Combat personel

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Travestissement de la Puissance

Ce qui se cache derrière la fin du monde : l’acception de l’identité comme la conséquence presque entière de sa peur. Comme chacun Homme loin du Surhumain, nous sommes le produit de la seule phobie de la vérité. La nature nous imposait de trop forte contradiction : lisse a la surface, d’une le petit œil amateur y voyait pourtant une profondeur sans fin. Alors l’homme a construit – par valorisation et morale – une société et une identité, comme une économie minutieusement organisée contre la manifestation directe de ses affres – contre l’étrange profondeur de chaque chose.

Dès lors, accepter la fin du monde nous condamne à perdre ce qu’on fut depuis le début. Face à nous, maintenant : la perdition des forces étranges, l’absence de valeur naturel. Nous perdons nos appuis, maintenant seuls face à une existence inédite. Qui peut affronter un tel monstre ? Notre volonté de puissance peine à s’exprimer autrement qu’en étrange prophétie incompréhensible par notre esprit, paniqué de ne plus rien percevoir qui ne soit pas un mystérieux danger.

" Ou est donc le réel ? Où est donc m’a vu ? Comment puis-je perdre ainsi ce que je suis ? "

L’identité qui s’effondre, il n’y a pas plus grande force, douleur et danger. L’instinct de conservation y voit un danger de mort : c’est pourtant le prix a payé pour la légèreté. Elle est le signe de la liberté même s’installant dans la décadence. Le fracas est celui du mensonge destituer du monde devenu nature et terre et soleil. Briser l’univers imposteur pour le vide, oui, mais aussi la chance de découvrir son univers à soi.

Mais il faut être un fou pour s’aventurer la, convaincu qu’il y a un bien a l’œuvre, et illuminé par une foi inédite pour se croire capable de créer un monde de ses forces à partir des ruines de l’ancien.

Ainsi seul les fous peuvent avancer vers le surhumain : jusqu’à toucher un mur bien réel, hors de toute métaphore et spéculation. Le mur froid et sans vie de l’effondrement, inévitable.

Perdition


Quand les murs du vieux monde s’effondre, l’âme hurle souvent ces mots :

" L’existence ne serait être cela !

Je ne vois aucune terre connu, aucun bonheur, aucune satisfaction !

Là, je vois seulement la frustration, l’incompréhension et le danger.

Comment s’en satisfaire, tout cela est étranger.

Où est ma terre ? Où est mon abri ? "


Leçon de vie


Parfois, on souffre pus que nécessaire. Avec le recul, on se rend compte d’une triste vérité : on souhaitait se faire du mal. Cela arrive au esprit noble avec une force si déloyale, si vicieuse, si précise – au-delà de la grossière mutilation décadente – qu’on en vient a se demander la cause.


Je l’ai senti plus d’une fois : quand l’autodestruction est humiliante, je vois la marque d’un instinct noble, rendu impuissant et vicieux car incapable de gouverner. Il veut s’étendre mais trouve, devant lui, trop de contrainte pour le faire. Alors il blesse, le malin, car il le sait : l’orgueil est une force et l’humiliation peut provoquer un sursaut : d’autant plus que la construction d’un telle orgueil, conséquence d’une élaboration d’une morale personnelle, est précisément la chose la plus forte et primitive du développement personnelle.

L’orgueil est créé, non pour s’étendre, mais pour être abattue par la caricature des forces nihilistes : on attend de lui une réponse, qu’il se mette en colère et qu’il brise son monde. L’orgueil doit être utilisé et malmenée. Il est une force si mécanique et artificielle qu’il ne peut être autrement – du moins pour l’instant.

Il en résulte de la violence : il faut s’y habituer. Il en résulte une perdition, un effacement : ainsi-soit il. C’est là le chemin obligatoire. Les grandes méthodes pour le devenir, nous créons avec ce que nous sommes : et si le beau doit naitre de telle stratégie – alors bon, d’accord.


De l’orgueil blessé jaillit une force : d’elle, on peut briser les narcotiques bien plus facilement. C’est là son rôle, sa finalité, sa cause.


Le droit au bonheur


On recherche souvent ce qui nous blesse, qui vient briser la santé : simplement parce qu’un échec est plus facile a vivre s’il peut être projeté sur la maladie plutôt que l’impuissance ; sur l’éducation de son enfant que sa léthargie névrotique. En vérité, on a peur du bonheur, peur qu’il ne suffise pas. On se croit au fond incapable d’y parvenir ou de s’en satisfaire : privé du phantasme du bonheur, que nous restera-t-il ? Alors l’inconscient somatise au mieux : on se complait malade dans la recherche constante d’un avenir rêvé.

Tant qu’on cherche, le mensonge est possible, une économie d’âme peut rester dans les sous-terrain de l’humanité : oser le bonheur, c’est un privilège des fous.


Le problème de la conscience


Le vertige de Nietzsche, c’est pensé l’humanité et sa morale comme une conséquence d’instincts non domptés. Le réel devient un mensonge, une projection du personnel : il fait un seul pas vers le relativisme, il brise la notion de vérité et propose une autre opposition, non mathématique mais humaine : la santé contre la maladie, la décadence contre la noblesse.

Il nous fait gagner en légèreté : maintenant, les mondes se créer et se détruit simplement, au fils des instincts, de leurs outils matériels, de leur environnement. De toute façon, on ne doute plus de la capacité de l’homme à créer un monde fictif de conviction simplement par peur, par besoin de faire société et par habitudes. Il y a ici précisément sa constante production.

Le même homme fut athénien, consommant, bouddhiste et Maya. Tirons la conclusion : la conscience s’adapte aux nécessités. La vérité a toujours été le jouet de l’âme, prêt à croire, à se convaincre que « ceci est bon mais cela non », a se travestir et s’affirmer par tous les moyens à sa disposition afin de se plier aux demandes du corps, du groupe et des volontés.

« Mais j’ai ma conscience ! » Hurle-le consommant, avant de cligner des yeux.

Oui, la conscience comme tu le dis ! Comme tu l’invoques par cette parole, magique ! Mais quel grand mot pour décrire une chose si contingente. Si la morale ne tient qu’a si peu de chose – le “soi”, lui, n’est presque rien. Et au vu de notre conversation, mon ami, nous avons deux consciences bien différentes, qui se déploie différemment, qui s’étende sur deux monde différents et joui de deux bonheurs et deux malheurs différents. Comment l’expliques-tu ?

L’homme moderne est un presque rien : il se contente d’être le produit de dominations extérieurs. Ils prêtent comme chaque peuple décadent avant lui a l’universalité et à la destinée de son être. Ils se croient supérieurs aux influences du monde, persuadé que penser est synonyme de liberté et d’intégrité. Berné par un dualisme ridicule, ils croient à l’âme parfaite et au-dessus de tout. Son monde doit être le monde.

Mais sa croyance matérialiste – sa conviction donc son mensonge qu’il nomme vérité par peur de l’oublier – n’est bercé que par les foules. Rien d’autre ne le conserve au chaud – ni l’histoire, ni la pensée, ni la solitude.


1888 – 2


Nous l’avons connu, nous aussi, cette drôle de reprise en main du réel. Nos yeux avaient leurs habitudes : nous avons malgré tout plongé notre corps et notre esprit dans le noir, sachant très bien qu’un jour, nous seront chez nous. Mais nous avons osé avant les autres. Ce risque, ce danger, cette destruction par un rituel que nous avons décidé de notre propre chef, voilà une grande richesse.

Nous connaissons cette fausse-douleur que la masse redoute, elle qui est plongée dans ce faux-bonheur aujourd’hui insupportable à notre raffinement. C’est notre passée et c’est leurs avenirs. Par nos luttes, nous avons gagné du temps et quelques certitudes. Nous le savons : un vrai bonheur se conquière par une véritable souffrance.

Mais que faire de nées années et nos vérités ? De notre force et de notre liberté conquise ?

Doit-on accepter de se détacher du reste de l’humanité ?

Avons-nous cette force et ce mépris ?

J’y vois pourtant là un grand moyen de sauver de l’histoire et de l’humain. La masse grouille et nous sommes là mes frères, nous existons. Comment expliquer autrement nos paroles si tardives, notre habilité naturelle à s’élever comme nos ancêtres ? Prisonnier d’un même monde, dans l’attentent constante d’un changement ou d’une révélation, sinon d’une force enfin révolutionnaire : les fractaliens continuent leurs combats pour eux-mêmes – au milieu des flammes et des cris sourds.

Mais l’oreille toujours tendue vers l’horizon : dans l’attente d’un murmure venu du passé : les paroles du nouvel antéchrists comme premier départ. Les entendus, mon frère, ma sœur ? Il arrive bientôt, continu a le guetter, notre dernier espoir…

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