Chapitre 2

21 minutes de lecture

_ Debout marmotte, dit une voix féminine en tirant sur les couvertures.

La femme entendit ce qui ressemble à un grognement et en réponse à celui-ci, secoua la provenance du bruit de bon coeur.

_ MAMAN !

Habituée à ces simagrées matinales, la mère n’en tint pas compte et sortit de la chambre. Elle sourit malicieusement en pensant que d’ici une dizaine de minutes, sa fille serait levée.

Et effectivement, ce laps de temps écoulé, ont pu entendre dans la maisonnée des pas lourds et traînant dans la cage d’escaliers.

Moriane continua tranquillement de préparer la table pour le petit déjeuner en sifflotant gaiement. Jusqu’à ce que la source du raffut ne brise la quiétude de la pièce et prenne place sur une des chaises, s’exclamant d’une voix agacée :

_ Non mais sérieux !? T’es malade ! Y en a marre que tu me fasses le même coup chaque matin !

_ Mais oui, mais oui, bonjour à toi aussi mon chou, dit Moriane avec le sourire en se tournant vers sa fille.

_ Pff, c'est toujours pareil avec toi de toute manière, tu te moques encore de moi, râla Maddie la mine boudeuse.

_ Ton père et ton frère sont déjà partis, dépêche-toi de manger et de te préparer si tu ne tiens pas à tout rater, poursuivi Moriane comme si de rien n'était.

_ Ben tiens, bien sûr, t'as qu'à t'en aller, je peux très bien me débrouiller seule. J'ai pas besoin de tes conseils d'abord, dit-elle à sa mère sur un ton des plus désagréables.

Elle ne prit pas la peine de renchérir, elle termina ses préparatifs. Une fois ceux-ci achevés, elle fit un signe de la main à sa fille et s’en alla. Il est vrai qu’avec elle, la manière la plus efficace de la lever reste celle-ci, mais pour l’humeur… on y repassera.

Pas grave pensa-t-elle, d’ici quelques heures, ça ira nettement mieux.

Maddie se dépêcha de manger. Pas pour sa mère, ça jamais ! Mais pour elle-même oui ; même si d’ordinaire elle n’est pas motivée.

Là en vérité, elle à une envie folle de s’y mettre. Il faut bien dire que lors du dernier festival de Printemps de la reine, elle n'avait encore que quatre ans et n'avait donc pas pu agir à sa guise. À l'idée que celui-ci allait avoir lieux, dans deux jours, elle se sentait lui pousser des ailes pour que rapidement, le jour J lui tende les bras.

Une fois prête, elle fonça droit vers la porte d'entrée et sorti en trombe. Telle une furie, elle courut à travers la ville pour rejoindre sa classe, bousculant les gens sur son passage, ceux-ci se retournant en lui criant dessus. Certains se faisant en lui disant de courir plus vite si elle comptait vraiment se rendre utile. Elle allait encore une énième fois se faire gronder par l'éducatrice et subir les moqueries des autres élèves...

Elle parvint enfin à rejoindre le groupe ; en retard évidemment. Comme de juste, l'éducatrice l'interpella aussitôt et lui mit les points sur les "i", pour ne pas changer.

_ Pour cette fois, je te passe la punition habituelle Maddie..., Commença-t-elle.

_ S'il vous plaît, coupa la retardataire, les yeux brillants et tout essoufflée, j'ai vraiment fait des efforts pour arriver à temps. Vous ne pouvez pas me punir aujourd'hui, je refuse d'être privée de participation, supplia-t-elle les mains jointes en une prière muette.

_ Si tu ne m'avais pas interrompue, tu aurais peut-être entendu la suite..., déclara-t-elle agacée, sans toutefois hausser le ton. J'allais te dire que tu ne seras pas punie, ni aujourd'hui ni demain, mais en contrepartie, tu le seras après le festival en devoirs supplémentaires, compléta-elle un sourire satisfait aux lèvres.

_ Euh... Merci...Enfin, je crois..., Répondit Maddie dubitative.

_ Bien. Nous avons perdu assez de temps ainsi, alors les bavardages seront pour plus tard. Je vous demande de bien écouter et de rester concentrés sur le travail qui vous est confié. N'oubliez pas que vous êtes comptés sur la participation et sur le travail accompli correctement. Maintenant, mettez-vous par groupe et vous pouvez commencer votre tâche, nous passerons de temps en temps vous superviser et si jamais vous avez besoin d'aide, nous ne sommes pas loin et restons à dispositions. Bon courage à tous, dit-elle pour clôturer les explications.

Elle partit rejoindre d'autres éducateurs et professeurs chargés des fournitures et de la surveillance, laissant les élèves se débrouiller par eux-mêmes après ce récapitulatif.

Les élèves, très impatients se mirent donc par groupe, non sans chahuter et donner quelques accolades en passant.

Maddie fut rejointe par Kimmy, Amy et Quentin et après s’être dit bonjour, ils se déplacèrent pour aller vers leur atelier de travail.

Situé à l'arrière du bâtiment, on leur avait installé le matériel nécessaire à la confection des guirlandes de fleurs pour leur établissement scolaire.

Au total, ils étaient deux groupes au travail des fleurs pour les lieux, l'autre étant directement chargé des mises en terre.

À l'occasion du festival et à partir de trois jours avant le jour J, les heures de cours sont supprimées pour les élèves ayant passé leurs douze ans et deviennent des heures d'aide aux festivités. Ainsi, hormis les plus jeunes qui restent totalement scolarisés, les autres peuvent se voir confier des responsabilités minimes et vivre l'événement sous un autre angle.

Des arcades en bois peintes en rose pastel avaient déjà étaient mises à leur place depuis hier après-midi par des élèves de classes supérieures.

Elles étaient installées tous les trois mètres depuis le portail d'entrée, suivant un chemin voulu, celui-ci ayant été tracé également au préalable. Afin d'agrémenter le tout, un sentier constitué de petites pierres grises, cintré de galet blanc avait lui aussi trouvé sa place dans le décor.

Pour compléter le tout, seraient piquées des Ancolies bleues plantées entre octobre et novembre de l'année dernière dont la floraison se voit accélérée spécialement pour ce festival.

Grâce à la magie des fleurs, celles-ci pourraient tenir une semaine encore avant de commencer naturellement à se faner, de quoi avoir largement assez de temps pour être mises en forme et tenir pour la durée souhaitée.

Le travail à charge étant réparti en fonction de sa complexité selon l’âge. Les plus grands ayant droit de manipuler directement les fleurs.

Les filles-fleurs sont attribuées aux soins à prodiguer aux végétaux ; les garçons quant à eux se voient privilégiés au déplacement du matériel.

Dans chaque groupe, est placée une des Fleurs de façon à faciliter la surveillance des plantes.

Kimmy, fille-fleur Chrysanthème avait obtenu un double poste. Douce et gentille, mais également fragile de par sa nature, elle était en plus, dotée depuis trois ans de sa magie, celle-ci évoluant tranquillement mais sûrement. Elle s'est vue prendre le rôle de chef de groupe pour l’un de ceux instaurés présentement.

Avec elle, Amy qui est timide et réservée. Elle n'ose pas dire ce qu'elle pense ou ressent. Elle reste pourtant compréhensible pour ses amis avec qui elle s’est vue placée. Elle est une aide bienvenue parmi eux. Effectivement, il lui tient à cœur de s'acquitter avec soin de ce qui lui est confié. Un potentiel magique a été perçu chez elle récemment, mais encore trop faible pour être déterminé.

Maddie, quant à elle, dernière fille du groupe, est, pour ainsi dire, normale. On lui a bien détecté depuis quelque temps une forme de magie, mais celle-ci ne demeure qu’au stade de passive. Dû à ça, elle ne peut être reconnue comme mage, il aurait fallu qu'elle puisse l'utiliser pour cela. Alors que là, il s'agit juste de vagues ressentis incompréhensibles qui ne daignent se manifester que lorsque cela leur chante. Elle est la plus instable d'entre eux quatre, immature à souhait et ne cherchant pas à faire le moindre effort en général.

Pour Quentin, il vient d'être reconnu comme mage depuis peu. Incapable de création, mais pouvant déjà contrôler la magie qui provient d'une autre personne.

Jusqu'à maintenant, il peut diriger à sa guise, pour exemple, le feu. Les quelques éléments primaires qu'il s'est vu tester prouvent ce fait. Il ne le possède pas en lui, mais si quelqu'un l'utilise à proximité, il peut donc prendre le contrôle de ce dit feu.

Il est très mature pour son âge, hormis avec Maddie, où là, il se comporte plus comme un gamin, allant jusqu’à se sur valoriser pour tenter de gagner face à elle.

Tous ensembles, ils forment un ensemble certes des plus originaux, mais leur entente permet le maintient et l'ordre parmi eux. Ils se débrouillent pour pallier aux manques les uns des autres.

Sans être exceptionnels, ils sont capables de gérer à eux seuls contrairement à d'autres grâce à leurs efforts communs.

Déjà qu'ils sont amis en temps normal, ils peuvent voir les choses sous un autre angle grâce aux préparatifs et il faut l'avouer, en réalité, ils sont plutôt contents d'avoir pu être ensembles pour l’occasion.

Tous donnèrent du leur dans la tâche confiée jusqu’au moment de passer à table.

Ils allèrent chercher leurs repas mis à l’écart des zones de travail, avant de se diriger vers un coin de verdure où se poser pour manger.

Quelques-uns décidèrent de rejoindre leurs amis, tandis que d'autres, restèrent par groupe.

Ils mangèrent en silence dans un premier temps, un peu fatigués de leur matinée, bien qu’elle ne se soit pas posée des plus éreintantes. Habitués aux heures de cours, se voir casser ainsi leur train-train journalier les perturbes tout de même un peu.

Après avoir fini de manger, ils se mirent à parler, d'abord de façon hésitante et sans trop de motivation, mais à force, ils s'y mirent franchement.

Ils furent interrompus par un des éducateurs, leur demandant où ils en étaient.

_ Nous avons fait une bonne partie des guirlandes. Il doit nous en rester plus ou moins un tiers à terminer, mais si besoin, les plus avancés peuvent déjà commencer la mise en place pour ne pas perdre de temps, annonça Kimmy.

_ Parfait, répondit l’éducateur, je vais regarder ce que ça donne et après ça, répartir la mise en place si le travail est validé.

_ D’ailleurs monsieur Laurence, on devrait finir plus rapidement que certains, non ? Et on fera quoi après ça ? S’enquérit Quentin.

_ On verra bien le cas échéant. Je vais toujours en parler avec mes collègues et lorsque vous aurez fini, venez nous trouver pour voir ce qui peut être fait.

_ D’accord, merci monsieur Laurence, répondirent-ils tous presque d’une même voix.

_ De rien les enfants, et bon courage pour cet après-midi, ajouta-t-il en partant.

L’éducateur parti, Maddie lança gaiement :

_ Bon alors, on fait quoi nous ? On papote ou on travaille ? Enfin, moi, je dis ça, mais j’avoue que papoter me va très bien, pouffa-t-elle tout sourire.

_ Maddie… Dit Amy de sa petite voix timide.

_ Oui-oui, je sais, je plaisante va. On peut très bien faire les deux en même temps.

_ Eh ben, pour une fois que tu te montres raisonnable… Railla Quentin.

_ Oh, ça va hein !

_ Relax Maddie, l’apaisa-t-il, tu es marrante comme fille. Juste que ça surprend un peu de te voir si censée.

_ Bon, c’est vrai, je suis une gamine. Et alors ? Commença celle-ci un peu agressive ; et puis là, c’est pas pareil, je veux participer au festival. Après, je serais la Maddie de tous les jours, finit-elle en souriant normalement, sans plus aucune note d’agressivité dans la voix.

_ C’est bien toi ça Maddie.

_ Merci Kimmy, tu es a-do-ra-ble, lui dit-elle avec un clin d’œil, tout en lui envoyant un baiser de la main.

_ On s’y remet alors ? Demanda Quentin, mettant un terme aux jacasseries des filles.

_ Oui ! S’exclamèrent Kimmy et Maddie de concert, s’échangeant un regard complice avec le sourire.

Ils se levèrent du carré d’herbe sur lequel ils s’étaient installés pour manger et se mirent en route vers leur atelier.

Ils optèrent, après en avoir discuté sur le chemin, de parler du festival. C’est un peu le sujet d’actualité de la ville après tout.

_ Je me demande comment vont se dérouler les activés, j’ai un peu peur qu’il y ait trop de foules et que tout le monde se bouscule…

_ Mais t’inquiète Amy, on sera là nous, on pourra te servir de garde du corps, la rassura Maddie en lui souriant gentiment.

_ Mer… Merci, dit-elle en rougissant légèrement.

_ Moi, tout ce que je sais, c’est que j’ai trop envie d’y être, foule ou pas, je veux vraiment m’y amuser, continua Maddie, des étoiles pleins les yeux.

_ Fofolle va ! Pouffa joyeusement Kimmy.

_ Moi ?! Toujours.

_ D’ailleurs, as-tu déjà une idée sur ce que tu voudrais porter ou pas la moindre ? Enchaîna Kimmy.

_ Ben, je sais pas, me suis dis que je verrais bien le jour J.

_ À condition que tu te réveilles à l’heure, et ça, c’est pas gagné ! Railla Quentin, hilare.

_ Eh !

_ Ok, j’exagère, mais je pense vraiment que tu devrais prévoir de t’en préparer deux-trois éventuelles au cas où et choisir parmi elles à ton réveil, dit-il en poursuivant sur le sujet de conversation des filles comme si de rien n’était.

_ Pff…, on dirait ma mère… Lâcha Maddie, la mine à demi boudeuse.

_ Hum… Sans vouloir déranger… Je crois que ce n’est peut-être pas une si mauvaise idée… Avança avec hésitation Amy.

_ Encore mieux, les filles ! S’exclama d’un coup brusque Kimmy ; si on s’organisait pour s’entraider et trouver nos tenues ensembles ? Ça pourrait être amusant, je trouve.

_ C’est bien un truc de fille ça, dit Quentin avec un sourire à l’intention de Kimmy.

_ Peut-être bien, oui, renchérit-elle en souriant malicieusement.

_ Si, et seulement si, on est toutes d’accord avec cette proposition alors je suis partante. Par contre, je doute que ma mère me laisse agir comme je l’entends, déclara Maddie faisant une moue dubitative.

_ Et si on lui demande toutes très gentiment ? Suggéra doucement Kimmy.

_ Ouais, peut-être. Enfin, je me fais pas trop d’idée, elle est toujours sur mon dos, souffla dépitée la concernée.

Timidement et en prenant soin de peser ses mots, Kimmy lui dit :

_ Ne te vexe pas surtout, mais il faut bien avouer que si tu étais un peu plus sérieuse, ça passerait peut-être plus facilement aussi.

_ Je me vexe pas, mais je suis pas d’accord avec toi. Elle devrait faire un effort pour me comprendre, mais au lieu de ça, elle décide et moi, j’ai plus qu’à me taire, dixit une Maddie juste à peine vexée.

_ Grandit un peu Maddie, t’es plus une gamine ! Je sais que ça te plaît d’être comme ça, mais un jour ou l’autre, il te faudra bien changer… Répliqua Quentin, un soupçon d’agacement et de colère dans la voix.

_ J-A-M-A-I-S !

Amy tenta de s’interposer entre eux deux, de peur que la conversation ne s’envenime.

_ Maddie…

_ Oh… C’est rien, à vous, je vous pardonne. Et si on passait à un sujet plus neutre ? Demanda-t-elle en passant du coq à l’âne.

Amy fit un sourire timide, signalant ainsi son approbation. Quentin quant à lui, rétorqua de façon un peu bourrue :

_ Sans moi pour trouver une autre idée alors !

_ Lâcheur ! Railla Maddie à son intention.

_ Ben oui, il faut bien, non ? Sinon, qui d’autre que moi pourrait remplir ce rôle ?

_ Ton jumeau inexistant ? Fit une des filles pour le taquiner.

_ Tu t’y mets aussi, Kimmy ? Demanda t’il les yeux exorbités de son constat.

_ Juste un peu, reprit-elle normalement, parfois, je trouve ça amusant de jouer la Maddie.

_ Ah non ! Ça, ça m’est réservé, dit l’intéressée en tirant la langue.

_ Et depuis quand ? Continua Quentin, mi-figue, mi-raisin.

_ Je suis née pour être et devenir Maddie, et personne d’autre. D’ailleurs, si tu veux jouer les Maddie, il va d’abord falloir me demander l’autorisation, après tout, il s’agit de ma marque de fabrication, dit-elle de façon hautaine, le gestuel accompagnant les mots.

Ce qui eut pour résultat de faire éclater tout le monde de rire de bon cœur.

Ils continuèrent leur conversation bonne enfant jusqu’à en avoir fini avec les guirlandes.

Kimmy les laissa donc le temps de trouver Mr Laurence.

Elle ne le vit pas, mais son professeur, Madame Lua, l’informa qu’il était parti aider des élèves de classes supérieures.

Elle alla donc chercher l’éducateur après sa conversation avec Mme Lua et lui annonça qu’ils viennent de terminer.

Kimmy sur les talons, il les prévint qu’il s’absente le temps de vérification.

Il prit le temps d’examiner attentivement le travail réalisé par leurs soins. Après observation, ils convient qu’ils avaient bel et bien accompli leur travail correctement et en plus, dans un laps de temps relativement court.

_ Félicitation les enfants. Au vu de ce que vous avez rabattu, et bien que vous n’ayez pas le dernier mot, si vous avez envie de faire quelque chose en particulier, dites-le moi et je verrais ce que je peux faire en retour, proposa l’éducateur.

_ Je crois pouvoir m’exprimer pour nous quatre en disant cela ; du moment que nous sommes ensemble, peu importe ce qui nous sera confié.

_ Dans ce cas…, c’est un peu différent, et nous l’aurions fait demain, mais que diriez-vous de repeindre les bancs extérieurs ? Ainsi, votre groupe ne se trouve pas modifié.

_ … Et pour demain… ? Questionna timidement Amy.

_ Nous aurons une discussion afin de voir les différentes possibilités qui s’offre à vous à la fin de la journée, de sorte de décider de la marche à suivre demain. Nous vous tiendrons informés des détails, répondit-il patiemment.

_ Merci Monsieur, dit Quentin.

_ Allez, en route, nous allons voir avec les autres surveillants pour ma proposition.

Ils suivirent Mr Laurence sur le trajet de leur atelier au réfectoire, où pour une question de facilité, les éducateurs et professeurs chargés d’encadrer les élèves ont établis leur camp.

Il expliqua aux autres ce qu’il en était concernant l’avancement du groupe et les leur confia avant de retourner apporter son aide ailleurs.

Ils validèrent la proposition de Mr Laurence pour les bancs, après en avoir parlé un peu entre eux.

Ils donnèrent les instructions sur le travail à faire avant de retourner à leurs occupations.

Madame Quena leur indiqua l’emplacement du matériel et leur dit qu’ils pouvaient aller les chercher dans la salle des professeurs. Ce faisant, elle tendit les clefs à Amy et demanda également à ce qu’ils viennent les rendre après avoir récupéré ce qu’il leur faut pour effectuer la tâche demandée.

Ce qu’ils firent.

Quentin s’en alla remettre le trousseau entre les mains de Mme Quena et retourna auprès des filles.

Ils se mirent d’accord pour agir par équipe de deux ; un de chaque côté du banc pour avoir de l’espace.

Kimmy avec Amy, et Quentin avec Maddie.

Les consignes sont simples, alterner les couleurs entre chaque banc. Les deux premiers se sont donc trouvés avec du vert pâle et les seconds, avec de l’abricot clair.

_ Ça va nous changer du blanc, s’enthousiasma Kimmy.

_ Trop même. Quoique, j’aurais préféré des teintes plus vives, avança Maddie.

_ Toujours à râler, pas vrai ? Rajouta Quentin.

_ Écrase ! Lui cria presque Maddie.

_ Pour le moment, ça ne serait déjà pas si mal d’avancer sur notre travail, avant de s’égarer et de faire les fous, coupa gentiment Kimmy.

Et ainsi passa le reste de leur journée, et ce, jusqu’à la sonnerie de seize heures. Sonnant ainsi la fin des cours pour les uns et la fin du travail pour le festival pour les autres.

Les quatre comparses occupés sur leur banc respectif voulurent finir celui sur lequel ils étaient avant de s’en aller et le dirent donc à l’un des professeurs passant auprès d’eux pour leur dire que c’était bon pour aujourd’hui.

Une fois terminé, ils rangèrent le tout avec l’aide de Mr Laurence et après avoir récupéré leurs affaires, ils sortirent de l’établissement. Quentin dit au revoir et à demain aux filles et partit de son côté, tandis que toutes les trois, d’un commun accord passèrent voir la mère de chacune d’elles.

Aucun problème pour celles d’Amy et de Kimmy, sans surprise d’ailleurs. Ce fut plus compliqué pour convaincre Moriane.

Elle finit cependant par céder, mais sous certaines conditions.

En premier lieu, que les familles des filles soient toutes d’accord. Chose facile.

En second, une corvée de vaisselle pour une durée d’une semaine à l’intention de Maddie.

Et en troisième, au moindre écart de politesse de la part de celle-ci, prolongation de la corvée.

Les filles insistèrent tant, qu’au bout du compte, Maddie finit par accepter les conditions de sa mère.

Celle-ci lui dit tout de même avant de les laisser partir :

_ Allez-vous amuser, cependant ma grande, c’est ce soir que tu commences.

_ Oui, d’accord maman, merci, se força à répondre gentiment l’intéressée, bien qu’elle tire un peu la tête ce faisant.

_ Bonne fille, fit sa mère avec un sourire.

La tête de Maddie fût épique pour ses amies ; elles ne purent s’empêcher de lui rire au nez.

Kimmy ayant déjà une vague idée pour sa tenue, elle leur en fit part.

Le plus dur restant de trouver pour Maddie, le mieux serait de commencer par elle.

Maddie proposa à boire à ses amies avant de monter et de se mettre à leur aise.

Amy demande timidement si elle pouvait avoir de l’eau, tandis que Kimmy partit pour une citronnade ; Maddie quant à elle, se servit un jus de pomme après avoir servi le verre des filles et les mit ensuite sur un plateau pour monter le tout avec elles.

Toutefois, Kimmy préféra le porter, connaissant la maladresse de son amie et hôte.

Elles prirent les escaliers, Maddie en tête. Celle-ci indiquant son bureau pour déposer le plateau arrivées dans la chambre.

Kimmy le mit comme indiqué sur le bureau, là où elle trouva de la place. Elles en profitèrent pour boire un peu tout en regardant dans la penderie.

_ Tu sais si tu veux une couleur ou un style en particulier ? Questionna Kimmy.

_ Ben… Je voudrais bien que ça me ressemble… Enfin, tu vois quoi… Dit Maddie, un peu penaude.

_ Alors…, des froufrous, avec des couleurs vives, mais qui contraste, un peu en genre de dégradé pour ton côté maladroit. Je pense que ça nous fait un bon point de départ, déclara Kimmy.

_ Euh… J’ai pas tout suivi, mais bon, on verra bien, dit Maddie tout en se passant une main dans les cheveux, tout en adressant un clin d’oeil aux filles.

Elles déposèrent les verres, afin d’avoir les mains libres pour chercher « La tenue ».

Elles firent le tour des affaires de Maddie, pour que finalement, celle-ci ne trouve rien à son goût.

Elle avait commenté chacun de ses habits sans être satisfaite.

Ne se laissant pas abattre, ses deux amies lui firent faire des essayages, n’hésitant pas à faire des mélanges de couleurs et de genre.

Elles tombèrent d’accord pour une jupe en tissu léger noir, formant une coupe dégradée, plus court sur l’avant et donnant plus long sur l’arrière.

Bien évidemment, ce n’était pas pour plaire à Maddie que la jupe soit une taille haute ; pas de soucis se dirent les filles, on trouvera bien de quoi cacher ce détail et tout serai réglé.

Elles en firent donc part auprès de leur amie, qui accepta de jouer le jeu, plus pour elles que pour soi-même, dépitée à l’avance par cette jupe…

Elles trouvèrent ensuite un petit top dans les tons fuchsia, plus léger encore que le bas.

_ Si on place un top de la couleur que ta jupe au-dessus, on devrait pouvoir masquer la taille, tout en couvrant ce qu’il faut. Et si on place ce t-shirt de cette façon, ça donnera une petite touche décalée, un peu comme toi, dit Kimmy joyeusement.

_ Je suis pas sure… Répondit Maddie, largement hésitante.

_ Fais-moi confiance, tu seras juste magnifique quand on aura trouvé ta tenue au complet.

_ Mouais… Là, c’est surtout pour vous faire plaisir que je continue, je sais très bien que je suis moyenne, voir pas terrible.

_ Tu es juste toi, c’est tout.

_ Tout juste Amy, enchaîna Kimmy en souriant. On sera magnifique toutes les trois, j’en suis sûre. On va faire chavirer le cœur de tous les garçons même !

_ Oula ! Bien peu pour moi. Les mecs, c’est surfait, pas besoin d’eux. Répliqua un soupçon prétentieuse Maddie.

Sans se laisser décourager pour autant par les propos de Maddie, Kimmy changea de tactique et se tourna vers Amy.

_ Amy… ? Toi au moins, tu es d’accord avec moi, pas vrai ? Dit-elle les yeux brillant.

_ Euh… Réagit-elle à moitié paniquée.

_ Bon, d’accord, j’admets ma défaite, dit Kimmy en tirant la langue style Maddie. En plus, je me trouve encore trop jeune pour avoir un copain, juste que si je vois un beau gosse…, je sais le reconnaître, acheva-t-elle avec une petite note d’humour.

Ce qui ne manqua pas de faire rire ses amies à ses côtés.

Le temps sembla filer comme une flèche, à parler entre elles tout en continuant leurs recherches.

La mission « tenue parfaite » finit par aboutir.

Maddie se mit face à son miroir et se contempla, comme les filles le lui ont suggéré, afin de la rassurer.

Elle fut étonnée du résultat.

Il faut dire que d’ordinaire, que ce soit à l’achat ou lorsqu’elle les porte, elle choisit ses vêtements selon son humeur, mais aussi en fonction du temps dont elle dispose.

Ainsi habillée, il lui fallut reconnaître qu’elle était pas mal ; finalement, elle serait peut-être belle pour le festival.

Elles rangèrent le bazar qu’elles avaient mis en fouillant partout, hormis la tenue et les accessoires trouvés.

Tout en s’ativant, Kimmy promis de chercher le vernis dès son retour chez elle, et qu’elle le mettrait en évidence pour ne pas l’oublier.

Le temps de descendre, le plateau avec elles, elles avaient convenu du programme pour le lendemain. Elles iraient d’abord chez Amy et ensuite chez Kimmy afin de faire de même pour elles également.

Après ça, il leur faudrait se coucher tôt et les filles viendraient réveiller Maddie le jour suivant, leurs affaires prises, afin de pouvoir toutes se préparer ensembles, que personne ne soit en retard.

Lors du passage en cuisine, elles dirent bonjour au père, ainsi qu’au frère de Maddie, rentrés entre-temps.

Celle-ci raccompagna ses amies jusqu’à la porte et les laissa partir en leur faisant signe de la main, puis retourna vers la cuisine.

Elle parla un peu avec son père et son frère, en évitant au maximum certains sujets durant la préparation du repas.

Avec Maddie, mieux vaut ne pas la faire participer à la tâche, à moins de vouloir manger du brûlé, si pas pire !

Bien entendu, elle se limita dans sa conversation à ne pas devoir adresser la parole à sa mère, ça ne lui disait rien de risquer son accord avec elle…

Après le repas, elle fit donc la vaisselle comme promis ; pestant à intervalles réguliers, mais elle tint bon.

Quand elle eut terminé, elle passa au salon dire bonne soirée et bonne nuit à sa famille et fila chercher ses affaires avant de sauter sous la douche.

Et pour tenter d’être en forme et à l’heure demain, pourquoi ne pas aller se coucher tôt ?

Sa douche prise, elle regarda l’heure, et, voyant qu’il était tout de même un peu trop tôt pour dormir maintenant, elle décida de s’occuper, sans être trop absorbée toutefois dans ce qu’elle ferait pour ne pas louper le coche.

Elle pencha donc pour prendre de l’avance dans ses devoirs, comme ce n’est justement pas sa tasse de thé, aucune chance pour elle d’oublier ce qu’elle s’est fixée comme horaire pour la soirée.

Pas de chance, c’est une des choses qu’elle aime le moins faire ; la rédaction d’un texte.

Ok…, pas de créer une histoire à elle seule, de A à Z, on lui avait fourni une base sur laquelle travailler. Trouver une suite logique, ainsi qu’une fin cohérente et appropriée par rapport à cette base…

Quelle horreur, pensa-t-elle en gémissant.

Elle plaça un rappel sur son téléphone, pour qu’il sonne à vingt et une heures trente.

Ça lui laisserait le temps de faire un passage à la salle de bain et de ranger son cours avant de se glisser dans le lit.

Avec autant de difficulté à s’endormir et se lever le matin, mieux vaut faire extinction des feux bien plus tôt.

Elle peina tant pour son devoir, que finalement, quand la sonnerie retentit, elle n’avait presque pas avancé dans sa tâche.

Mais au moins, on peut lui reconnaître qu’elle a fait des efforts, chose déjà pas mal, vu son flegme habituel.

Elle pouvait bien être un peu fière d’elle pour cette fois.

Ses affaires rangées correctement à leur place sur son bureau, et son passage à la salle de bain effectué, elle se glissa au chaud sous sa couette et éteignit la lampe de chevet située sur sa droite, non sans avoir vérifié que son réveil pour le lendemain soi bien programmé.

Elle se tourna, encore et encore dans son lit, avant d’enfin parvenir au sommeil.

Elle put enfin plonger dans le pays des rêves, le sien la menant vers des princes et princesses d’un autre monde, tout de blanc vêtus, dans un vaste palais aux milles lumières, tel dans un conte de fée…

Dansants sur une douce mélodie…

Annotations

Vous aimez lire Mimi-e France ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0