Ce n'est ni facile ni honorable de buller. C'est inutile à l'extrême, on peut le dire : je bulle pour rien. Bulle-t-on jamais pour quelque chose ? Qu'est-ce que buller, d'abord ? et qu'est-ce que ne pas buller ? Je n'en sais bullement rien et pourtant, je veux buller ; j'y tiens, aussi sûrement que je m'enthousiasme devant un disque d'eau cerclé de plastique. Je bulle ou je m'accidente – peu importe -, je débulle quand je ne bulle plus, en perdant ou non un bullon, et coûte que coûte ou bulle que bulle, je finis toujours par rebuller.

 Cela change de ton, n'est-ce pas ? Voilà ce que vous notez, entre vous et vous-même, dans votre concilia. Vous tromperais-je donc si je vous disais, de vous à ma bulle, que mon Saint-Bernard s'avérait de bulles, qu'il le demeure sous mon actuelle main caressante, et qu'en cela rien n'est plus doux ni fantasquement doux que son réconfort fantastique ? Si je vous affirmais que oui, j'ai un vaisseau de bulles, seriez-vous assez audacieux pour comprendre combien, puisque cela est faux, cela est vrai ? Dois-je abandonner là ma propre énumération – plop, savonneux plop – ou l'attendez-vous au tournant des airs, le bulleux compagnon ?

  Je ne bulle que par trois paragraphes, trois bulles (l'aviez-vous remarqué ?), par conséquent s'en vient déjà le dernier courant. Je n'ai, pourtant, encore rien dit ; j'ai bullé, depuis ma bulle, complètement mabulle, j'ai bullé comme un dément démenti se démantibule, comme une fable fabule, j'ai vidé tout mon sang de ses globules, de ses vestiges mon vestibule ; tout cela sans oser vous regarder, derrière le sphérique vitrage aqueux sans tête ni queue (la chance des bulles !), parce que la question s'obstinant à poindre, tutoyante et tubulaire, dans la regrettable absence de postambule, me fait honte et me rend débule : comment veux-tu, comment veux-tu que je t'embulle ?