Je m'appelle Tim et je veux écrire. Ces deux vérités me définissent à présent. Certes j'aurais pu considérer que « je veux écrire » suffit à me caractériser en ce moment-même, mais j'aime mon prénom comme j'aime mes parents, et s'il est d'usage de considérer, ivre d'envol et d'indépendance, que nos parents ne nous définissent pas, je défends l'idée que c'est pourtant le cas sous l'angle précieux dans lequel je me glisse : corporellement, la permanence de mes parents détermine ma propre permanence. J'aime sentir en mon être la réminiscence intemporelle de tout, paradoxe du beau verbe sur la ligne de ma phrase et de la vie, qui chante ses parentés dans les reliefs de mon prénom.

 Ainsi donc, je m'appelle Tim et je veux écrire. Et j'écris ; cependant, je n'envisageais pas d'offrir les lignes précédentes à mes considérations pompeuses. Qu'envisageais-je, alors ? Je voulais introduire en quelques mots une sorte de journal. La glorification de mon nombril n'est pas spécialement l'une de mes activités favorites, et je m'apprécierais davantage dans la rédaction d'un roman ou d'une ébauche de roman, mais comme je ne souffre pas de l'envie de m'apprécier, que je veux simplement écrire et que mes temps romanciers ne me semblent pas venus, j'introduis ce journal. C'est chose faite, n'est-ce pas ?

 Ici, je vais donner libre cours à mes divagations claviéristes, je vais me raconter, en vérités et en mensonges si je le désire, et souvent me semer en imaginations diablement stériles. Rapidement vous cesserez de me lire parce que vous ne cherchez pas, sur cette toile, de perditions timesques. Vous me fuirez comme des bulles que j'aurais soufflées sans le vouloir, pour exploser de dégoût et de libération loin de la boule de mots qui me sert de tête.