.

J'ai fouillé dans les poches de ma veste, attrapant mon porte-feuille et ai vérifié le contenu. Une grimace de dégoût prit place sur mon visage quand j'eus constaté que je n'avais que quelques centimes dedans. Je l'ai rangé, me demandant comment j'allais me nourrir. J'ai songé à ne rien avaler mais mon estomac rejeta cette pensée en gargouillant encore plus fort,, se faisant retourner plusieurs élèves qui ricanaient devant ma tête honteuse. Unemain se posa sur mon épaule et me retourna, me faisant me retrouver en face à face avec un Pierre sur les nerfs.

 - Sérieusement ? T'as pas l'impression d'avoir oublié quelque chose toi ? demanda l'étudiant, son regard me jetant des éclairs.

 - Non... Enfin je crois pas.. répondis-je en détournant les yeux.

 - Euh allô !? Je devais t'emmener manger quelque part ! Non mais je vous jure, je comprends pas pourquoi tu t'obstines à rester seul alors que tu as des amis !

 - J'en ai pas de base, rectifiais-je en grinçant.

Il me lâcha l'épaule, murmurant qu'il était désolé. Il m'a de nouveau attrapé la main et nous avons marché dans la rue, sa carrure me protégeant de la foule qui se bousculait sans modération. Les trottoirs étaient remplis, la foule demeurait extrêmement dense.

Alors qu'on avançait, Pierre bouscula par inadvertance une adolescente qui possédait le même uniforme que notre lycée. Elle se tourna vers nous alors que Pierre avait à peine eut le temps d'ouvrir sa bouche pour s'excuser, furieuse.

 - Regarde ou tu avances abruti ! J'ai failli perdre mon jus de pomme ! s'exclama -t-elle en désignant sa boisson. Et excuse-toi malpoli !

 - Pardon mais c'est ce que j'allais faire, répondit l'adolescent en serrant son poing, faisant craquer ses articulations.

J'ai dévisagé l'adolescente, appréciant la façon dont ces cheveux roux coupés courts mettaient en valeur ses yeux noirs et ses joues de bébé. Elle nous fixait avec un air mauvais en sirotant sa brique de jus.

 - Au fait les malpolis, pour que je puisse plus facilement vous interpeller, présentez-vous au moins.

 - N'importe quoi ! Tu dis qu'on est malpoli mais là tu nous mets ajoute du retard. Alors on te laisse là et puis arrête ton cinéma pour un jus de pomme ! s'énerva mon ami en avançant, plantant l'adolescente qui nous dévisageait encore.

 - J'ai à manger dans mon sac, j'ai acheté en trop... essaya la jeune fille, nous faisant nous retourner.

Nous l'avons suivi, faisant le chemin inverse de celui que nous avions fait. Je restais muet tandis que les deux faisaient les présentations. La jeune fille se prénommait Alana et malgré ses airs de dure à cuire, au fond, elle était assez sympa.

Plus on avançait, plus un sentiment de méfiance envers cette fille grandissait. Mon instinct me hurlait presque de m'éloigner d'elle au plus vite. Alors que pour Pierre il n'y avait rien. Pas même un murmure. Je ne comprenais pas pourquoi ça m'arrivait, même pourquoi MOI je devais me coltiner ce fichu super instinct que ma mère appelle un don. J'aurais préféré ne jamais vivre ça.

Alana nous stoppa devant une table en bois très, même trop, proche du lycée et nous nous y sommes installés. Elle sortit de son sac avec un sourire triomphant sandwitchs maisons, de l'eau et quelques biscuits au beurre. J'en avais presque bavé mais au lieu de quoi, à peine elle eût refermé son sac que j'englouttissais un sandwich avec une odeur de viande très alléchante. Pierre et Alana rièrenet avant d'attaquer aussi, même s'il ne restait que l'ombre du festin que la jeune fille avait amené.

Dès que je fus rassasié, je me suis affalé sur la table n'en pouvant plus. Mon estomac ne pouvait plus rien supporter et pourtant je n'avais même pas mal. J'ai levé les yeux et je vis qu'Alana me regardait, sans un mot. J'ai haussé un sourcil, l'interrogeant du regard.

 - Rien, répondit-elle. C'est juste qu'on a l'impression ça fait plus d'un mois que tu n'as rien mangé. T'as mangé en grosse quantité et pourtant tu n'as pas mal au ventre, pour moi ce n'est pas normal.

J'ai détourné le regard, évitant les yeux des deux personnes avec qui j'étais. Pas normal, ces mots m'avait poursuivi de la maternelle à la primaire. Tout ça parce que j'avais une très grande résistance physique et que, apparement, je dégageais quelque chose de primitif. Des choses bien stupides pour moi mais pas pour eux. Ma mère a été obligé de me faire prendre plusieurs rendez-vous chez le médecin. La différence ici est si mal perçue, ça m'écoeure.

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