Massacre à la trottinette

Une minute de lecture

Sur mon poste d'activité défilaient des formes disparates, qui se désaccordaient dans une multitude de couleurs criardes. En haut de mon moniteur, elles apparaissaient sous des angles aléatoires dans une différence de rythme, celui de leur descente, qui ajoutait au désordre. Je les alignais au fur et à mesure convenablement afin qu'elles correspondent d'une manière ou d'une autre à une harmonie. Les tétrominos ayant compris leurs intérêts firent ce que leur commandait la console, ses boutons soupiraient sous mes doigts. Je n'en perdis rien. Ni le fond sonore qui gaiement m'apprenait le tempo à adopter, ni la disparition des figures quand elles se mêlaient dans une géométrie parfaite. C'était un jeu d'enfant ; plus notre score était élevé plus nous passions des niveaux et plus nous en passions plus nous avions de chance d'avoir des félicitations du coordinateur. À cette pensée, j'accélérai ma cadence la bouche en cœur, engrangeant les points, tout entier rivé sur mon projet .

Je jouais contre la montre. La lumière de ma smartwatch était certes toujours verte mais je savais que d'un instant à l'autre elle virerait au rouge et alors on me conseillerait vivement deux minutes de team building. Je n'avais pas envie d'y penser, mes yeux rougis ne quittaient pas les scores qui couraient avec entrain sur le bord de l'écran. Comment ce happyface38 pouvait autant marquer de points en si peu de temps ? Les six premières heures se consumaient toujours à une vitesse folle. Je ne les voyais jamais passer. Elles me semblaient... Insuffisantes.

Ma montre vibra comme prévu sur ma peau, éclairant par là même ma vision d'une vive couleur rouge. Je quittai la mollesse de mon siège accompagné de cet embarras qui avait de nouveau gonflé au milieu de mon estomac. Je profitai de la courte marche pour exécuter quelques exercices méditatifs tentant de chasser cette imprévisible apparition, allégeant cette lourdeur grâce à une respiration de plus en plus profonde. Je fis mon entrée dans un espace sans murs : c'était la salle de cohésion. Un petit groupe y fleurissait déjà l'air de fou-rires. Je mêlai le mien aux leurs.

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