30 avril 2020 (Rébellion)

3 minutes de lecture

Elle : « Ah, je vois qu’on a fait un shampooing.

Moi : - Oui, bonjour, au fait !

Elle : - Non mais regarde ça, Ursula ! Elle utilise un shampooing activateur de pousse, c’est pas possible !

Moi (soupirant) : - Et c’est reparti pour un tour !

L’autre : - Laisse-la un peu avec ça…

Elle : - J’en connais une qui va se précipiter chez le coiffeur dès la semaine du 11 mai…

Moi : - On verra mon emploi du temps à ce moment-là.

Elle : - Mais j’y pense, ça va être compliqué pour aller en centre-ville !

Moi : - Comment ça ?

Elle : - Ben, tu vas bien être obligée de prendre les transports en commun pour y aller ?

Moi : - Oui, et puis ?

Elle : - Ça va être la honte dans le bus ou dans le tram. Tu vas oser aller au centre de Lille comme ça ?

Moi : - Non mais attends !?!

Elle : - Moi je ne vois qu’une seule solution dans ton cas : la burka. Ton béret noir ne suffira pas à les cacher.

Moi : - Ce n’est pas un temps à porter un béret, il fait trop beau pour ça. Et puis tu exagères un brin, j’ai les cheveux qui ont juste un peu plus de texture que d’habitude.

Elle : - "Un peu plus de texture", ben voyons ! C’est pour ne pas dire "hirsutes" ?

Moi : - Mais c’est quoi cette fixette sur mes cheveux ? Et le propriétaire d’Ursula, il n’a pas les cheveux hirsutes, lui ?

L’autre : - Oui mais lui, il a tout le temps les cheveux en bataille, c’est une constante chez lui. Das ist sein Stil.

Elle : - Et là, on ne fait plus vraiment la différence chez toi entre cheveux blancs et cheveux blonds.

Moi : - C’est un blond cendré ! Encore une fois, est-ce qu’on reproche au propriétaire d’Ursula ses cheveux poivre et sel ?

Elle : - Oui, mais lui, c’est un homme.

Moi : - Ça alors !!! Ne me dites pas que vous êtes capables de m’emmerder pour trois expressions que vous trouvez sexistes, mais vous allez passer bien des choses à un homme au prétexte que "lui, c’est pas pareil" ?!

Elle : - Ben non, un homme et une femme c’est pas pareil. Toi, t’as acheté une Twingo, lui il a acheté une Porsche.

Moi : - Dans ce cas-là, il y avait peut-être aussi une question de budget, tu crois pas ?

L’autre : - Honnêtement, vous, vous auriez acheté une Porsche rouge ?

Moi : - Honnêtement ? Heu… non.

L’autre : - Ah ! Vous voyez ?

Moi : - Que répondre à ça ?… "Balance ta tire" ?

Elle et l’autre : - …

Moi : - Pfff, y a du boulot, hein. Contre les préjugés sexistes, il faudra plus d’une chanson d’Angèle… Oui, celle qui passe à la radio malgré ses mots pas très beaux… Bon ! Je vois qu’il va falloir secouer le cocotier.

Elle : - Le quoiquetier ?

L’autre : - Cocotier. C’est une sorte de palmier, un arbre qui pousse dans les régions chaudes.

Elle : - Mais de quoi tu nous causes ? C’est quoi ce palmier que tu veux agiter ?

Moi : - C’est une expression pour dire que les choses doivent changer ! Pour votre information, et pour que vous me fichiez la paix avec mes cheveux, je déclare qu’à la date d’aujourd’hui, je fonde un mouvement nommé LFI, dont le symbole sera la lettre grecque ψ* et dont je serai la présidente et l’unique membre – du moins pour le moment.

Elle : - Ah ? LFI ? ψ ?

Moi : - Oui, La Frange Insoumise. Et ψ comme "psychopathe", hin-hin-hin. Mon but est de réformer la société en profondeur en me battant contre les diktats automobiles. Mon programme s’appelle "L’avenir des humains et des voitures en commun."

L’autre (à voix basse) : - Elle est sérieuse quand elle dit ça ? Elle nous fait le coup de la frange qui gagne, c’est ça ?

Elle (sur le même ton) : - Je n’en sais rien, comment veux-tu que je le sache ?

Moi : - Vous ne vous en rendez pas compte, mais il n’y a pas que du mauvais dans cette crise capillaire majeure que nous traversons. Comme tout le monde a plus ou moins les mêmes problèmes de cheveux en ce moment, on a nettement moins de selfies sur Facebook. Eh ben croyez-moi… ça s’apprécie.

Elle : - Et alors, ils postent quoi, les gens ?

Moi : - Qu’est-ce que tu crois… Les gens sont tout fiers de montrer leur pain.

Elle : - Ah ? De belles baguettes ? De belles miches ?

Moi : - Eh bien ! C’est croustillant, ce que tu dis ! »

* psi

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