" Au bon vivant "

L’enseigne est des plus prometteuses mais bon, si l’on pouvait se fier à toutes les devantures ou toutes les belles publicités, il y a belle lurette que nous ne nous ferions plus avoir comme cela a pu nous arriver lors de précédentes virées…

- Bonjour messieurs, bienvenue dans mon restau, restés pas tanqués comme des santons, installez-vous à cette table là-bas, vous y serez bien !

L’accent empli de Provence et la bonne humeur de cet homme d’une bonne soixantaine d’années irradient la pièce. Son patois nous plonge dans un monde souriant, plein de vie, contrastant avec les visages fermés que l’on voit un peu partout de nos jours.

- Le patron est du cru ! dis-je à Franck

- On dirait bien oui ! s’amuse-t-il

- Moi cela ne me dérange pas, j’aime bien, au moins on sait où l’on est ! Il est avenant et même si le restau ne paie pas de mine, c’est déjà un truc important.
C’est comme pour les femmes, le sourire, le naturel, font beaucoup plus dans la séduction que le physique, surtout s’il est « Ripolin ».

- Tu as raison René, même si j’avoue que pour moi le physique tient une grande place - ben oui on aime les belles choses hein – un joli physique ne fera jamais d’une connasse une femme inoubliable !

- Tu as tort Franck, inoubliable elle le sera, mais pas dans le bon sens !

La salle, de taille modeste, est légèrement voutée. La décoration plutôt désuète, quelques tableaux de mas provençaux sur les murs, de petits vases avec deux trois brins de lavande si secs qu’ils pourraient avoir été laissés là par monsieur Pagnol[U3] lui-même. L’ambiance générale n’en n’est altérée pour autant et je serais presque tenté de vous recommander l’endroit… si nous n’étions pas dans un roman !

Nous sommes installés dans un coin, la porte d’entrée à notre droite, le bar en face.
Une petite porte en bois à gauche du bar, à la peinture presqu’aussi fraiche que l’est la lavande, indique « Vécés ». Je souris en pensant que le lieu est en effet des plus pittoresques. Il est bon parfois de sortir des sentiers battus, l’on y fait de chouettes rencontres.

Une charmante jeune femme arrive vers notre table. Ses cheveux bruns, lisses, tirés en arrière forment un chignon des plus parfaits. Son visage ovale, ses petites oreilles, ses yeux superbement ronds sont mis en valeur par un trait d’eyeliner discret mais diaboliquement efficace. L’on a envie de s’y noyer ! Sa tenue appelle elle aussi à d’autres gourmandises que celles qu’elle vient sans doute nous présenter dans les cartes qu’elle nous tend avec son sourire d’ange. Son t-shirt n’est pas ample et l’on devine plus qu’aisément au travers du tissu la forme de ses deux jolis seins, petits, de forme bien dessinée. Deux jolies petites pointes sont bien visibles ce qui ne manque pas d’attirer mon regard…

- René, la demoiselle te demande ce que tu bois !!

- Ah oui, pardon mademoiselle… Une Mauresque tenez !

- Je vous remercie messieurs !

Quelle voix ! Elle est incroyablement suave, sexy, douce, caressante, envoûtante !
J’ai l’habitude d’entendre des voix de par mon goût des musiques jazzy, soul et autres où les artistes peuvent jouer de leurs cordes vocales pour charmer les auditeurs, mais cette-voix là !
Elle ne chante pas comme les cigales, son patron a l’accent nettement plus marqué, c’est une évidence que voilà, mais elle en possède suffisamment pour l’on puisse affirmer avec certitude qu’elle connait le Panier, les calanques et peut-être même le Vélodrome !

Alors qu’elle s’éloigne, je remarque sa jupe, légèrement échancrée sur le côté, laissant apparaitre la blancheur de sa peau en haut de sa cuisse… Son derrière est tout aussi charmant que son devant.