25 mars 2020 (Into the wild)

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Moi : « Ça y est, j’ai trouvé un stage de survie sur Internet.

Elle : - Mmm, j’espère que ça vaut la peine de m’interrompre dans mon apprentissage des auxiliaires allemands.

Moi : - Ah bon, tu attaques le dur ?

Elle : - Ja, ich habe einen Bruder. Ich bin krank. Ich werde intelligent.

Moi : - Ouais, sympa.

Elle : - Alors, ce stage ?

Moi : - Je te lis, j’ai imprimé la brochure. Ça s’appelle "Big bite et couteau." Cinq jours en Périgord Noir dont trois nuits en bivouac.

Elle : - Y a pas comme un problème ?

Moi : - Quoi ? Le Périgord ? T’inquiète, ils se sont adaptés. Ils télétravaillent, comme tout le monde.

Elle : - Et donc, c’est quoi le concept ? Le Périgord Noir, mais chez soi ?

Moi : - Je crois que c’est ça.

Elle : - Eh bien ! Déjà que le Sud-Ouest, ce n’est pas exactement l’Amazonie…

Moi : - Ça a l’air bien, tu sais. Écoute un peu : "le concept de ce stage est très simple : survivre avec uniquement sa bite et son couteau."

Elle : - Classieux. La force du chêne, la délicatesse du gland.

Moi (lisant) : - "Ce stage est bien évidemment ouvert aux femmes."

Elle : - Ouf, j’ai eu peur.

Moi : - Il y a aussi le stage "Little bite", mais ça me paraît moins bien. C’est moins alléchant.

Elle : - Alléchant, oui. C’est le mot.

Moi : - Attends un peu le programme. Je te lis ça. "1er jour : 8h, réveil : petit déjeuner (non fourni), café offert." Sympa ! On peut apporter ses croissants !

Elle : - Ça commence fort, pour un stage de survie.

Moi : - "8h30 : départ du camp de base, départ pour le lieu du bivouac. Initiation aux techniques d’orientation en pleine nature, observation de la végétation, gestion du stress, cueillette, collecte et transport d’eau, etc."

Elle : - Attends un instant. Tu vas faire ça où ? Entre ta chambre et ta salle à manger ? Entre le bâtiment A et le bâtiment B ? Et puis si tu te mets à observer les plantes, je te rappelle qu’entre la pelouse et quelques arbres, il n’y a pas grand-chose d’autre ici.

Moi : - Quelle rabat-joie. Il y a une solution à tout, tu sais. Et pour les plantes, tu as oublié la haie. Je reprends : "13h : arrivée sur le site du bivouac – choix d’un lieu adéquat pour monter le bivouac. Apprentissage sur la fabrication d’un feu (sans allumette ni briquet). 16h30 : apprentissage à la fabrication et au maniement d’armes et de pièges (arc, flèche, harpon etc.). 17h30 : départ d’une expédition. 18h30 : repas autour du feu constitué uniquement des fruits de la pêche, chasse et collecte de l’après-midi."

Elle : - Ouh, ça sent le repas frugal à base de moineaux. Avec quoi tu fais ton feu, ton arc, tes flèches ? Tu vas pas ruiner les cerisiers du Japon de la résidence, si ? Et l’expédition ? Vous allez faire ça dans le garage à vélos ?

Moi : - Ce serait intéressant de savoir où ça mène, tout ça…

Elle : - Bah, au vélo de ville six vitesses de ta voisine du dessus.

Moi : - Je parlais du stage… La dernière journée, ça donne quoi ? Voyons… "4e jour : 12h, fabrication de corde. Atelier brancardage. Apprendre comment être localisable en se servant du feu. 13h : sensibilisation aux gestes de premier secours. 19h : repas autour du feu constitué uniquement des fruits de la pêche, chasse et collecte de l’après-midi. Atelier brancardage et porté de blessé. 20h, veillée : récit, impressions, cohésion du groupe. Gestion de la fatigue et du manque d’eau et de nourriture."

Elle : - Il y a manifestement un truc qui se passe entre le premier et le quatrième jour.

Moi : - Et il y en a pour 395 € TTC, dont un euro versé pour la reforestation.

Elle : - C’est la moindre des choses, après avoir ravagé les bosquets pour faire du feu, construire son abri, confectionner des frondes et des brancards…

Moi : - Évidemment, tout est adapté pour l’appartement : descente en rappel du balcon, bivouac en plein air quand c’est possible (balcon, toit…), s’éclairer à la lampe à huile…

Elle : - Tu vas ruiner ta réserve d’huile de sésame pour ça ?

Moi : - Si l’exposition des fenêtres ou des balcons le permet, il est assez facile paraît-il de faire un récupérateur d’eau de pluie. Si on est dégoûté de boire de l’eau de pluie, elle peut servir pour se laver, à la cuisine, dans les toilettes.

Elle : - On peut tirer la chasse, aussi.

Moi : - Il y avait un salon du survivalisme qui devait se tenir à Paris le week-end dernier. Ils ont dû annuler.

Elle : - C’est ballot, ça. Pour une fois qu’il y a une véritable catastrophe en cours, les survivalistes auraient pu se tester… Ich kann, du kannst, er kann, wir können, ihr könnt, sie können… »

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