Petit Tim

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Tim, 23\11\17

Hey Matt,

Je t’envoie cette lettre car j’ai perdu mon portable et je dois te parler :

Ça fait longtemps, hein ? J’aimerais te dire tellement de choses, mais je vais me concentrer sur le principal.

Tu sais, à propos de samedi prochain, je sais pas si je vais pouvoir venir, mes parents disent que c’est dangereux, tu sais, à cause de tu sais quoi.

Ton meilleur ami.

***

Matthieu, 25\11\17

Petit Tim,

Je te renvoie une lettre car je ne sais pas si tu as récupéré un téléphone, et puis, c’est drôle de faire comme avant les textos.

Faut absolument que tu viennes, ça fait trop longtemps, et puis, ne t’inquiète pas, on va faire attention.

Au collège, tout le monde en parle. Ils vont tous être là. Ça fera plaisir à tout le monde de te revoir.

Ça va être génial, le meilleur.

***

Tim, 27\11\17

Frérot,

Ouais je sais, c’est que c’est trop bien d’écrire des lettres. J’ai toujours des idées géniales.

Puisqu’il y a tout le monde, je suis obligé de venir.

J’ai discuté avec mes parents et… suspense… c’est OK !

Offre soumise à condition de faire attention et blabla bla bla (trucs pas intéressants).

J’ai juste besoin d’une information : quelle heure ?

Il me tarde trop, le plus beau.

***

Matthieu, 29\11\17

Mec,

Tu plaisantes ? C’est toujours moi qui ai les meilleures idées. t’as juste été obligé et c’est moi qui en ai décelé le potentiel.

14h30 sur la place, je t’amènerai.

A samedi.

***

En lisant ces lettres, l’émotion me submergea et je ne pus m’empêcher de laisser couler, sur ma joue, une larme.

Ce jour devait être parfait, stage d’initiation à la moto-cross. Je me souviens, quand Tim et moi étions arrivés, tout le monde était venu le saluer et j’avais vu dans ces yeux tellement de joie que je m'étais laissé prendre et un sourire niais s’était dessiné sur mon visage.

Le stage avait commencé par un exposé sur les règles de sécurité puis nous nous étions chacun vus attribuer un engin.

Tout avait bien commencé, on s’amusait comme des fous. On avait même fait quelques courses. J’en avais gagné une, mais Tim semblait avoir peur.

— Allez mec, détends-toi, l’avais-je rassuré.

— Mes parents m’ont dit de faire attention.

— Mais pour une fois, oublie tes parents, amuse-toi plutôt.

Il m’avait écouté, on se n’était jamais aussi bien amusé. Et puis, on avait dû faire un parcours chacun son tour. Je suis parti avant Tim. Mais il mettait bien trop de temps à me rejoindre. J’avais prévenu un des adultes et on était parti le chercher. On le retrouva, allongé par terre, inerte. Sur le moment, je n’avais pas bougé. Le moniteur était allé le voir et avait appelé les pompiers. Ce faisant, il avait pris le pouls de mon ami, s’était tourné vers moi en me faisant « non » de la tête. J’avais tout de suite compris et m’étais effondré.

« Crise cardiaque » avait conclu les pompiers. Mort d’une crise cardiaque à treize ans.

Ses parents ne nous avaient jamais dit qu’il était cardiaque. Ils nous avaient juste dit qu’il ne pouvait pas faire trop d’efforts.

Je regretterai toute ma vie de lui avoir dit d’oublier les avertissements de ses parents.

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