10 octobre 2020, 9h23 (Mud)

2 minutes de lecture

Elle : « Pouah ! Je me disais bien que les belles routes, ça ne pouvait pas durer !

Moi : - Arrête de râler, on est arrivées.

Elle : - Ils n’ont manifestement pas refait toutes les chaussées dans le coin. Ah, berk-berk-berk ! Que de boue, que de boue !

Moi : - Mais quelle chochotte !

Elle : - Tu pourrais pas passer ton samedi avec tes copines, à boire le thé bien tranquillement, plutôt que de m’emmener ici aux petites heures du matin ?! Et puis d’abord, où est-ce qu’elles sont passées tes copines ?

Moi : - Que sont mes amies devenues, que j’avais de si près tenues ? Elles ont été trop clairsemées, je crois le vent les a ôtées.

Elle : - Le vent a bon dos. T’as pas l’air trop empressée de reprendre une vie sociale.

Moi : - Arrête un peu, profite du moment, de cette tranquillité…

Elle : - On profite moyen quand on est craspec ! Et tel que je connais ton entrain à me laver, je vais rester comme ça chais pas combien de temps ! Ah ben je comprends pourquoi le cimetière ici s’appelle "Tranchée de Meknès" : j’ai bien cru qu’on allait jusqu’à Meknès par le fond d’une tranchée !

Moi : - Ça change de la route de tout à l’heure. Là au moins, c’est l’aventure !

Elle : - Tu parles d’une aventure ! Le jour où tu cesseras de me prendre pour un 4x4 ou un SUV, ça ira peut-être mieux. J’ai pas vu de route aussi accidentée depuis… depuis…

Moi : - Le cimetière de Zouave Valley, près de Souchez, il y a un an et demi.

Elle : - Ah oui c’est ça. Une route à gros cailloux complètement perdue dans les bois pendant les trois quarts du chemin. On ne savait plus où on était, on ne savait même pas si on pouvait aller jusqu’au bout.

Moi : - Mais avoue que ça valait la peine.

Elle : - Pfou ! Moi, après une séquence "sensations" comme ça, il me faut bien une demi-heure pour que je me remette ! Alors, la bucolité du paysage, le romantisme de ce coin de nature oublié de tous, ça me passe assez largement au-dessus du capot !…

Moi : - La bucolité ???

Elle : - Franchement, on n’a pas idée d’aller se faire tuer dans des coins comme ça ! Ils pouvaient pas se faire tuer près des grands axes routiers, les Anglais ?

Moi : - Pendant la guerre 14-18, les grands axes routiers avaient été plus ou moins rayés de la carte, ou alors n’existaient pas. Tiens, par exemple, l’autoroute que l’on voit là-bas à distance n’était pas encore construite.

Elle : - Rheu ! Mais on parle de quelle époque, là ?

Moi : - D’il y a un peu plus d’un siècle.

Elle : - Un siècle, en années-voiture, c’est énorme ! C’est avant la préhistoire.

Moi : - J’ai l’impression d’entendre parler mes étudiants. C’est vrai que vous avez en commun d’être nés au XXIe siècle et de ne pas avoir encore connu grand-chose.

Elle : - Pardon, on a déjà connu une pandémie de type mondial, et ça, c’est déjà pas rien.

Moi : - Bon d’accord…

Elle : - En tout cas, il se mérite, ce cimetière militaire… Regarde-moi comme je suis, maintenant !

Moi : - Eh bien ! On dirait que tu as une robe à pois ! C’est pas joli ?

Elle : - Non, la couleur caca d’oie sur un fond bleu Majorelle, c’est pas franchement jojo. Oh Saint Éléphant Bleu, que ton Nom soit sanctifié, que ton règne arrive sans tarder, et que ma volonté soit faite… »

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