C'était si beau d'être un enfant. Le temps semblait inconnu à nos yeux. La réalité était si douce et si simple... L'innocence nous bandait les yeux devant l'horreur. J'étais heureux, aimé, jeune et innocent.

 Qu'est-ce que la mort ? Qu'est-ce que le vrai chagrin ? Qu'est-ce que le sentiment de perdre ceux qu'on aime ? Autant de questions compliquées qui m'étaient inconnues jusqu'alors. L'enfance était aussi douce que la brise du printemps et aussi simple qu'une feuille blanche. Elle était comme le début d'un livre de contes où il restait beaucoup de pages blanches à remplir. Ensemble, entre enfant, nous découvrions le monde main dans la main, sans violences. A la télé, ne passaient que des dessin animés.

 Puis j'ai grandi, et l'enfance a chaviré peu à peu vers les eaux profondes de ma mémoire. L'enfance n'était plus qu'un doux et amer souvenir. J'ai peu à peu ouvert mes yeux au monde. Il me paraissait si simple, sans difficultés, sans guerre et maladie. Mais ce n'était qu'une illusion qui dévoilait peu à peu sa véritable face. J'appris qu'il y avait eu des guerres et des génocides dans le passé que l'on appelait "erreurs humaines". J'appris qu'il y avait des guerres dans le monde au même moment où je vivais paisiblement. Et ces guerres, on les appelés "conflits internationaux". Puis, en grandissant encore plus, j'appris que dans le futur, des milliards de personnes mourront de faim ou de soif. On appelait ça "urgences à échelle internationale". J'appris que le monde s'enlisait dans des problème sans issue et que les adultes cachaient la dure réalité derrière des simples mots.

 Le gouffre entre l'enfance et l'adolescence fut terrible et douloureux. Mais ce qui fut le plus terrible, ce fut de voir à quel point on essayait de cacher la réalité derrière des visages souriants et des mots doux et que l'on essayait d'oublier...