Ces jambons, en plus d’être agréables à voir furent délicieux en bouche. Les desserts pris (une crème brûlée avec un petit brin de thym pour moi et un café liégeois pour Franck) eurent raison de nous. Les quantités et la qualité réunis dans un même restaurant : voilà une adresse à retenir.

Dans ce petit coin de Marseille le soir avance lentement et la nuit doucement enveloppe la ville de son sombre manteau. Je tapote le cadran de ma montre pour indiquer à mon compère qu’il faut songer à quitter, malheureusement, ce charmant endroit.

Nous nous levons pour aller régler au bar, choisissant bien sûr notre moment, quand c’est la miss qui s’y tient !

- J’espère que mes jambons vous ont ravis nous demande-t-elle d’un air entendu.

- Ceux que j’ai eu le droit de goûter de mes lèvres m’ont plu presqu’autant que ceux que mes yeux dévorent.

- Vous êtes un bien charmant poète monsieur le client.

- J’essaie d’être sympathique avec les gens qui le méritent…

- Cela vous fera 52,60 euros en tout, je vous fais deux fiches de frais, en divisant par deux ?

- Faites mademoiselle, faites !

- Avez-vous eu le temps d’admirer nos jolies photos sur le mur, de ce côté ?

- Ah non tiens, jetons un œil dit Franck

- Et voilà ! Je vous souhaite une excellente soirée, j’espère que vous avez apprécié notre restaurant et que l’on vous y reverra bientôt !

- Avec grand plaisir dis-je en prenant ma note.

Heureusement que nous avions pris nos vestes car la fraicheur de la nuit nous aurait surpris. Est-ce ce début de printemps qui ne permet guère aux températures clémentes de la journée d’adoucir la fraicheur de la nuit ou bien le vent qui est responsable de cette désagréable sensation ? Nous pressons le pas vers notre hôtel.

- Bonne nuit Franck !

- Bonne nuit René !

Je retrouve ma chambre, la serviette blanche jetée par terre, ainsi que le souvenir de ma voyageuse. Ah Camille, je vous aurais presqu’oubliée dans ce restaurant, presque…

La serviette souillée remisée dans la salle de bain, je me rafraichi rapidement avant de me préparer à me coucher.

En vidant les poches de ma veste, je fais tomber ma fiche de frais. Allez-vous deviner ami lecteur ce que j’y trouve à l’arrière ? Oui ? Non ? Tracé avec une fine écriture ce petit texte : Mes jambons pour vous, si vous les voulez… Avec un numéro de téléphone portable en dessous et un prénom : Lydie.

La friponne ! Elle a fait nos fiches de frais et, pour pouvoir écrire ce petit mot doux discrètement, elle avait détourné notre attention, nous faisant admirer une vieille photo de la façade du restaurant avec dessus une célébrité venue y déjeuner.

Quelle heure est-il ? Humm, un peu tard pour appeler le numéro et informer Lydie que j’ai bien reçu son billet doux, son invitation à la gourmandise. Heureusement, de nos jours, il y a possibilité d’envoyer un sms…

Mon téléphone en main, j’ouvre mon application de messagerie favorite, ajoute en nouveau contact Lydie en prénom et, pour le fun, JAMBONS en nom de famille.

- J’ai bien reçu votre message Lydie, merci. Une dégustation ce soir serait un peu juste mais cela serait un grand plaisir que de vous goûter à l’occasion… Vraiment !

Je programme mon réveil pour le lendemain, la réunion ayant lieu sur un site de l’entreprise situé à une petite demi-heure de l’hôtel, je ne tarde pas trop à ouvrir les draps et la porte aux rêves.