Attention au départ…

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TGV n° 2345, quai 3, voiture 14, près du bar, place 33. Je suis à l’heure, pas en avance mais juste bien. Je n’aime pas attendre, que ce soit un train ou autre chose. Arriver trop longtemps avant m’ennuie. J’ai besoin que les choses arrivent sans être obligé de trop patienter, attendre, ça m’énerve.

Bon, nous y voilà… Il n’y a pas foule sur le quai 3. Il n’est pas loin du milieu de l’après-midi, les gens sont pour la plupart au travail ou chez eux en semaine. Les voyageurs qui vont monter dans le train sont en majorité des hommes et il n’y a que peu de femmes.

J’avance le long du quai, le soleil est timide aujourd’hui et peine à se montrer. J’avoue que je m’en fiche un peu, je serai dans le train et j’en profiterai pour relire l’un ou l’autre dossier important pour la réunion du lendemain. Il faut bien occuper ces deux heures trente de trajet non ? Repère V. C’est ici que ma voiture est censée s’arrêter, donc, j’en fais de même.
J’observe discrètement les alentours, cherchant à deviner qui m’accompagnera dans mon voyage. Ce couple amoureux ? Cet étudiant avec son jeans troué (décidément cette mode, je ne m’y ferai pas) ? Le monsieur en costume gris avec sa petite mallette ? Pourvu que ce ne soit pas cette dame, certes très sexy dans sa petite robe rouge, mais flanquée de deux jeunes enfants d’une dizaine d’années, bien turbulents…

« Mesdames et messieurs, le train à destination de Marseille St Charles va entrer en gare voie numéro 3. Veuillez vous éloigner de la bordure du quai ! »

Je cesse là mon enquête, vérifie que mon billet est à portée, vérifie une dernière fois que je ne me suis pas trompé de voiture. Place combien déjà ? Ah oui… 33. Oui, c’est un Trouble Obsessionnel Compulsif. Parfois, je vérifie et revérifie sans cesse beaucoup trop de choses.

Le train arrive, les têtes se tournent, toutes ensemble du même côté. Cela me rappelle un peu les matchs de tennis… La rame s’immobilise lentement dans un crissement de freins toujours aussi doux pour les oreilles.

Le monsieur en costume est le premier au niveau de la porte, il l’ouvre galamment à la dame à la robe et en profite pour lui faire un sourire pas si innocent que cela. Elle lui répond à peine merci et grimpe derrière ses deux adorables sales gosses. Pas de bol, c’est la voiture 14… je vais donc les retrouver. À mon tour j’y entre et, soupir de soulagement, la robe rouge est en bas de la rame. Le costume monte lui à l’étage, je lui emboite donc le pas et en haut de l’escalier avance dans le couloir, tentant de repérer ma place.

Nous y voilà, personne pour l’instant dans ce « carré », avec un peu de bol je vais être seul, serait-ce possible ? Suspens, le départ est proche…

« Mesdames et messieurs, le départ du train étant imminent, nous invitons les personnes accompagnant les voyageurs à bien vouloir descendre de la rame. Merci »

Bien installé dans mon siège, je tire de mon sac mon PC portable et le pose sur la tablette.
Un coup d’œil sur le quai, j’entends la porte du TGV qui se referme dans un clac caractéristique. Tout en douceur, presque sans bruit, nous voyons le quai puis la gare s’éloigner.

Je récupère mon casque audio, le pose sur mes oreilles et mets en route une playlist d’inspiration plutôt soft jazz. Autour de moi il n’y a personne, le monsieur en costume est un peu plus à l’avant, il y a une dame d’une bonne soixantaine d’années à quelques sièges de moi, un jeune en face. Je décide de profiter de cette inattendue tranquillité pour fermer les yeux et profiter du temps qui m’est offert.

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