25 avril 2020 (Terrible jungle)

4 minutes de lecture

Moi (chantonnant) : « Ah que j’aime le samedi, quand on peut se prélasser dans son lit en lâchant des perlouzes…

Elle : - C’est ce qui explique pourquoi tu sors aussi tardivement aujourd’hui ? Le relâchement ne concerne pas que les cheveux, à ce que je vois !

Moi : - Plains-toi, je suis encore présentable. Un sondage publié il y a une semaine fait état qu’un tiers des Français ne prennent pas ou plus de douche quotidiennement, et que 41 % des hommes confinés en solo ne changent pas de slip tous les jours.

L’autre : - Voilà qui va faire encore beaucoup pour la réputation des Français.

Moi : - On est tous obligés à divers niveaux de changer nos habitudes.

Elle : - Sauf nous.

Moi : - Pardon, tu roules nettement moins qu’avant.

Elle : - C’est vrai.

Moi : - Rassurez-vous, les filles, comme les gens vont avoir la pétoche d’emprunter les transports en commun, les voitures individuelles ont vraisemblablement encore un bel avenir devant elles.

Elle : - Youpiiiiiiii… !

L’autre : - Bonne nouvelle.

Moi : - À moins que le vélo ne devienne vraiment à la mode.

Elle : - Rhôôôôô non…

Moi : - Un élan écologique de ta part aurait été étonnant…

Elle : - Écologique ? Pourquoi être écologique ? Tu peux m’expliquer ?

Moi : - Cette période très particulière a renforcé la sensibilité écolo de très nombreuses personnes. La qualité de l’air est meilleure, notamment parce que vous êtes à l’arrêt, les filles ! On entend bien plus les oiseaux, on mange un peu plus local… Bref, les gens prêtent plus attention à la nature.

Elle : - Sont cons, les gens. Y a rien de plus beau que d’entendre un moteur tourner comme une horloge.

Moi : - Ils aspirent à un plus grand contact avec la nature. Ça peut se comprendre, tu sais. On a de la chance d’avoir des arbres ici et un parc urbain à proximité, même si on ne peut pas y aller depuis un mois, mais beaucoup de personnes n’ont que le béton pour seul horizon.

Elle : - En contact avec la nature, mais dans un monde complètement aseptisé ? Les pelouses vont devoir être désinfectées ?

L’autre : - Mais non, allons, les plantes ne transmettent pas la maladie… Et vous-même, vous avez développé une fibre écologiste ces derniers temps ?

Moi : - Ah oui, totalement ! Par exemple, maintenant, je fais pipi partout. Je fais pipi sous la douche pour économiser le papier toilette, devenu un produit rare. Je fais pipi sur les arbres pour les faire profiter de l’azote contenue dans mon urine. Je fais aussi pipi sur mes plantes sur le balcon pour faire des économies d’eau d’arrosage.

Elle : - Eeeeh bien, il y a des voisins dans le bâtiment d’en face qui ne doivent pas s’ennuyer !

Moi : - J’y vais exclusivement la nuit. Oh, et puis au nombre de mes petits gestes pour la planète, il y en a un dont je suis particulièrement fière ! J’ai fini par trouver une solution pour les paquets de photocopies inutilisées qui me restent sur les bras : je fais des brochettes au-dessus d’une grande flambée de polys.

L’autre : - C’est bien.

Elle : - Eh bien voilà ! Tu fais finalement ton stage de survie, mais sans les animaux sauvages autour.

Moi : - Comme dirait Pierre Rhabi, je fais ma part ! La prochaine étape : transformer mes selles en compost en les mélangeant à mes coquilles d’œufs, et m’ouvrir encore plus à la nature. Je suis convaincue qu’il faut récolter les fruits de notre Mère à tous avant que tout ne finisse en petit bois.

Elle : - Hein ? Tu peux répéter ça ?

L’autre : - C’est un coup à se prendre des pommes de pin sur le capot…

Moi : - Autre chose : mon gel capillaire est sans paraben. Petit geste pour la Terre, grand effet sur les cheveux.

Elle : - Tu pourrais aussi t’en passer, vu l’usage que t’en fais.

Moi : - On peut se passer de shampooing aussi, tant qu’on y est, mais je n’ai pas envie de faire une cure de sébum.

Elle : - Une cure de quoi ?

Moi : - De sébum. On en parle dans la presse actuellement. Le but avoué est de laisser graisser ses cheveux pendant des semaines pour soi-disant les fortifier, mais le résultat réel est plus proche de la feta grecque baignant dans de l’huile d’olive que de la crinière douce et soyeuse.

L’autre : - C’est le genre de choses qu’il vaut mieux en effet tester en période de confinement.

Moi : - Pour ma part, je vais peut-être essayer un shampooing vegan.

Elle : - Pourquoi, ça se mange, le shampooing ?

L’autre : - Qu’est-ce que tu es lourde, parfois !

Elle : - Ben, j’ai du mal à suivre. Vegan, ça se mange pas ?

Moi : - Non, pas forcément. Ce sont des shampooings respectueux de l’environnement.

Elle : - Ça prend soin de l’environnement ou de ton cuir chevelu ?

L’autre : - Laisse tomber, cela ne nous concerne pas.

Moi : - Mmm, sinon, je ne vois pas ce que je pourrais faire de plus pour sauver la planète… Oublier de prendre ma douche, comme certains le font déjà ?

Elle : - Là, je dis niet, ou alors tu peux te chercher une autre voiture !!! Ou bien il faudra m’acheter tout plein d’arbres magiques pour désodoriser l’intérieur.

Moi : - Soit les seuls arbres non écologiques que je connaisse… »

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