10 mai 2020 (Apocalypse now)

2 minutes de lecture

Épilogue – 2e non-fin

Elle : « Cette photo doit dater de 2025 ou 2026. Il y eut d’abord les épisodes d’enfermement – le tout premier avait été surnommé "Confinement", un coup de semonce assez rude auxquels la plupart des humains n’ont pas suffisamment fait attention. Je veux dire que certains ont voulu reprendre leur vie comme si de rien n’était et les autres se sont occupés des dégâts provoqués par la crise, sans plus se demander de ce que cela augurait. Ces humains pourtant parmi les plus altruistes ont paré au plus rapide, mais que pouvaient-ils faire d’autre ?… Ils n’avaient pas encore compris. Et ainsi les épisodes se sont succédé durant plusieurs années, parce que bien sûr la COVID-19 a muté, les vagues d’infections se sont succédées les unes aux autres. Et puis il y eut cet accident au nord, au bord de la mer. Les humains avaient négligé la Centrale, occupés qu’ils étaient ailleurs… De plus, comme certains ingénieurs étaient très malades – quand ils n’avaient pas succombé –, leurs compétences faisaient défaut… Bref, des humains ont fui dès l’annonce de l’accident, d’autres n’ont pas eu le temps ou sont restés, un peu trop confiants, ou peut-être avaient-il déjà renoncé. C’est ainsi que le parking s’est clairsemé. Un jour, je n’ai plus vu qui que ce soit.

Je vois sur le cliché que la nature n’avait pas encore trop repris ses droits quand j’ai été photographiée. C’est marrant de constater que jusqu’au bout, les humains qui n’avaient pas été décimés par la maladie ont tenu à tout garder en l’état. Ça se voit encore bien… Enfin, je veux dire, tout ne s’est pas écroulé d’un seul coup. C’est pour ça que je peux à peu près mettre une date sur cette image. Ce doit être un satellite qui m’a shootée automatiquement lors d’une de ses révolutions autour de la Terre – la plupart des machines programmées ont continué à fonctionner plusieurs années sans problème. J’ai bien entendu bénéficié de la compagnie des pigeons pendant quelque temps, mais à la fin ils ne savaient plus trop voler – surtout après la pluie noire. Leur disparition fut à vrai dire un soulagement, car leur fiente corrodait salement la peinture de ma carrosserie…

Moi : - Eh bien ! Je te montre la photo satellite de notre quartier trouvée dans Google Maps et c’est tout ce que ça t’inspire ?

Elle : - Tu n’aimes pas mon petit scénario catastrophe ?

Moi : - Parmi tout ce qui est envisageable, ça fait partie des hypothèses les moins séduisantes.

Elle : - Ça manque de crédibilité ?

Moi : - Non, pas vraiment, et c’est bien ça le pire… Là, on est vraiment à la croisée des chemins, et bien malin sera celui qui peut prédire de quoi nos lendemains seront faits.

Elle : - Alors, rendez-vous à la prochaine crise pour vérifier à quel point j’avais tort ?

Moi : - Peut-être…

Elle : - Bon, c’est pas tout ça, mais on va reprendre la route ?

Moi : - Je te sens impatiente, toi ! C’est prévu, dans le courant de la semaine prochaine, si le temps le permet.

Elle : - Et on irait où ?

Moi : - Le Touret cemetery and memorial. C’est dans les Weppes. »

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