Le câlin du Yoshi II.

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Le boulevard Arnault... L'une des plus larges artères de la ville, un axe gigantesque qui avait été fait pour le HIC; l'Hyperloop InterContinental. Parcs et bois avaient été obligés de faire place nette afin que se réalise ce projet grandiose ; pouvoir se déplacer à une telle vitesse sur de telles distances était tout simplement trop épatant et puis des arbres nous en avions ailleurs. Pas une seule pelouse dans cette magnifique avenue où, par contre brillaient des publicités qui rivalisaient de coquetterie afin d'être admirées les premières ; insufflant l'envie à ceux et celles qui attendaient leurs transports tout en se réjouissant de cette luminothérapie gracieusement offerte. Je profitai moi aussi de ce bain-là; fermant les yeux dans cet aveuglant bien-être. J’entendais derrière moi les rires partagés, les sobriquets gentillets et les politesses courtoisement échangées. Alors que, épaules contre épaules nous étions liés par une intimité consentie par tous. Vint alors le premier tram et le cordon se desserra quand les plus aimables passagers prirent place. C'était ceux de l'immeuble 5. Il fallait que nous attendions encore deux passages et ce serait notre tour. L'attente aurait pu effriter ma patience, celle-ci n'étant pas mon fort, si bien que mes collaborateurs m'encourageaient à la développer, mais c'était sans compter sur le premier câlin de la journée ; le favori de tous les partenaires du secteur : celui du Yoshi.

— Il est là ! Il arrive ! disait un homme en pointant de son doigt enthousiaste le grand yoshi vert aux yeux rose pastel.

Il s'avançait vers nous, portant dans une de ses mains un œuf tacheté. Nous nous précipitâmes vers lui à notre tour ; à la file indienne nous attendions de recevoir l'embrassade tant espérée. Il dansait sur ces deux pieds poussant ses sons aigus. De la joie à la surprise, notre ami du matin était loquace ; sans pouvoir être compris il me mettait dans un état d’excitation que seul son contact pouvait calmer. Cet instant magique ne tarderait guère. J'étais au beau milieu de la trentaine, restée encore à quai, qui attendait en rang d'oignon. Quand ce fut mon tour d'être subjugué devant le dragon en polyester je ne pouvais pas m'empêcher de penser "mais où as-tu mis ton œuf ?". Il l'avait sans doute déjà donné à quelqu'un avec un plus beau sourire que le mien. À une personne plus exaltante, mais qui ? Qui cela pouvait-il bien être ? À cette question silencieuse, je regardai furtivement les chanceux qui étaient déjà passés. En vain. Ils avaient tous les yeux illuminés par la joie de vivre et un sourire indélébile mais pas d'oeuf à première vue. Mes lèvres non plus ne redescendirent pas un instant ; bien que dessous gonflait une amertume qui semblait vouloir m'étouffer. Le géant me prit dans ses bras, nous nous donnions l'accolade sous ses paroles inspirantes. Après deux ou trois "Yoshi" lancés en refrain, j'avais oublié mes divagations et ma grosseur dégonfla. Une quinzaine de minutes plus tard, c'était le temps nécessaire à la voiture du HIC pour faire l'aller-retour. Mes collègues et moi-même nous y montâmes en liesse.

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