24 décembre 2020 (Grand Budapest Hotel)

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Moi (d’une voix suave) : « Rompre avec un quotidien trépidant, suspendre le cours du temps, se ressourcer pour accéder à un univers de plénitude, telle est la modeste ambition de notre établissement. Comme une invitation à la détente et à la célébration des sens, il répond à des critères de choix pour vous faire accéder à votre idéal de bien-être lors de votre séjour et vous accueille dans un cadre paisible, à la campagne, aux portes de la ville. Environnement, architecture, décoration, lumières, ambiances sonores et olfactives sont les composantes nécessaires pour un voyage des sens réussi.

Elle : - Ouais. Ça sent surtout les frites.

Moi : - Merci de ne pas m’interrompre, je vais perdre le fil. Où en étais-je ? Ah oui… (Reprenant une voix enjôleuse) Ici, vous serez coupés du monde qui vous entoure. Entre détente et harmonie, évadez-vous le temps de ce week-end prolongé. Oubliez le stress du quotidien et profitez d’un moment de bien être dans un lieu d’exception. Calme, confortable et élégant, il vous offre tout le bien-être d’un établissement de charme et de tradition familiale, symbole de l’Art de vivre à la française, en se basant sur les grands principes du feng shui. Totalement relooké, il dispose de dix-neuf chambres soigneusement décorées, d’un restaurant, d’un jardin agréable et de facilités gratuites comme le WIFI, un sauna et une salle fitness.

Elle : - Oh, ce n’est que le garage de tes parents, n’en rajoute pas trop non plus ! Bon, très bien, la présentation – sauf la fin. Le jardin agréable, peut-être – mais franchement, les dix-neuf chambres, tu croyais que ça allait passer ?

Moi : - Tu voulais du rêve et de la fantaisie et je t’en ai donné, non ?

Elle : - Ouais, OK, admettons. C’était assez réussi… Mais il faudrait supprimer l’odeur des frites pour que l’illusion fonctionne un peu.

Moi : - Tu sais très bien que mes parents cuisent leurs frites dans leur garage pour éviter l’odeur de graillon dans le reste de la maison. Tu n’as donc aucune autre solution que de faire avec.

Elle : - C’est surtout le fait que ça ruine un peu tes effets… Quelques jours au sec vont me faire du bien de toute façon. C’est à ça que je vois que ce sont les vacances de fin d’année, quand je retrouve Grande Sœur dans ce garage. Cela dit, elle n’est pas bavarde.

Moi : - Mmm. Grande Sœur fait semblant d’hiberner mais ne trompe pas son monde pour autant.

Grande Sœur : - …

Moi : - On sait très bien que mon père te sort pour aller faire les courses.

Grande Sœur : - …

Moi : - L’hibernation est un état d’hypothermie régulée, avec une diminution de la consommation d’oxygène, du rythme respiratoire, du rythme cardiaque, du flux sanguin et du taux d’hormones de croissance. Toutes choses qui ne concernent pas les voitures, mais les animaux à sang chaud…

Grande Sœur : - …

Moi : - …et certains animaux à sang froid comme les grenouilles, certains poissons, les lézards et les tortues.

Grande Sœur : - Ah non, j’suis pas une tortue.

Moi : - À la bonne heure, tu as retrouvé ta langue, ou du moins ce qui te sert à parler.

Grande Sœur : - Grumpf, les vacances, c’est le retour des hippies et moins d’espace pour moi.

Elle : - Oh ça va, hein ! Je ne te prive de pas grand-chose ! Tu ne peux tout de même pas occuper les deux emplacements à la fois !

Moi : - Laisse, elle n’a pas l’habitude de partager. Ça peut être un sujet de conversation entre vous deux pour la nuit de Noël : trouver un terrain d’entente pour cohabiter dans l’harmonie. Ce serait tout à fait dans l’esprit de Noël.

Grande Sœur : - Vous voulez de l’esprit de Noël ?… Je vais vous en coller ! Marie-Apolline, tu peux faire ce que tu veux dans mon garage, dans la mesure où ça reste dans le cadre de ce que je veux bien que tu fasses.

Moi : - Je ne suis pas certaine que ce soit tout à fait ça, l’esprit de…

Elle : - Ton garage !!! Arrête de te la jouer perso ! Et les règles de l’hospitalité, d’abord ?

Grande Sœur : - Tu oublies qu’on est dans un établissement de charme et de tradition familiale ! Avec WIFI !!! Ça se monnaie, séjourner dans ce genre d’endroit !

Moi : - Eh bien voilà une excellente base de discussion et une super nuit de Noël en perspective ! Je vous laisse, le champagne va tiédir…

Grande Sœur : - Et puis on n’attend personne d’autre j’espère ? Parce que je vous rappelle que pas plus de six adultes ensemble, hein !!!

Moi : - Bah, on n’est pas nombreux…

Elle : - Oui, mais comme tu manges comme quatre, toi et tes parents, ça fait déjà six. »

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