Nous marchions pour retourner au lycée quand, alors qu'Alana jetait sa tête en arrière à cause d'un fou rire, je remarquai un pendentif qui attisa ma curiosité.

 - Alana, c'est quoi ce collier ? demandai-je, faisant arrêter les rires de Pierre et de la rousse.

 - Oh, ça ? C'est assez spécial, vous ne me croiriez pas mais tout ce que je peux vous dire, c'est que, dans notre famille, on se le transmet de génération en génération, et ce, depuis des siècles, répondit l'adolescente en désignant le bijou. Pourquoi ?

 - Rien, je voulais juste savoir.

J'avais mémorisé la forme, les détails et la couleur du collier et, pendant qu'on reprenait notre marche, l'idée de le redessiner effleura mon esprit et s'y encra. Comme avec Alana, ce collier ne m'inspirait pas confiance.

Nous sommes arrivés dans l'enceinte du lycée et le flux d'élèves me gênaient, comme d'habitude. Alana nous salua de la main et parti rejoindre son groupe d'amis. Pierre me fixa et m'entraîna sans prévenir dans le hall, ses yeux verts pétillants de joie. Il bouscula des terminales qui râlèrent en l'insultant mais mon ami ne s'en souciait pas, continuant son trajet.

Nous sommes finalement atteris aux casiers et Pierre se dirigea vers le sien, me laissant seul. J'ai observé autour de moi et je pouvais voir que plus de la majorité des élèves me dévisageaient en ricannant. J'ai fais demi-tour et je suis parti m'enfermer dans une cabine des toilettes pour garçons. Je me suis assis, puis j'ai sorti de mon sac mon cahier et mon manuel de physique-chimie, faisant les exercices que je n'avais pas encore terminé. Je percevais les voix des autres adolescents mais je ne faisais aucun bruit, essayant d'éviter au maximum d'attirer leur attention sur moi.

Le bruit assourdissant de la sonnerie retentit, me faisant ranger mes affaires en vitesse et je me suis empressé de rejoindre ma classe, me glissant entre les élèves. Je suis arrivé de justesse sous le regard presque haineux de Clara qui pesta. J'ai rejoind au plus vite une place libre et j'ai observé attentivement les visages de tous. Pour mon plus grand étonnement, Pierre ne figurait pas parmis ces têtes et cela m'étonnait car je ne l'avais jamais vu loupé un cours.

J'ai sorti mes affaires, mettant de côté cette histoire dans ma tête, et j'ai commencé à gribouiller des notes, écrivant toutes les informations que donnait la professeure sur une feuille blanche. Mon écriture était à la limite d'être lisible mais j'arrivais à me relire sans trop de diificulté. Je n'aurais qu'à recopier le tout sur mon cahier au propre une prochaine fois. Qu'est-ce que c'est ennuyeux d'être dans un lycée privé !

J'ai repensé à Pierre, me disant que je lui passerais mon chahier pour qu'il rattrape. Mais penser à ça me faisait également penser au fait que son absence était étrange. Il allait pourtant très bien tant que j'y pense ! Il doit sècher les cours je pense... C'est insensé ! Il ne l'avait jamais fait. Enfin, de ce que j'avais entendu dire sur lui.

oOo

Quand le cours se termina, je sortis en trombe de la salle de classe, me précipitant à la vie scolaire. En me voyant arriver, un surveillant m'attrapa le bras, me stoppant dans mon élan. J'ai levé mes yeux vers lui, essayant de paraître intimidant mais autant se l'avouer ; avec mon corps de brindille et mes jambes tremblantes comme des feuilles, je ressemblais plus à un chihuahua en face avec un lion prêt à me décapiter sur place.

 - Tu vas où comme ça ? demanda sèchement le surveillant. T'es pas supposer être en cours là ?

Ses yeux marrons me foudroyaient du regard, alors que mon visage se décomposait, mes jambes devenants presque du coton. Il patientait, attendant une réponse de ma part.

 - Bon, retourne en cours, je perds pas mon temps pour des âneries.

 - Je...Je voulais savoir si Pierre Millers étatit parti... Il n'est pas allé en cours...

 -... Je vais voir tout de suite, répondit le surveillant en me relâchant.

Il se positionna devant le carnet de sortie et vérifia les noms, la classe et les signatures. Je l'observais, attendant nerveusement sa réponse. Je le vis secouer sa tête de droite à gauche en marmonant et en fronçant de plus en plus ses sourcils.

Finalement, il releva sa tête et me fit signe d'approcher. J'ai obtempéré, curieux de ce qu'il allait me dire. Il me désigna les noms des élèves et avec presque effroi, je constatai que celui de Pierre n'y était pas.

 - Ton ami sèche, j'en suis persuadé et c'est une évidence. Tu peux retourner en cours, on va s'occuper de ça. Merci de nous l'avoir signalé. Et, il a pris les même spécialités que toi ?

 - Oui, j'ai vu son emploi du temps et ses cahiers, on a les mêmes.

 - D'accord, encore merci de nous l'avoir signalé. Nous allons contacter ses parents et dès qu'il reviendra nous lui mettrons une heure de colle.

Je suis retourné en cours, la boule au ventre. Je m'étais inquièté pour lui et par ma faute il se fera coller. Je comprends mieux pourquoi peu de personnes me parlent depuis petit. Qui voudrait être ami avec un garçon comme moi ?

Je ne réagissais à rien, me laissant même frapper par la bande à Clara sans broncher. Je retenais mes larmes, m'empêchant de lui montrer que j'avais mal. Pour moi, je méritais cette violence. À mes yeux, c'était ma punition.

 - T'as enfin compris que tu dois arrêter de résister et de prendre les coups sans te défendre ? Bon toutou.

J'ai essuyé le sang qui coulait de mon nez, regardant Carl, celui qui m'avait assené les coups sous l'oeil attentif de Clara et de ses acolytes. Je n'ai pas répondu, préférant baisser les yeux. Ils ricanèrent et je reçu un dernier coup de pied avant d'être abandonné dans les couloirs déserts.

Je me suis relevé, difficilement, puis je suis allé aux toilettes pour me nettoyer. Je ne voulais pas inquièter ma mère même si ça allait être dur de lui cacher mes bleus au visage. Jamais il ne m'avait frappé ici mais ils s'y étaient mis. Je pensais que ça allait changer au lycée.

En entendant la sonnerie de la fin des cours et de la journée, je suis sorti des toilettes, pressant le pas pour me fondre dans la foule. J'avais reconnu Alana mais je ne voulais pas m'approcher d'elle et j'avais peur qu'elle me remarque.

Sans le vouloir, je lui avait frôlé l'épaule. J'ai maudit mon incapacité à éviter les personnes que je ne voulais pas voir ou approcher et j'ai pressé le pas alors qu'elle me fixait et m'appelait. J'étais presque en train de courir pour sortir de cette prison tellement je voulais m'éloigner et retrouver la chaleur des mes draps.

Une fois en dehors de l'établissement, j'ai vu que je devais prendre le même chemin que Clara pendant au moins cinq minutes alors je me suis décidé à faire un détour. J'ai attrapé mon téléphone et ai cherché un itinéraire sur la map, essayant d'en trouve un pas trop long.

Par chance, j'en ai trouvé un qui me permettait de faire seulement 3 minutes de plus que la normale et j'ai enfoncé mes écouteurs dans les oreilles, lançant une musique pour m'évader de mon quotidien.

J'observais les maisons, apercevant de temps à autre des enfants jouant dans leur jardin qui s'arrêtaient pour me regarder. Les animaux qui rencontraient mon chemin me grognaient dessus ou s'enfuyaient en courant mais avec le temps, j'avais l'habitude. C'est même de ma faute si Eli et moi n'avons jamais réussi à avoir un seul animal de compagnie. Même les poissons me fuyaient !

J'ai rigolé légèrement en repensant à Nemo, l'ancien poisson rouge de ma soeur qui s'était cogné contre son bocal alors que j'essayais de lui donner à manger. Même quand nous avons été invité chez une amie à notre mère, je m'étais fait mordre par le chien qui était présent. Je me souviens même de mettee mis à quattres pattes et d'avoir essayé de l'intimider en grognant. Le pauvre, il s'était fait dessus !