Le collège,... ah. Marvin n'avait jamais connu plus barbant. Bien sûr, il avait toujours de bonnes notes, mais il s'ennuyait à mourir. Seuls ses deux compagnons pouvaient lui rendre le sourire dans ce lieu si..., si... déprimant. Tant d'heures passées sur une chaise raide, affalé sur une table des plus inconfortables,... Quel gâchis ! Il aurait été bien plus utile de rester à la maison, finir les quêtes parallèles d'un magnifique jeu, ou d'une incroyable épopée. Ainsi, en poursuivant ce songe, les cours de SVT, de Maths, d'Anglais puis enfin de Sport passèrent sans trop ennuyer notre héros, pourtant épris d'une violente frustration qui se poursuivit jusqu'à la sonnerie. Libre, at last ! Toutes ses émotions négatives et ses sentiments nébuleux lui sortirent de la tête instantanément mais, malheureusement, une désespérante lassitude perdurait en lui.

Après les cours, il se dirigea vers chez lui, avançant machinalement, toujours accompagné de Sarah et David qui, après avoir vu la tête que faisait leur ami, essayaient de lui remonter le moral:

- Tu sais, ce n'est pas si terrible. Et puis, tu nous as, nous, si tu as besoin de parler. Chez toi, quand on n'est pas là, tu peux encore te divertir avec tes jeux sur ton ordinateur. En plus, d'habitude, t'as pas l'air si fatigué. C'est la première fois que je te vois sans ton sourire espiègle au coin des lèvres. Et puis ce n'est pas comme si on allait rester bloqué comme ça toute notre vie, disait-elle.

- Si tu veux, je peux t'inviter chez moi ce soir, ça te changera les idées et on pourra discuter autant qu'on voudra, proposa son ami.

- Ouais carrément !!! En plus, ça fait un bail que je ne suis pas venu ! Merci, vieux ! répondit Marvin, enthousiaste. Le dévouement et la patience dont ses amis faisaient preuve à son égard le touchèrent même un peu.

Ils reprirent la route, aux côtés d'un Marvin léger et satisfait.

- Mon chéri, va ranger ta chambre s'il te plaît !

Sérieusement ? Lui qui se sentait si bien il y a d'ici quelques minutes ! De plus, c'était toujours la même rengaine. Il venait à peine d'annoncer qu'il était rentré ! Il était bien content de quitter cet endroit, du moins pour ce soir. Il parcourut le salon afin d'accéder à l'escalier menant au premier étage. La pièce à la lumière tamisée offrait un décor d'intérieur plus hivernal qu'estival. Deux grands canapés en tissu occupaient l'espace à droite de la salle. L'arcade découpée dans le mur, à gauche, ouvrait sur la cuisine (qui faisait office de salle à manger) où sa mère préparait le repas. Marvin monta donc les escaliers et entra dans sa chambre, se trouvant à côté de celle de ses parents et des toilettes. Il commençait à remplir son sac du nécessaire pour la nuit quand une étrange lueur verte, dans son jardin, attira son attention. Il passa la tête par la fenêtre pour y voir de plus près, mais la lumière semblait s'être éteinte. Cela devait être un reflet sur le carreau, rien de plus.

Il acheva de préparer ses affaires et descendit.

Il fut surpris de constater que le fait qu'il aille dormir chez un ami sans l'en avoir informé au préalable ne gênait pas sa mère le moins du monde. Au contraire, elle semblait satisfaite qu'il quitte la maison. Celle-ci portait le nom d'Alexandra Nearos et était une quadragénaire de quarante-cinq ans aux cheveux blonds et à l'air sévère. Il songea tout d'abord à un élan de générosité de sa part et la remercia, puis sortit.

Mais sur le bord de la route le menant à la maison de son ami, il y repensa. Son comportement l'avait intrigué. Elle l'avait laissé, sans broncher, aller dormir chez un ami alors qu'il devait se rendre à l'école le lendemain. Il se demandait parfois ce qui lui passait par la tête. Elle tenait absolument à ce qu'il range sa chambre mais ne s'opposait pas, bien au contraire d'ailleurs, à ce qu'il aille passer la nuit chez un copain sur un coup de tête. Bah, après tout, il n'allait pas s'en plaindre...