2 - Succube et la lune

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    Louise ouvrit lentement les yeux. À travers la fenêtre, la pleine lune jetait son éclat bleuté dans la chambre de la jeune fille. La lumière glissait lentement sur les murs remplis de posters, louvoyait entre les piles de vêtements éparpillées au sol, et finissait par tendrement caresser le reflet doré des cheveux de la démone.

    Encore perdue dans les méandres du sommeil Louise ne pouvait qu’admirer ce corps qui s’offrait à elle. Son regard descendit lentement, depuis les épaules nues et ambrées, jusqu’à plonger dans cette gorge si profonde, logée au creux de deux collines. Malheureusement, un drap couvrait cruellement leurs sommets. Louise voulut déchirer ce maudit tissu qui lui empêchait d’apercevoir, enfin, ces délicieux morceaux de chairs pointues, mais ces bras restaient désespérément immobiles à ses côtés.

    La démone dévoila ses impressionnantes canines alors que son sourire éclatant s’étirait sur son visage. Le corps de l’humaine était à sa merci, jouet entre ses doigts, simple amas de sensations à son entière disposition. Et cela l’enchantait.

    Dans un confus mélange de peur et d’anticipation, Louise était incapable de penser à quoique ce soit. Elle ne pouvait que sentir le battement de son propre cœur, la chaleur du corps de la démone contre le sien, le frottement de sa peau nue. La démone, elle, la caressait de ses grands yeux bleu turquoise. Elle se mordit la lèvre inférieure, et passa sensuellement sa langue sur ses lèvres humides, elle allait la dévorer.

    La démone se pencha vers Louise dans un mouvement lent et sensuel. La jeune humaine ne pouvait quitter des yeux ce visage qui se rapprochaient, en détailler le moindre détail. Une très légère teinte verte dans le bleu de ces yeux, une fine cicatrice sur le haut de la joue, et ces lèvres si appétissantes. Louise voulait la bouche de la démone contre la sienne, y baigner le bout de sa langue et goûter son nectar. Mais, au lieu de cela, un rire démoniaque sortit d’entre les lèvres si convoitées, et dans un murmure aguicheur, elles soufflèrent :

 —Tu es à moi.

    Le son de sa voix glissa sur le corps de l’humaine, aussi doux qu’une caresse. Elle sentait la chaleur s’accumuler entre ses jambes, le moindre mouvement de bassin de la démone déclenchait en elle des vagues de sensations violentes et intenses.

    Soudainement, Louise sentit une main se poser tout contre son cou, puis glisser lentement sur son corps. Louise sentait sa poitrine monter et descendre au rythme éreintant de sa respiration saccadé, le tissu lui semblait si râpeux sur sa chair sensible. La main s'arrêta juste aux dessus de son sein, là, le toucher se fit plus délicat. Un doigt continua l'ascension jusqu'à enfin arriver au sommet, puis il disparut. Puis Louise gémit bruyamment, la main était revenue et s'était emparée de son sein. Elle avait commencé à le masser vigoureusement. Les doigts experts fouillaient sa chair, pinçaient à travers le tissu de sa chemise son téton tendu. Louise ne put retenir l’exclamation de plaisir de sortir d’entre ses lèvres quand une deuxième main se jeta contre elle et défit sa chemise d’un geste brusque. La jeune fille dénudée ne pensa pas un seul instant à couvrir sa poitrine exposée, car au-dessus, un tableau magnifique s’offrait à elle.

    La démone s'était redressée. Elle toisait Louise de son beau regard turquoise. Des mèches de cheveux dorées tombaient en désordre sur ses épaules et embellissaient sa poitrine nue. Le drap était enfin tombé. Caressés par la lumière bleutée de la lune, les seins de la démone se dressaient fièrement sur son torse. De la sueur coulait le long de leurs courbes et soulignait leur forme généreuse. La démone sentait le regard avide de l’humaine sur son corps, elle se délectait du désir qu’elle provoquait. D’un geste lent, elle passa sa main sur ses seins et descendit vers le bas de son corps, jusqu'à caresser l’intérieur de ses cuisses où elle s'arrêta un moment. La vision était tellement érotique ! Louise ne retenait qu’avec difficulté les vagues de plaisirs qui l’assaillaient et la démone s’en aperçut. Elle remonta sa main vers son visage, et sans quitter Louise des yeux, peignit d’un coup de langue évocateur son doigt. Elle marqua une pause, son sourire se fit plus large encore, puis elle plongea entre les jambes de l’humaine. Elle ne fit qu'effleurer de son doigt humide l’intimité de Louise. Mais cela suffit à briser sa résistance. Elle n’arrivait plus à contrôler sa respiration, tous ses muscles s’étaient tendus, puis quelque chose explosa à l'intérieur d’elle. Une vague partit d’entre ses jambes et se répandit dans tout son corps en une sensation si intense qu’elle en était presque douloureuse. Prisonnière de l’excitation, Louise ne s’entendit pas crier. Enfin, la vague lécha une dernière fois les nerfs sensibles de la jeune fille et se dissipa.

    Puis Louise se réveilla en sursaut. Les yeux grands ouverts, elle fixait le plafond blanc de sa chambre. La faible lueur de l’aurore avait remplacé le bleu de la lune, et sur le cadran lumineux du réveil les lettres en rouge indiquaient qu’il était temps de se lever.

    Dans la douche, l’eau fraîche lui faisait un bien fou. La machine à laver le linge tournait à plein régime, emportant avec elle les draps souillés, preuve accablante d’une nuit embarrassante. C'était la deuxième nuit d’affilée que Louise faisait un rêve de ce genre. À chaque fois, elle était là. La démone la narguait, jouait avec elle et ses sentiments, belle et dominante créature. Si ces rêves étaient agréables, ça elle devait le reconnaître, ils étaient aussi beaucoup trop intense pour elle. Louise rejeta en arrière ses cheveux mouillés et se donna une claque vigoureuse sur les joues.

 — Ma colocataire est un succube, murmura-t-elle pour elle-même.

    Voilà trois jours qu’elles vivaient tous ensembles dans l’appartement des Renardières. Le lendemain de la fameuse soirée ou Louise avait rencontré pour la première fois Susie, Victoria lui avait annoncé la bonne nouvelle. Elle avait été ravie, vraiment. Même si elle avait dû céder une partie de sa chambre. Même si elle avait dû prendre la résolution d’acheter des vêtements de nuit plus seyants en voyant ceux plus élégants de Susie. Même si elle avait entendu tout un tas d’histoires à propos des succube (aucune ne finissait bien). Malgré tout, Louise était ravie. Puis elle vécut la nuit la plus torride qu’elle ait jamais vécue. Elle avait mis ça sur la surprise et le souvenir encore très frais de leur rencontre. De toute manière, cette nuit-là avait été très agréable, donc, ou était le mal ? Le lendemain soir, la démone l’attendait encore une fois derrière ses yeux fermés, et Louise découvrit des sensations qu’elle n’avait jamais découvertes. Puis il y eut cette nuit. Trois fois de suite, c’était difficilement une coïncidence. Une petite conversation s’imposait.

    Enfin prête et résolue, Louise poussa la porte qui menait au salon, aussitôt une odeur anormalement délicieuse assaillit ses narines. D'habitude, les bonnes odeurs commençaient après que Louise se soit mise aux fourneaux. Victoria devait déjà être levée, mais après qu'elle est ruinée une casserole et presque mit le feu à l'appartement Louise lui avait formellement interdit de s'approcher de la cuisine.

 — Bienvenu ma chérie ! Est-ce que tu veux un petit-déjeuner ? Un bain ? Ou. Bien. Moi ?

    Victoria avait surgi de la cuisine. Un tablier de cuisine bien trop chargé de froufrou et beaucoup trop roses autour du cou, elle se tenait dans une pose suggestive et hautement inconfortable. Dommage que ses vêtements plus adaptés à une sortie en skate-park qu'a une séance photo ne la mettent pas plus en valeur. Mais Louise devait admettre que dans l'ensemble, c’était plutôt convaincant.

 — Alors, sexy ? demanda Vicky, un grand sourire aux lèvres.
 — Pas mal.
 — Mouais, ta réaction laisse à désirer, j'aurais dû garder que le tablier, qu'est-ce que tu en penses Susie ?

    La démone des rêves de Louise apparut alors dans la pièce. Elle aussi vêtue d'un tablier, elle avait dompté sa chevelure dorée en queue-de-cheval, bien que des mèches s’entêtaient à gracieusement encadrer son visage. D'un geste machinal, elle rabattit l'une de ses rebelles derrière son oreille, qu'elle avait d'ailleurs longues et pointues. Louise eut tout loisir d'observer le balancement hypnotique des hanches de la démone avant qu'elle ne s’arrête au milieu de la pièce. Une main sur la hanche, l’autre tenant une assiette remplie de crêpes, elle adressa un sourire complice à Vicky.

 — Je pense qu’une pointe de la chantilly aux bons endroits aurait été encore plus alléchante. Bien que ces quelques crêpes offrent un support tout aussi propice.

    C'était le même sourire de prédateur, les mêmes ondulations des cheveux, le même mouvement hypnotisant de son corps qui semblait crier : “Admire-moi !”. Louise sentit ses joues rougir, les images de ses rêves ne cessaient de s’interposer avec la réalité. En dessous de son pull en laine, il y avait cette même poitrine alléchante, derrière son jean, il y avait ces mêmes jambes interminables.

 — Ma colocataire est un succube, répéta doucement Louise.

    Puis elle s’assit et prit une crêpe. Elles étaient délicieuses.

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