La Balance

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Jour 12



Voilà, c'est dit ! Je vais quand même pas me faire emmerder par une loupiote, non ? D'ailleurs, elle se le tient pour dit parce qu'elle paraît plus calme, ne scintille plus que d'un charmant petit éclat régulier.
Et puis, je ne sortirai pas d'ici avant de savoir ce que j'y fais !
Et moi, maintenant, j'ai bien envie de faire le fanfaron.. Faut bien que je me remette de mes émotions. En plus, je sais maintenant quelle fameuse question je dois me poser !

Laquelle ? Allez, je ne vais vous faire perdre plus de temps que nécessaire même si, vous pouvez le constater en même temps que moi, je tire un peu à la ligne pour faire durer le plaisir...
Question : suis-je assez constant pour aller au bout de l'exercice ? Si je regarde bien la situation, ce n'est rien qu'une histoire de volonté. A moi de décider de tout plaquer ou, au contraire, de poursuivre l'effort. Aucune autre philosophie à tirer de ça.

Ce qui, traduit en termes accessibles à un rigolo de mon genre : suis-je assez écrivain pour cela ?
Hé hé...la réponse, je la connais !
La seule difficulté à dépasser, c'est la formuler. Donc, rien d'autre à faire que ça. Et c'est bien là le problème parce qu'elle engendre une belle quantité d'autres considérations qui, plus que probablement, risquent de ne pas me plaire. Pour bien répondre à cette demande toujours fuie, il convient d'abord que je regarde les faits, rien que les faits. Pour les considérer avec un peu d'objectivité, même si, un peu plus tard, je trouverai des montagnes d'objections fallacieuses pour me redonner illusion, puisqu'il ne s'agit finalement que de vivre dans la Vérité. Enfin, une certaine vérité. Vérité mâtinée d'un peu de Mensonge pour accepter de continuer de vivre... Équilibre précaire qu'il faut savoir entretenir pour ne pas sombrer d'un côté ou de l'autre.

Allons, plus la peine de tourner autour du pot.
Rappelle-toi la question, mon cher Simon : es-tu assez écrivain pour aller au bout de Nano ?
La réponse est : oui et non.
Je devrais même ajouter : bien sûr !

J'aurais bien mal interprété la question pour parler sur un plan plus général, moins directement pointé sur mon petit cas personnel, seulement je me dis que madame lumière risque de ne pas accepter le subterfuge.
Alors, respire un bon coup, mon pote...et plonge !

Je ne suis pas écrivain. Pourtant, je le suis !
Et puis je suis écrivain sans l'être.
Ouh...je sens que ça va être compliqué, c't'affaire...
Qu'elle la grande différence entre un écrivain et moi, alors ? Attention ! Je ne parle pas de mes confrères amateurs du dimanche, ceux qui dissertent l'air savant au comptoir du café du coin. Non, non, non... Je cause des sérieux, des fronts ridés par l'effort de la Pensée. Ceux qui peuvent déclarer sans rire, à force de concentration littéraire, que le monde n'est pas rond, que l'air n'est pas transparent et qu'un pet peut provoquer une catastrophe sur la lune. Et je ne précise pas de quelle lune ils pourraient bien parler...

J'ai dit concentration ? Alors, c'est sûrement un premier indice. Oui, il faut bien reconnaître qu'il faut savoir faire preuve de concentration pour écrire, faute de quoi un texte ressemblerait vite à un écran de télé soumis aux errances d'un zappeur professionnel...
Si je dois statuer sur ce premier élément, alors la balance penche du côté non-écrivain, ce qu commence mal pour moi. Bien sûr, je peux rester concentré sur un sujet donné. Disons, quelques secondes, voire plus, les jours de forme olympique. Je pousserais bien le bouchon pour dire que je tiens pas loin de la minute entière, un peu à la manière d'un plongeur en apnée. Pas mal, hein ? Alors, concentration ou pas, longue ou non, je peux conclure tout de suite que la concentration ne suffit pas. Je pourrais digresser pendant cinq cents pages sur une sujet précis si je me donnais le temps de le faire, même à raison de cinq secondes de travail sérieux à la fois. La différence est peut-être ailleurs ?
Disons alors que la différence résiderait dans l'effort, dans la volonté de l'être ou pas. Pour être écrivain, il faut ne faire que ça. Mais qui peut se permettre de ne faire que ça ? Je laisse aux autres le soin de répondre, simplement pour ne pas me faire d'ennemis superflus.
Peu importe la courte liste de ceux qui peuvent prétendre à le devenir. En parfait égoïste et pour ne vexer personne, je ne veux aborder que mon cas.

Moi, Simon, chômeur, sans formation particulière, sans famille, sans gonzesse, sans enfant, sans avenir. Ou, plutôt, qui ne sait toujours pas ce que le mot avenir peut vraiment dire...

Si je suis effectivement tout ce que je viens de lister, il se trouve qu'en plus je ne suis pas écrivain. La balance commence déjà à s'écraser du côté qui flinguera mes illusions... Moi qui nourrit celles-ci depuis toujours, pas de bol. Prétention donc, que tout cela.
D'où m'est venue cette prétention ?

Au départ, par désœuvrement ? Pas sûr.
Que je vous explique un peu ça. Mon statut personnel, mon cas social à moi, a fini par réduire à zéro le nombre de mes connaissances, de mes amis. Ma famille elle-même a fini par imposer une distance prudente avec moi. C'est vrai que pour une famille pauvre, il est difficile d'envisager la re-prise en charge d'un plus que trentenaire... Mes parents, petits retraités aux revenus misérables, n'ont jamais pu réellement s'occuper de nous. Je dirais, toute méchanceté contenue, que le seul instant qu'ils ont passé à s'occuper de nous, fut simplement celui de notre conception. C'est peu, c'est vrai. Pourtant, ils nous transmirent un peu de leur amour, ce qui fut suffisant pour faire battre nos cœurs.

L'isolement progressif résultant de ma situation personnelle m'a sûrement fait croire, au plus creux de ma solitude, qu'un morceau de papier accompagné d'un stylo pourrait briser les murs de silence qui s'élevaient alors tout autour de moi. Mais que faire avec une feuille et un crayon ? Il ne coûte rien de laisser glisser une pointe encrée sur un morceau de bois applati. La difficulté réside dans le fait de savoir quoi écrire... Mais ceci n'est qu'une première difficulté : une fois passé ce premier écueil, encore faut-il trouver quelque chose d'intéressant à écrire.
Et là, c'est sans appel que la sélection se fait. Passées les lamentations personnelles, couchées avec application pendant des semaines et des semaines, il faut accéder à un autre échelon. C'est indispensable car le seul nombril qui intéresse un lecteur, c'est le sien et pas celui de l'écrivain.

Cette constatation suscite généralement un autre récit, souvent inabouti lui aussi, dans lequel coule des fleuves, des torrents de fiel, de rancœur, de méchancetés gratuites (mais sincères !) pour se remettre d'un constat qui clame haut et fort que les misères personnelles d'un quidam n'intéressent personne. Le point positif de la chose, parce que toute médaille a son revers, c'est que l'écrivain concerné finit aussi par comprendre que ces fameuses misères ne l'intéressent pas non plus. Comme quoi : toute expérience est toujours riche d'enseignements, parfois les plus inattendus. Ce qui offre par conséquent l'opportunité de passer à autre chose. Et c'est enfin là que les choses se compliquent vraiment.

Il faut "sortir" un sujet. Un truc qui scotche le lecteur, un récit qui débite des conneries, certes, mais du genre terrifik, le bouzin infernal qui l'empêche d'aller faire pipi, quelle que puisse être l'urgence.

Çà, c'est la théorie.
Pour la pratique, ça devient plus savoureux...
Souvent, on commence par une citation, une chose profonde, imagée, puissante à souhait ou creuse comme un programme électoral.

Exemple : "Vous allez voyager dans le pays des Merveilles"

Belle promesse, n'est-ce pas? C'est un peu enfantin, un peu arrogant, un peu racoleur et un brin stupide. Pourtant, le mec qui a pondu ça s'appelait Jules Verne. Donc, pas un rigolo si on se rappelle qu'il traverse encore, non seulement le Temps mais aussi qu'il encombre nos souvenirs d'enfants et nos bibliothèques. Bref, un des sérieux dont je parlais plus haut.
On est tenté de dire à partir de ces quelques mots, trop parfaits ou définitivement trop cons, qu'il ne suffit pas de faire des promesses en l'air. En effet, une fois pondue l'affirmation, encore faut-il tenir ses engagements.

Commence alors la rude ascension du Mont Roman-Fini-Un-Jour. Vous voyez l'Everest ? Non ? Mais si... là sur votre droite, au fond du décor, le grand machin anguleux... voyez ? Bon, bah ce décor de merde vous en changez l'échelle et vous le multipliez par mille, au moins. Ou vous vous rapetissez d'autant pour garder une proportion qui a du sens.
A partir de cet instant précis, et pas un autre, débute le tri impartial qui sépare le bon grain des touristes ! Le bon grain, c'est les Auteurs qui pondent parce que c'est leur vraie nature, parce qu'ils ne savent faire que ça, qu'ils ne vivent que pour ça, qu'ils se feraient couper en petits morceaux pour trouver les outils pour écrire quand même, quoique perdus sur une île déserte, plate comme un débat à la télé, d'une surface plus dure que la plus résistante des matières.
Ceux-là, tel Jules cité plus haut, se lancent dans des recherches invraisemblables, les cumulent puis les trient, les analyses, en profitent même pour en pondre des théories qui tiennent la route, dessinent des horizons que la Réalité finit un jour par sortir de la Fiction pour en faire des choses concrètes. Mon choix pour Jules Verne n'est pas innocent, bien entendu. Voilà l'archétype du lascar qui plongea pendant des années dans les études techniques les plus en vogues de son époque pour en faire des contes pour enfants et adultes toujours un peu rêveurs, jamais satisfaits de leur pauvre existence.
Verne fabriquait du Rêve pour satisfaire ses lecteurs, pour se satisfaire de l'organisation mentale qu'il se faisait du monde et des perspectives que l'humanité pourrait choisir de suivre s'il lui venait l'idée de croire un peu aux trouvailles d'un Auteur visionnaire.
Ils ne sont pas nombreux, n'est-ce pas ?
Et moi, Simon, j'ai bien peur de ne pas en être. Pataugas et sac à dos, pour moi !
Reste donc les touristes... Pour en faire partie, je tenterai donc d'en parler avec le moins de cruauté possible. Pas envie de me scarifier les poignets parce que je n'ai pas les dons visionnaires d'un Verne, la poésie alambiquée et démente d'un Mallarmé, la verve joyeuse d'un Dard ou la folie rampante et meurtrière d'un Harlan Coben...

Là encore, je ne choisis pas le terme de "touristes" pour rien. Il conjugue le petit brin d'ironie mordante que je porte sur moi, Simon-prêt-à-tout-mais-bon-à-rien, et l'aspect vraiment lié à l'idée de voyage.

Écrire, c'est voyager. Et tous les touristes ne se ressemblent pas devant la Muse universelle qui gouverne tout ça. J'ai nommé Madame L'Agence de Voyages au bas de chez moi. Si écrire est bien un voyage que l'auteur pratique en éclaireur, bien avant son lecteur, il n'empêche pas moins qu'un bon séjour mérite une bonne préparation. Tout se complique donc pour tous ceux qui, comme moi, s'élancent dans le premier aéroport venu pour se présenter au guichet d'une allumeuse à la plastique engageante et exiger un billet en première classe pour aller... Tiens, pour aller où, au fait ?

Voilà, presque tout est déjà dit ! A la première question posée, tous les mecs comme moi, Simon, je vous le rappelle, se retrouvent le bec dans l'eau. C'est-à-dire coincés à leur bureau, stylo à la main devant une feuille désespérément vide. Grand moment de solitude en vue...

Les plus pragmatiques, c'est-à-dire les plus équipés en intelligence plutôt qu'en connaissances, s'organisent alors pour creuser un sujet pour en faire un truc présentable.

Les plus savants, de leur côté, tentent d'agglomérer les mots qui finissent en "isme", "tion", "ique" pour pérorer du haut de leur chaire et éclairer le monde de leur incommensurable supériorité intellectuelle. Donc, ça donne des rapports, des soupes prétentieuses et bancales. Des daubes, quoi.

Les autres, c'est-à-dire mes frères d'ADN, les Simon-bis, en quelque sorte, se noient assez vite dans des ramassis de conneries sans cul ni tête qu'ils finissent souvent, pour ne pas dire toujours, par abandonner sur un coin de leur bureau, se faisant la promesse d'ivrogne d'y revenir un jour, quand Dame Inspiration, la principale fautive accusée quand les mots refusent de s'unir, daignera montrer le bout de son nez. Combien de romans inachevés ne pourrait-on pas empiler pour finalement toucher du doigt la surface du soleil ?

Ces trois écrivains, purs produits de mon imagination infertile, je vous le rappelle avec force, ont un point commun. Ils parviennent tous un jour à vomir un récit complet. Des romans, des essais, des recueils, des discours et toutes sortes de choses, permises ou non selon les canons du genre. Pour s'excuser par avance de leur médiocrité, il est alors question pour ces auteurs intrépides de prétendre créer un nouveau genre, un mouvement littéraire révolutionnaire, une nouvelle pensée.
En fait, un prétexte plus ou moins tendancieux pour faire oublier qu'on ne connaît rien des exigences littéraires, les vraies, celles qui font qu'un livre devient un jour un best-seller. C'est là le Mensonge dont je nourrissais mes premières remarques. Pour masquer son ignorance, le benêt surjoue toujours un peu son rôle pour étourdir son public...pour peu qu'il en ait un.
Malgré tout, l'histoire est écrite, terminée. Pas forcément relue, corrigée, améliorée mais, à ce moment de la création d'un monde, cela n'a pas encore d'importance. Pour l'instant, c'est écrit !
Et ceci mérite forcément l'obtention d'un Prix Nobel de Littérature, une renommée à la dimension d'une J.K. Rowling, une fortune supérieure à celle de Bill Gates...
Une fois arrivés à bon port, ils respirent enfin. Libérés d'un poids intérieur qui les oppressait depuis leur plus tendre enfance, ils peuvent enfin goûter et afficher une sérénité digne d'un Bouddha en or massif, gigantesque, allongé sur le flanc, une main sous l'oreille et l'autre sur une partie d'eux-mêmes que la bienséance m'empêche d'évoquer plus précisément, de peur de foudroyer quelque chaste oreille qui aurait eu la pauvre idée d'arriver jusqu'à ces lignes.
Pourtant... et contre toute attente, aucune agence de presse ne se manifeste. Pas d'agents littéraires aux dents longues non plus ? Pas de buzz sur la Toile ?

Merde...le monde est con ou quoi ? Il n'a pas vu qu'un météore gigantesque vient de percer l'atmosphère terrienne, illuminant déjà la surface du globe d'une aura divine ? Bah...avant de se transformer en météorite (un truc venu de l'Espace qui à touché le sol terrestre...ce qui le différencie donc du météore qui, lui, s'éparpille toujours en particules brûlantes qui disparaissent avant de toucher le sol, justement) le récit qui doit détrôner la Bible pour la couronne du meilleur best-seller de tous les temps devra encore patienter quelques millénaires avant d'être enfin salué comme il se doit !

Les trois auteurs-types évoqués plus haut se réunissent alors pour un congrès mondial qui ne traite que de leur déconvenue, de la bêtise du monde, de la crasse stupidité qui encombre les esprits humains, au point de les rendre aveugles et sourds. Et muets comme des carpes...

Bien entendu, et même si ce congrès devait durer des millénaires, rien ne viendra jamais modifier le cours des choses et le pilon demeurera l'unique-première-et-dernière-demeure du Roman Parfait.

C'est maintenant que moi, Simon, je me pose une seconde question.

Pourquoi ?

Hé hé... "Élémentaire, mon cher Watson !" comme dirait le héros magistral d'Arthur Conan Doyle. Mes trois touristes n'ont négligé que la plus importante des choses à respecter pour écrire une histoire...
Écrire, certes...mais une histoire qui sache captiver l'attention du lecteur !

Alors là, c'est bien là qu'on se découvre touriste perdu pour toujours !
Intéresser le lecteur ?
Quelle idée stupide !
Le lecteur ?
Il achète le livre, perd ses nuits à le dévorer en trois nuits maximum, sinon gare aux remontrances, en parle à tout le monde, modifie le cours de sa vie pour la calquer sur celle du héros principal et, surtout, il supplie le Ciel de pondre rapidement, c'est une question de survie, un nouveau chef d’œuvre...
Enfin, et c'est presque le plus important, il ferme sa gueule, n'émet pas de critiques négatives, chante les louanges de l'Art Littéraire, prie vingt fois par jour le Dieu nouveau du Troisième Millénaire, change de slip après avoir croisé, ô privilège céleste, l'auteur et vide ses comptes bancaires pour investir tout son maigre patrimoine dans l'acquisition en avant-première de la promesse d'un livre à venir...un jour, et peut-être !

Quand ils auront enfin dépassé ce niveau intense de réflexion créatrice, ils conviendront peut-être un jour qu'ils se sont plantés...
Intelligence, Érudition, Improvisation ne sont donc d'aucune utilité si tous ces ingrédients ne sont pas liés par un ultime élément, celui qui fait que la crème fraîche se transforme en beurre après un barattage acharné : le Talent.

Qu'est-ce que c'est encore que cette merde, hein ? Le Talent...

A présent, on frise les frontières du Divin, de l'Irréel, du Pas-Possible-J-y-Crois-Pas. Enfin, le truc qui fait que deux personnes strictement identiques en tous points se séparent au moment d'écrire quelques mots. La première personne (je mets au féminin pour ne pas oublier que mes contemporaines s'appellent aussi Simone...) pourra noircir des Galaxies entières de papier pour n'y poser que des merdes pendant que la seconde, sans effort et sans presque le savoir, couchera sur un malheureux post-it l'aphorisme qui retournera toutes les philosophies du monde...
Ça ne s'explique pas. Enfin, c'est pas exactement ça...

Le Talent...il paraît que ça se travaille. Ce cher Nietzsche, avec son nom à coucher dehors avec un billet de logement en poche, se retournerait de bonheur entre les planches de son sépulcre en entendant une affirmation aussi péremptoire : le talent, ça se travaille ! Plus loin encore que le Divin, me voilà replongé dans les affres de la théorie de la Volonté de Puissance !

Non...je ne parle pas de l'intensité d'une ampoule électrique ou de la force d'une pierre qui roule. Je parle de l'engagement intégral que requiert le désir de parfaire son art. Le tennisman fait acte de Volonté de Puissance quand il s'entraîne, des années durant, devant un mur qui renvoie sans jamais se lasser la petite balle jaune qui, un jour, après des années de sacrifices, offrira le succès à celui qui aura négligé tout le reste, se concentrant seulement sur l'art de mouvoir son corps pour obtenir les meilleurs coups possibles et vaincre tous ses adversaires... Ça, c'est la Volonté de Puissance, le fait de tout faire pour rendre ses actes les plus parfaits possibles. L'écrivain, le vrai, fait comme le joueur de tennis, le mur, la raquette et les baballes en moins.

Mais moi, Simon, je ne manipule ni la raquette ni la plume avec ce même acharnement... Je ne fais donc pas partie de la famille.
Je savais bien que je ne devais pas répondre à ces question à la con.
Maintenant, je fais quoi ?
Je sais, j'ai dit haut et fort à cette saloperie de lumière scintillante qu'après étude, je pouvais enfin conclure que je ne suis pas Jules Verne !

La balance vient de toucher le sol.
Elle vient même de s'écraser par terre, cette conasse.
Utile de dire qu'elle me désole ?
Verdict sans appel : malgré toutes mes paperasses,

Je ne serai jamais écrivain.
Merde... J'ai tout perdu.
Illusions, espoirs, rêves ; tout est vain.
Je l'ai dans le cul !


Je crois que, maintenant, je peux ouvrir les yeux et sortir du bois.
Si Isabelle est encore là, on pourra peut-être en parler.
Ou prendre une bonne cuite.

Putain de balance !



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