Chapitre 1

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- Majesté…

- Plus tard mon cher Melrose, nous aurons le loisir d’en discuter ultérieurement. Pour l’instant, je me dois de rester focalisée sur ma tâche et au vu des délais, je ne peux me permettre de distraction importune.

Elle congédia le pauvre Melrose d’un geste délicat de la main et sans chercher plus loin, retourna vaquer à ses occupations. Il s’en alla bien docilement, sachant pertinemment l’importance de son travail, bien qu’il ait conscience qu’il devra bientôt revenir. Après tout, son rôle est de seconder au mieux La Reine des Lys dans son quotidien.

Il poussa un long soupir une fois les portes fermées derrière lui tout en restant sur place quelques secondes avant de prendre la direction de son bureau.

*

- Vas-y ma belle, tu peux y arriver, murmura la reine à l’objet fragile sous ses doigts d’une voix douce et tendre.

Le petit bourgeon blanc s’étendit lentement et étira ses feuilles vert clair tout en continuant de grandir.

Quand elle fut certaine d’avoir finalisé cette étape, la reine mis le pot de côté, avec d’autres congénères ayant validé celle-ci avant de passer au suivant. D’autres vont encore emprunter ce cheminement avant de se voir confiés à d’autres mains qui se chargeront de les mettre en place pour le festival de la reine qui a lieu tous les dix ans, au début du Printemps pour fêter celui-ci.

Bien sur, chaque année se déroule un festival pour célébrer la fin de l’hiver mais celui de la reine est particulier.

Est mise à l’honneur la fleur emblème de la reine, dont elle fait naître elle-même les pousses pour ensuite leur laisser poursuivre naturellement leur croissance.

Il ne reste que huit jours avant le lancement des festivités, autant de temps pour mettre la touche finale aux préparatifs d’une part et à la reine d’une autre pour gérer en parallèle les affaires de son royaume.

En dehors des enceintes du palais, l’agitation bat son plein parmi les habitants de Lavande. Il s’agit d’un moment propice pour montrer son talent aux yeux de tous, de mettre la main à la pâte, petite ou grande afin de faire de cet événement une réussite. D’ici ces quelques jours, la ville se verra couverte de diverses fleurs de saison mais également certaines créées expressément pour mettre en valeur leurs comparses, ou encore pour embellir l’environnement.

En attendant, hormis les femmes chargées des floraisons, les hommes eux veillent aux grains. Stands, nourritures, marchandises, entretien et décoration de la ville, sécurisation des lieux, tous y passe minutieusement. Les enfants quant à eux peuvent participer, néanmoins, les adultes tiennent à les préserver de la pression que peut engendrer des préparatifs d’une telle envergure.

Sinon, la ville reste fidèle à elle-même, lumineuse et chaleureuse, aux structures naturelles et affinées. Pour ce qui est des terres, celles-ci pouvant s’étendre grâce au pouvoir de la reine, le problème ne se pose pas.

Déjà en temps normal, la ville est parcourue de fleurs et de couleurs.

Beaucoup d’espaces verts créés sont gardés afin de préserver la magie des Fleurs, qui fait partie intégrante de l’histoire de Lavande et de sa population.

Quelque soit la proportion des terrains compris sous son nom, il y a un élément qui lui ne se voit pas bouger. Immuable, le palais ainsi que ses parcs restent au centre.

Bien que la reine y vive et y siège, il ne lui est pas attribué exclusivement. Certains hôtes, pouvant être qualifiés d’hôtes de marques peuvent y séjourner, ainsi qu’un appartement privatif se voit réservé pour chaque membre du personnel participant aux bons soins des lieux.

En hommage au titre de la reine, les murs extérieurs sont blancs afin de laisser libre cours à la nature et ses droits, en souvenir de son essence profonde.

Deux parcs le jouxte, l’un privé et l’autre accessible pour tous, dans un coin de ce dernier à été aménagé un lieu presque idyllique qui sert aux fêtes en tout genre. Il se voit décoré selon l’événement à venir, même quand il s’agit de mariage.

En parlant de magie…

On en dénombre de multiples facettes. Facile quand une seule est présente au sein de l’individu mais tellement plus complexe d’approche quand un mélange s’opère.

Certaines restent rares, d’autres plus longues de maîtrise, le tout sans prendre en compte les dons de chacun.

Il n’est nullement question de désirer un pouvoir, c’est celui-ci qui vous choisi, et ce très jeune de façon générale.

Au contraire d’un mage élémentaire ou non, qui lui se révèle par la génétique, les Fleurs ne sont que des femmes, peu importe leur affiliation de départ ou sans apport magique en elles, à partir du moment où elles vivent à Lavande, un jour ou l’autre elles se voient développer cette particularité à différente échelle.

Elle finit par se dissiper seule hors enceintes du royaume au bout d’un plus ou moins long moment selon la personne et ses capacités.

Seule le Lys se voit dotée d’une capacité de création, les autres sont limitées à la croissance de ce qui est déjà existant. Deux roses peuvent très bien se trouver être très différentes en fin de compte ; cela va dépendre de leur potentiel personnel.

Le fait d’être unique est autant un fardeau qu’un cadeau.

Si on se contente de se fier au prestige de cette Fleur, elle est enviée pour ce qu’elle est mais quand on creuse pour trouver la femme sous cette nuance, on peut réaliser à quel point elle est solitaire malgré un entourage qui gravite en quasi permanence autour d’elle.

Par défaut, elle va se mettre en position de protection pour les siens à son propre détriment. Si un sacrifice doit être fait pour eux, elle le paiera toujours, sans se poser la moindre question.

Aimer avoir de la compagnie et pouvoir aimer sont deux choses différentes, elle n’a pas de place pour une romance, son discernement pourrait se voir affecté, cela rend un amour incompatible avec sa fonction de reine. Elle n’est et ne peut qu’être cela de son éveil à sa succession ou encore sa mort.

*

Après plusieurs heures d’intenses concentration, la reine put enfin sortir de ses quartiers pour se permettre un peu de détente dans les jardins privés. Son devoir revêt une grande importance mais il l’est d’autant de connaître ses limites et d’en tenir compte.

Car sans cela, elle ne pourrait parvenir à se ressourcer et à donner ce que l’on attend d’elle.

Louvina se dirigea vers le petit kiosque presque totalement enseveli sous des rosiers blancs en permanence fleuris et vint s’asseoir sur un banc de bois finement travaillé.

Elle se cala confortablement afin de se relaxer pleinement et de profiter du calme qu’inspire cet environnement.

Fatiguée par cette dépense d’énergie, elle laissa son esprit vagabonder où bon lui semble et sans plus penser au reste, elle finit par s’endormir sans même s’en apercevoir.

_ Majesté… Votre Majesté… Réveillez-vous…

_ Oui-oui…

_ Majesté, je vous en prie, ne restez pas à dormir ici, dit Melrose d’une voix basse, bien qu’assez neutre.

_ Melrose… pour le peu de repos que je m’octroie, ce n’est pas très plaisant de votre part d’oser y mettre un terme de la sorte, dit Louvina souriant en coin les yeux toujours clos.

_ J’en suis véritablement navré, mais je ne peux mériter ma place à vos côtés si je vous laisse dormir à cet endroit. Certes, vous êtes en lieu sûr mais il serait tout de même préférable que vous rejoignez vos appartements, plutôt que de prendre froid dans votre sommeil, déclara celui-ci, un sourire perceptible dans sa voix.

Elle étendit ses jambes devant elle en ouvrant lentement ses yeux et se remit en position assise.

_ Très bien, j’ai compris, dit-elle d’une voix résignée, sans pour autant lui en tenir rigueur. J’ai tenu à rester plus disponible au besoin mais puisque apparemment cela peut attendre, je vais de ce pas prendre en considération vos sages paroles et me fixer comme objectif d’être en forme pour plus tard, continua-t-elle dans un grand sourire mi-joyeux, mi-poli.

Melrose commença à avancer en silence aux côtés de la reine tout en rentrant. Arrivés sur les marches menant aux portes du jardin, Louvina se tourna vers lui et lui dit :

_ Pourquoi ne m’accompagneriez-vous pas ? Vous aviez à me parler il me semble, non ?

_ Effectivement, mais au vu de votre fatigue, je vais m’abstenir pour aujourd’hui et y revenir demain, avant que vous ne commenciez votre journée, dit-il simplement.

_ Rassurez-vous, je ne prétends pas être à mon maximum mais cette petite pause sous le kiosque m’a requinquée suffisamment pour être capable de vous écouter. Qui plus est, je doute que le sujet de cette conversation soit banal étant donné que vous avez prit la peine de venir pendant mon travail…

_ Dans ce cas, je vais me permettre de vous informer des détails parvenus à vos quartiers.

Louvina hocha la tête doucement sans rien ajouter de plus. Ils continuèrent à marcher ensembles, dans un silence serein, d’un pas lent mais assuré. Nul besoin de se presser, la suite se profilant bien assez rapidement.

Les portes des appartements de la reine franchies, ils prirent de quoi se désaltérer, avant de s’installer sur les sofas moelleux du salon pour en venir aux faits.

Quelque peu hésitant, Melrose se lança.

_ Il ne s’agit pas d’une urgence, simplement de constatations et d’un questionnement personnel qui me décide à aborder le sujet auprès de vous directement.

_ Soit, je jugerais de l’importance que cela revêt si cela permet de vous apaiser, dit-elle en souriant aimablement malgré qu’elle se soit légèrement tendue.

_ Merci votre Majesté, après cela vous concerne en premier lieu. Des collègues et moi-même avons trouvés que vous sembliez plus distraite ces derniers temps. Pour tout vous avouer, je commence à m’inquiéter pour vous, il n’est pas dans vos habitudes d’agir d’une telle façon.

_ Oh ça ! S’exclama-t-elle franchement un rire difficilement contenu dans la voix. C’est simplissime pourtant mon cher Melrose… , je ressens l’appel, lâcha-t-elle du tac au tac.

Face à ses mots, son vis-à-vis ouvrit grand les yeux, plus que surpris. Il ne pût contenir sa réaction, pourtant inappropriée par rapport à la reine.

_ Pardon !? Manqua-t-il de s’étrangler.

Cette fois, Louvina éclata franchement de rire, avant de retrouver son sérieux, remarquant l’expression ébahie de l’homme se trouvant devant elle.

_ Je vous présente mes excuses, je n’ai pas pensé que vous pourriez en être autant affecté et j’ai oublié de peser mes mots, lui dit-elle dans un sourire doux.

_ Vous n’avez pas besoin de vous excuser ainsi, je me suis trouvé pris de court par cette information. Vous êtes encore une jeune Lys, d’ordinaire ce n’est qu’environ une dizaine, voir une vingtaine d’années supplémentaires qu’une telle chose se produit.

_ Vous avez parfaitement raison, ce qui au départ m’a provoqué de l’incompréhension, quand il y a déjà quelque mois celui-ci s’est fait ressentir.

_ Je ne peux contredire ceci et vous faire une confiance aveugle sur le sujet. Quel comportement devons avoir désormais ? Devons-nous annoncer la nouvelle dès maintenant ou connaître notre Fleur en priorité ? Demanda-t-il on ne peux plus sérieusement, tout son self-control recouvré.

_ J’aimerais attendre, la rencontrer et avoir le temps d’aborder le sujet calmement auprès d’elle. Je crains qu’une annonce trop rapide ne nous porte préjudice pour un sujet si délicat. Je pense sincèrement que d’apprendre la nouvelle par le biais d’un conseil ne soit pas la manière la plus adéquate, dit-elle en allant au fond de sa pensée.

_ Je comprend et prend en considération votre point de vue, néanmoins, et cela afin de respecter cela, il serait judicieux de trouver une parade. Il se pourrait que d’autres viennent nous faire part de leur inquiétude. Si nous voulons préserver la future Lys d’une pression malvenue, nous devrions mettre en place une répartie permettant de détourner le sujet, exprima-t-il la mine soucieuse.

_ Préoccupée par le festival peut-être ? Ce ne sera efficace qu’un certain temps mais ça pourrait tenir, proposa-t-elle le regard sérieux mais un sourire doux présent sur ses lèvres comme presque constamment.

_ Je pense que l’ont peut s’en servir comme point de départ et s’adapter si cela se voit nécessaire, dit-il en détendant sensiblement ses traits.

_ Bien. Hormis cela, y a t’il autre chose qui exige d’y prêter une attention immédiate ?

_ Rien qui ne sorte de l’habitude Majesté.

Melrose reprit quelques gorgées de sa boisson et poursuivi la conversation, mettant de côté la précédente pour ne se concentrer que sur les affaires du royaume.

Ce qui sembla être d’interminables heures plus tard, Melrose prit congé de la reine et partit vers ses propres quartiers. Il prit soin de consigner les événements de ce jour, hormis l’appel qu’il se garda d’écrire ; une promesse est une promesse.

La reine quant à elle, se fit couler un bain bien chaud, espérant qu’il soit salvateur après une telle journée, afin de faciliter une nuit de sommeil amplement méritée. Demain est un autre jour… mais non moins chargé que celui en cours.

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