Chapitre 3

13 minutes de lecture

Maddie chercha à tâtons son portable afin d’éteindre le réveil. Les yeux fermement clos, elle se retourna ensuite dans son lit, en enfouissant sa tête sous l’oreiller. Quand le réveil se remit à sonner le quart d’heure suivant, elle pesta de dessous l’oreiller, mais ne bougea pas pour autant, bien trop obnubilée par l’idée de se boucher les oreilles. Elle finit tout de même, au bout de cinq minutes, par attraper son engin de malheur, en ayant mare de ce bruit répétitif.

La nuisance sonore interrompue, elle se mit sur le dos et rabattit la couette sur sa tête. Elle put souffler dix minutes, avant que ce ne soit reparti pour un tour.

Cette fois-ci, elle se fit violence pour s’asseoir et laisser sonner. Déjà agacée par les deux fois précédentes, elle s’énerva bien vite et rageusement, se leva d’un bond. Elle sortit de la chambre, les yeux mi-clos en titubant dangereusement.

Moriane, attirée par le raffut, se dirigea vers la cage d’escalier. Quelle ne fut pas sa surprise d’y voir Maddie, plus zombie qu’autre chose, mais déjà debout. Préférant ne rien dire, elle retourna à la cuisine et entreprit de placer sur la table tout ce dont sa fille aurait besoin pour se faire son petit-déjeuner.

Maddie continua le reste du trajet menant à la cuisine de la même manière et tira une chaise pour s’y asseoir. Elle replia les bras sur la table et y laissa tomber lourdement sa tête.

Henry sortit de la salle de bains et prévint son fils qu’elle était libre. Celui-ci remercia son père et prenant ses affaires sous le coude, s’engouffra dans la pièce pour se préparer.

Pendant ce temps-là, Henry descendit également pour prendre son petit-déjeuner. Lui aussi afficha une mine étonnée, comme sa femme un peu plus tôt, en voyant Maddie. Il ne put retenir un sifflement, tout en jetant un regard interrogateur à son épouse.

Celle-ci se contenta de hausser les épaules, pour réponse à sa question muette, afin de signifier qu’elle n’était en rien quant à sa présence parmi eux si tôt.

Sortant de son ébahissement, il se décida à quitter le seuil de la cuisine et alla caresser doucement les cheveux de sa fille, en même temps qu’il lui dit bonjour d’une voix douce pour ne pas la brusquer. Il l’entendit vaguement marmonner en guise de réponse.

Les parents continuèrent ensuite leur routine et environ cinq minutes plus tard, Maddie se redressa et se servit un jus d’orange. Elle commença à le siroter, toujours à demi-endormie, sans même s’apercevoir de ce qu’il se passait autour d’elle.

À un moment donné, elle sortit de son état second et se fit à manger. Sa première biscotte avalée, elle se rendit compte de ce qu’il se passait autour d’elle.

_ Oh ! Bonjour Jason.

_ Eh ben ! Enfin réveillée ?

_ Hum-hum ; fit-elle tout en croquant dans sa seconde biscotte.

_ Tu es tombée du lit ce matin ?

_ Non, j’essaie d’être à l’heure pour demain, répondit-elle simplement tout en continuant de manger.

_ Hum, je vois…, fit son frère, juste que…, nous sommes aujourd’hui et non demain, ajouta-t-il en lui faisant un grand sourire.

_ Je sais, mais demain les filles viennent m’aider. Si je décide d’attendre après mes amies, elles risquent de ne pas y arriver. Alors j’ai pris un jour d’avance.

_ Bon courage, petite furie, lui lança-t-il sans se départir de son sourire.

_ Merci, grand dadais, lui répondit-elle en lui rendant son sourire.

Il lui dit à plus tard en lui faisant un signe de la main, fit pareil avec Moriane et partit avec son père.

De leur côté, Moriane et Maddie finirent ce qu’elles avaient à faire et de se préparer, et pour une fois, quittèrent la maison en même temps. Elles partirent, une vers ses obligations, l’autre pour rejoindre ses amis, le tout après s’être saluées et souhaité une bonne journée.

Du côté de Quentin, rien en particulier, juste le quotidien.

Jour de fête ou non, le travail de ses parents dans le domaine alimentaire leur prend toujours pas mal de temps et les forcent à partir tôt. Ils tiennent à faire un maximum par eux-mêmes afin de rester plus famillial qu’industrie commerciale. Par chance, leur fils est suffisamment débrouillard et discipliné pour se lever et être prêt à l’heure, qu’importent les circonstances.

En quarante-cinq minutes, il avait eu le temps de manger, faire sa petite vaisselle, se préparer, et même sortir le chien pour une petite balade. Après quoi, il s’en alla, en ayant remis de l’eau fraîche à Dipsy avant de s’en aller.

Amy, comme d’habitude, passa la dernière à la salle de bains. Bien qu’aimant beaucoup s’occuper de trouver toutes sortes de coiffures pour sa mère et sa sœur, elle se limitait toujours à sa queue-de-cheval toute simple pour elle-même.

Ce matin, elle avait fait un joli petit chignon lâche sur la nuque de sa mère ; tandis que pour Suzie, elle avait respecté son envie de concordance avec sa tenue.

Celle-ci, du haut de ses onze ans, n’avait pas peur d’afficher ses goûts. Elle avait choisi de porter une petite jupe plissée blanche s’arrêtant juste au-dessus du genou, avec un t-shirt à manche longues rose pâle, une tête de lapin vert pomme imprimée à l’avant. Un peu frileuse au niveau des jambes, elle avait ajouté un leggins de la même couleur que le motif, sans oublier ses chaussures préférées ; des ballerines blanches.

Ses cheveux blonds lui arrivants aux épaules, coupés au carré. Amy lui fit deux couettes, qu’elle positionna derrière ses oreilles, attachées avec des nœuds roses vifs. Pour sa frange, elle lui mit de façon à encadrer son visage.

Et c’est seulement après avoir pris soin de sa famille qu’Amy pensa à elle.

Pour Kimmy, fille unique, à part s’organiser selon les horaires de ses parents et s’adapter pour les siens, pas besoin de trop se presser le matin.

Elle se fixe comme petit objectif d’être toujours ponctuelle et de tenir cette promesse faite à elle-même indéfiniment.

Après tout, pourquoi pas ?

C’est déjà un bon point de départ pour se construire.

S’habillant, pour ainsi dire, tout le temps de façon classique, d’une part, afin de garder l’approbation de ses parents, de l’autre par habitude. Elle maintient au maximum cette image d’elle pour veiller à satisfaire leurs désirs.

Seule comme presque chaque matin, elle se prépara dans un silence pesant, seulement interrompu par de légers bruits, tel ses pas.

Comme chaque jour, elle fit ce qu’on attendait d’elle, sans changement. Il n’y a qu’arrivée devant les grilles qu’elle se permet d’être plus fidèle à elle-même auprès de ses amis.

Ce matin, elle les vis tous à l’entrée, y compris Maddie.

Elle en fut d’autant plus souriante quand elle la vit agiter les bras et crier son nom.

Alors, elle laissa le reste de côté et cria à son tour le nom de Celle-ci, en courant pour les rejoindre.

*

Louvina se plia aux exigences de son titre sans sourciller.

En ce jour, le dernier avant le festival, elle ne pouvait se permettre de jouer les difficiles et de n’en faire qu’à sa tête.

Certes, ça lui coûta de mettre sa personnalité entre parenthèses, et de passer sa journée à aller et venir dans tous les sens, ainsi que de devoir mener tout un tas de conversations sur le thème du festival. Effectivement, elle a son rôle à tenir, bien obligée de maintenir le rythme et la cohésion de cet événement.

Les heures s’égrenèrent lentement de par les multiples devoirs à respecter, mais aussi rapidement, tellement elle enchaîna ses interactions. Elle eut à peine le temps de s’asseoir et de manger à midi, qu’elle dut repartir, Melrose sur ses talons.

Celui-ci ne lésina pas non plus sur la besogne et comme il ce doit, soutint et accompagna la reine dans ses démarches, aujourd’hui encore plus que d’ordinaire.

À n’en pas douter, ils devraient donner le meilleur d’eux-mêmes jusqu’au soir pour être certains que tout serait fin prêt pour le lendemain…

*

Ici, les rues débordent d’activités et de gens. Les hôtels et auberges sont pleins à craquer de touristes venus exprès pour être présents et être bien placés pour le lendemain. Ville voisine de Lavande, elle attire presque autant de monde que celle-ci lorsque le festival de la reine ouvre ses portes.

Bien évidemment, Léandre ne se trouve pas être la seule dans ce cas en cette saison. En règle générale, toutes les villes entourant la capitale de St-Livi affichant complet. Cet événement est l’occasion pour toutes ces villes d’attirer du monde et donc de se faire connaître.

Celles-ci se doivent d’avoir achevés leurs préparatifs et bien avant que le soir ne tombe.

Située à trente minutes à pieds de Lavande se trouve une auberge un peu spéciale.

Elle n’accueille que des jeunes en dessous de dix-huit ans et à petit prix, et ce, à n’importe quel période de l’année.

La plupart cherchent à faire du profit, et encore plus lors d’événements.

Autant dire qu’à l’intérieur, il y a encore plus d’animation que dehors à cette heure-ci. Il y a déjà les trois-quarts des personnes ayant réservés qui sont installés, mais bien d’autres vont suivre.

D’ici ce soir, la salle à manger commune serait remplie de voix et de vie, bruyante des conversations et des éclats de joie de ses occupants…

*

Ville portuaire et la plus grande entourant la capitale, Leifthangz est aussi l’une des plus appréciée par tout temps. Tranquille et agréable à vivre, offrant un mélange parfait entre l’envie d’y rester faire sa vie et celle de vouloir parcourir le monde.

Suki illustre assez bien cette dernière. Elle rêve d’en découvrir plus, mais pour l’instant, elle ne peut que se permettre d’aller profiter du festival de la reine.

Elle peut enfin commencer à voir de ses propres yeux les splendeurs qu’il lui réserve. Elle désire plus que tout trouver sa place et apprendre à se construire, pour elle-même et non plus uniquement pour aider les siens.

Enfin, le grand jour de son départ vers un avenir, qu’elle espère radieux, va prendre son élan.

*

Les filles étaient déjà tout affairées dans l’armoire d’Amy. À son grand malheur, la pauvre devant faire une croix sur sa timidité naturelle avec ses deux folles amies.

Désirant rester elle-même malgré l’entrain de celles-ci, elle leur dit ses préférences, à chaque fois que cela s’avère nécessaire. Autrement dit, elles lui firent la misère niveau communication, elle qui ne s’ouvre que peu aux autres.

Après avoir fait le tour de son armoire, Maddie et Kimmy se lancèrent un drôle de regard, avant de le tourner vers Amy.

_ Alors là ! Je suis sur le cul ! S’écria Maddie sans mâcher ses mots.

_ Hum-hum, je n’irais pas jusqu’à parler de la même façon que Maddie, commença Kimmy, mais tu aurais dû nous dire que tu n’avais ni jupes, ni robes. Ça aurait peut-être été court, mais nous aurions pu anticiper un peu en le sachant plus tôt, finit-elle.

_ Désolée… S’excusa Amy, toute peinée.

_ Ce n’est pas grave va. Je pense que l’on peut te trouver quelque chose de nos côtés. Tu en penses quoi Maddie ?

_ Hum…, peut-être pas trop du mien, je crois que je suis trop colorée pour elle.

_ Ah oui, vu comme ça, ce n’est pas faux. Le mien alors ?

À ce moment-là, des coups furent frappés à la porte. Suzie entra directement, trop pressée pour attendre de réponse de sa sœur.

_ Suze…, dit Amy, la voix teintée de reproche, bien que pourtant toujours aussi calme comme à son habitude.

_ Oups ! Pardon Amy. Bonjour, fit cette dernière à l’intention des filles avec un sourire un peu coincé.

Amy poussa un léger soupir et s’adoucissant légèrement, fit les présentations.

_ Suze, je te présente mes amies, Maddie et Kimmy. Les filles voici ma petite sœur, Suzie.

_ Désolée, vraiment, j’ai pas réfléchi, dit-elle contrite. Je reviens plus tard. Ravie de faire votre connaissance.

_ Suze, appela sa sœur, attend. Tu voulais me demander quelque chose, non ?

_ Ah, t’inquiètes pas, on verra plus tard, je ne veux pas vous déranger tes amies et toi. Et puis, tu fais jamais venir personne à la maison alors je te laisse en profiter.

_ Mais non, tu ne nous dérange pas du tout, lui dit Maddie avec son plus beau sourire.

_ Je t’assures que tu ne nous déranges en rien, confirma Kimmy.

_ C’est juste pour demain, ça peut attendre, c’est pas bien important, déclara Suzie avec un débit rapide, buttant presque sur les mots.

_ Suzie.

_ D’accord, d’accord. Céda-t-elle. Tu peux m’aider pour me trouver une jolie tenue en plus de la coiffure, s’il te plaît ?

Contente que sa sœur lui ait dit ce qu’elle avait sur le cœur, Amy lui fit un grand sourire et enchaîna d’une voix enjouée :

_ Bien sûr, j’ai toujours du temps pour toi. Par contre, pour te coiffer…, demain je pars tôt chez Maddie. Alors, c’est comme tu préfères, soit je t’apprends comment te coiffer selon ta tenue, ou bien, je te la fais demain avant de m’en aller.

_ En fait, c’est que j’aime bien quand c’est toi qui t’occupes de mes cheveux, répondit-elle timidement.

_ D’accord, alors on voit ça quand je rentre tout à l’heure de chez Kimmy, ça te va ?

_ Oui, merci grande soeur, lui dit-elle en se jetant à son coup.

Elle lui rendit son étreinte tout en souriant de plus belle, complices.

Maddie envoya un coup de coude dans les côtes de Kimmy, lui lançant un regard insistant dans le même temps. Comprenant de quoi il en retournait, elle réagit aussitôt, un sourire malicieux aux lèvres.

_ Oh ! Je vois.

Les deux sœurs se regardèrent sans comprendre ce qu’il venait de se passer.

_ Vois-tu Suzie, on tente de trouver une tenue pour Amy pour la journée de demain , mais son armoire est un peu vide, expliqua Kimmy pour leur permettre de comprendre le sujet de leur échange muet. Vous faites presque la même taille, aussi peut-être peux-tu nous aider ?

L’intéressée regarda sa sœur, une fausse expression outrée sur son visage et lui dit :

_ Comment ?! Et dire que tu ne m’en avais pas dit un mot.

Elle se tourna vers les filles et leur dit avec un grand sourire qu’elle les aiderais avec plaisir.

_ Super ! S’écria Maddie joyeusement.

Amy assista à la scène sans relever mais leva les yeux au ciel face à leur manigance.

La plus jeune les invitas à la suivre. Elles emboîtèrent le pas à Suzie jusqu’à sa chambre, à l’autre bout du couloir. Elle leur dit de faire à leurs guises parmi ses habits et s’assit en indien sur son lit.

Pendant que sa sœur restait docile à servir de cobaye à ses amies, elle se contenta de les assister de son perchoir douillet, leur fournissant des remarques avisées.

Elles lui firent tester quelques idées de tenues, rigolant en voyant la tête presque effarée à chaque essai d’Amy. Elles parvinrent tout de même à en trouver une qui ne fasse pas déguisement et optèrent pour celle-là.

Suzie vanta le talent de sa sœur pour confectionner des coiffures sur le temps des essayages et proposa dans la foulée que ce soit elle qui les coiffe le lendemain.

Elles approuvèrent, ça équilibrerait un peu la répartition des tâches du matin, ce qui finalement n’était pas plus mal. En supplément, elles firent promettre à Amy de faire la coiffure qu’elles lui auraient choisie. Face à leur regards de chien battu, elle ne put faire autrement que d’accepter.

Elles se hâtèrent ensuite afin de ranger le désordre qui s’était installé, pressées d’enchaîner. Les filles filèrent ensuite à vive allure, n’oubliant pas au passage de dire au revoir à Suzie et Candyce.

Courant telles des gazelles dans les rues, elles furent arrivées chez Kimmy en un rien de temps. Elles reprirent leur souffle et leur calme avant d’entrer, échevelées par leur course.

Kimmy rentra en premier, et sans rien dire, fit signe à ses amies d’attendre sur le seuil de la porte. Elle partit voir dans la maison si ses parents étaient déjà là ou non. Elle ne vit que son père assit derrière son bureau, pianotant sur son clavier. Elle lui dit bonjour, mais celui-ci se contenta de répondre par un vague son tenant plus du grognement que d’une parole.

Elle soupira tout bas puis rejoignit les filles et leur dit de ne pas faire de bruit, les invitant à la suivre. Elle leur demanda tout de même si elles avaient soif, auquel elles lui dirent que non et leur indiqua qu’elle leur expliquerait dans sa chambre pour le calme ambiant.

Elle ferma doucement la porte de sa chambre derrière elle et proposa aux filles de s’asseoir avec elle sur le lit.

Elle leur avoua que lorsque son père se trouve à travailler sur des papiers dans son bureau, le moindre petit bruit l’irrite fortement et le rend particulièrement grincheux. Et autant dire que ce n’était pas une mince affaire de supporter son caractère dans ses moments-là.

Même Maddie promit de faire attention, pour son amie.

Ensuite, elle indiqua sa garde-robe et elles commencèrent les recherches parmi ses habits.

La séance se déroula de façon semblable aux deux autres, cette fois dans un silence respectueux.

Elles se mirent d’accord relativement vite, et se firent un petit récapitulatif pour demain avant de se quitter.

Tout étant réglé, Kimmy raccompagna les filles jusqu’à la porte, et les laissa retourner à leurs habitudes. Elle en fit de même de son côté, la journée n’était pas encore terminée…

Annotations

Vous aimez lire Mimi-e France ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0