Nantes, 17 septembre 2016

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Chère Clara,

Tu me manques. Où es-tu ? Tu es partie si loin de nous, de moi… Tu t’es enfuie très loin, perdue, retranchée. Ailleurs. Oui, tu nous manques, tu me manques, Clara.

Aujourd’hui je suis dans ta ville à la recherche de tes souvenirs. Je suis venu à la rencontre de ton passé.

C’est l’automne et la ville m’apparait floue, enveloppée d’une bruine insidieuse et incessante. C’est ainsi que tu l’as découverte, nimbée d’un camaïeu de gris, les arbres se dénudant, les feuilles rousses s’envolant et tourbillonnant sur les pavés du quai où m’ont menés mes pas. Tu l’as tout de suite aimée, cette ville secrète entourée de ses eaux lentes, de ses sables et de ses limons. Cette cité des vents aux couleurs du rêve et de la poésie.

Je me suis levé tôt et, depuis ce matin, je flâne le nez en l’air, tentant de capter la respiration, l’essence particulière de cette ville où « certains regards brûlent pour eux-mêmes de trop de feux », et qui avait inspiré André Breton parce qu’il avait l’impression que là, « un esprit d’aventure au-delà de toutes les aventures habite encore certains êtres ».

Je vais essayer de comprendre ce qui vous attirait là tous deux lorsque vous preniez la voiture certains week-ends avec une certaine fébrilité, une attente joyeuse qui me rendaient jaloux quand j’étais enfant. Et je vais essayer de te faire revivre ces moments.

Vous embarquiez pour un voyage qui certes n’était pas si éloigné mais qui ressemblait à une aventure à laquelle vous rêviez toute la semaine. Rappelle-toi, vous reveniez les yeux brillants, les bras chargés de livres que vous ne liriez peut-être pas mais qui possédaient une aura singulière et que vous rangiez précieusement. Vous aviez pris des photos de petits détails qui ne me parlaient pas mais qui vous enchantaient, une enseigne ancienne, des fresques murales, une vigne rachitique, une grue jaune trapue drôle d’animal, des nuages emmêlés naviguant au dessus de la tour LU, un visage flou se reflétant dans un canal nocturne, un arbre blanc lunaire en mémoire de Jules Verne, cet autre rêveur qui inventa une machine à remonter le temps.

Tout ce que vous aviez fait pendant ces deux jours paraissait merveilleux. Les regards que vous échangiez en y repensant, vos sourires sibyllins l’attestaient. Je me sentais exclu de cette complicité secrète qui n’appartenait qu’à vous deux et qui vous soudait. La ville s’en trouvait nimbée d’un mystère particulier qui la rendait désirable par le seul effet magique qu’elle avait sur vous, comme si vous étiez allés y puiser quelque philtre inconnu venu du fond de sa mémoire.

Je sais que tu y as été heureuse et c’est pourquoi je veux te la raconter à nouveau. Qu’en penses-tu ?

Je vais te laisser pour aujourd’hui car il se fait tard. Une heure du matin, il est temps d’aller dormir !

Je t’embrasse tendrement,

Yann

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