Massacre à la trottinette IV.

2 minutes de lecture

Dans la salle, une trentaine de postes se disputaient le peu de place qu'il y avait. Marchant d'un pas déterminé, je me postais à l'affût derrière chaque nuque qui se présentait à moi. Sur les moniteurs étaient inscrits, lumineux et bariolés, les noms des utilisateurs. Je les zieutai tous. Un par un, mon étau se refermait sur le vainqueur du jour.

Pas un seul ne portait son nom. Il était possible que dans ma frénésie je ne l'avais pas remarqué : je décidais d'un second passage. Tout aussi nul. Il me restait cependant l'autre, le deuxième... Quel était son nom déjà ? Le temps de m'en souvenir les écrans s'étaient tus de concert. Je fermai les yeux, les poings serrés.

Qu'est-ce que tout cela voulait bien dire ? Quelle signification je pouvais trouver à l'absence de celui qui était devenu le premier ? Deux fois j'ai parcouru les écrans, parfois sous les regards discrets et harassés de mes collègues qui eux s'affairaient encore à réussir. Combien de fois avais-je échoué ? Ces dix dernières minutes si déterminantes avaient été gaspillées en vaine recherche. Alors quoi ? Ce pourrait-il que cet happyface38 n'eût été qu'une IA ? Quid de celui dont j'avais oublié le nom ? C'était un raisonnement absurde ! L'abri sous lequel j’attendais n'était pas assez grand pour contenir cette énigme. Le projetfun s'était vidé de ses forces, il n'était plus qu'un concept sans vie : une abstraction.

Entouré d'une trentaine de sourires, la veine sur mon front se gonfla d'un sang bouillonnant. Nous attendions le tram qui allait nous conduire dans nos habitacles stériles, nec plus ultra. Il arriva tacheté de jaune à vive allure. Où était donc passé Joshua ? Ce passionné de train qui s'était épris de cette machine et qui l'avait embrassé de plein fouet. Plus une trace de lui n'était visible sur la voiture. Il avait disparu. Je me souvenais seulement de sa joie. Sa joie soudaine, éclatante, qui contrastait si étrangement avec son attitude obscure. Celle que j'avais trouvée insultante. Manquait-il lui aussi de lithium ? Les portes s'ouvrirent dans un couinement ridicule. Nous entrâmes. Chacun à sa place. Toutes ces réflexions m'avaient épuisées.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 7 versions.

Vous aimez lire Cabot ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0