10 octobre 2020, 8h05 (…à la campagne)

2 minutes de lecture

Elle : « J’le crois pas. Dis-moi que je rêve.

Moi : - Je ne l’aurais pas cru moi-même.

Elle : - Tu es sûre qu’on est dans l’Artois ?

Moi : - Bah oui.

Elle : - Jamais vu une route comme ça.

Moi : - Je m’y attendais pas non plus. Pour une petite route de campagne, c’est un vrai billard.

Elle : - S’ils refont les chemins à tracteurs, où allons-nous ?

Moi : - Tu l’as dit, ça va pas du tout, ça… On ne se sent plus dépaysé…

Elle : - Bon alors, qu’est-ce qu’on fait ?

Moi : - Je continue à pied et tu vas m’attendre sagement ici.

Elle : - Pas à côté de ce truc ?

Moi : - Je ne vois pas d’autre endroit où on peut se ranger sur le bas-côté dans les environs.

Elle : - Non mais ça pue !

Moi : - Eh bien c’est pour ça que je ne vais pas m’éterniser et m’éloigner de ce pas.

Elle : - Heu, c’est normal si ça fume ?

Moi : - Oui, c’est normal. Ça veut dire que c’est en décomposition. Il y a des petites bactéries à l’œuvre, qui font leur travail, avec des champignons, des insectes…

Elle : - Aaaah, une usine à COVID !!!

Moi : - Meuh non, bêtasse. C’est un engrais naturel.

Elle : - Eh ben le naturel, ça pue. Pire, je suis sûre que ça pollue. Et m’est avis que la pollution de l’air permet une meilleure diffusion et donc une meilleure transmission des agents pathogènes tels que le coronavirus.

Moi : - Heu ?

Elle : - Ben ouais, qui dit pollution dit augmentation du taux de particules fines, et les particules fines servent de vecteur au virus qui se déplace d’autant plus facilement lorsque l’air en est chargé.

Moi : - Depuis quand tu es spécialiste en particules fines, toi ?

Elle : - Depuis que j’ai un pot catalytique. C’est-à-dire depuis toujours.

Moi : - …

Elle : - Ah, ça t’en bouche un coin, hein !

Moi : - C’est surtout que le coronavirus circule par voie aérienne via les postillons que produisent les humains, et donc il n’y a pas d’histoires de particules fines là-dedans.

Elle : -Il n’y a pas de postillons dans ce tas boueux ?

Moi : - Non, c’est essentiellement du caca de vache.

Elle : - Et elles bavent pas, les vaches ?…

Moi : - Elles ne bavent pas sur leurs bouses, que je sache…

Elle : - Tu t’y connais en vaches, toi ?

Moi : - Non mais ça devient insensé, cette conversation ! C’est pas tout ça, mais je n’ai pas que ça à faire, moi !

Elle : - Me laisse pas à côté, s’te plaît. Je vais faire une détresse respiratoire.

Moi : - Oh là là, mais tu dois être la voiture la plus délicate de tout l’Ouest !

Elle : - Ah, on a quitté le Nord ?

Moi : - Oui, on est dans le Pas-de-Calais. Qui est à l’ouest du Nord. Bon, laisse-moi aller prendre mes photos… Au-delà du tas de fumier, il y a un charmant cimetière militaire…

Elle : - Et ils sont tous morts à cause des mauvaises odeurs, les soldats britanniques ?

Moi : - Nan, les gaz toxiques, c’était pas ici. »

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