Un refuge irréel (2009)

2 minutes de lecture

La carte était posée juste sous mon nez. Elle avait toujours été avec moi et pourtant je ne pouvais pas la voir. Je la sentais et je pouvais presque la toucher mais je ne parvenais ni à l'atteindre, ni à la voir.

Je l'avais vue une fois, dans mon sommeil. J'étais alors convaincue de son existence. Mais où pouvais-je la trouver exactement ?

Elle indiquait le chemin de ma libération, des passions si intenses et de l'émerveillement. Un jour pourtant, je compris. Ce film était d'un ennui inconcevable, les personnages étaient plus superficiels les uns que les autres, les paroles n'étaient que des sons démunis de vie et d'intérêt mais, dans ce massacre, cet odieux montage, j'entendis une phrase. C'était quelques mots ordinaires, alignés en bon français. Personne n'aurait dû y faire attention. Il lui avait dit avec une profondeur si touchante, une voix à vous donner envie de pleurer,... Il lui avait dit : « Laisse-toi guider par ton cœur. »

En six mots, j'avais découvert le chemin de ce monde : mon cœur.

Chaque jour, j'avais gravé sur mon poignet « very bad day » pour me rappeler que chaque jour dans votre monde était abominable. Je me souvins ainsi de la réalité. Mon corps en faisait partie mais moi j'étais ailleurs. J'avais déchiffré la carte complexe que renfermait mon cœur et je planais dans un océan turquoise de chance et de bonheur. C'était ainsi que j'étais heureuse. Les gens pensaient se moquer de moi, m'insulter ou me faire des reproches,... mais mon corps abandonné ne pouvait plus les entendre. Je passais mes jours et mes nuits à parcourir mes rêves, sans me lasser. C'était un refuge d'illusions, de passion et de bonheur.

Mais, un jour, je n'ai plus retrouvé le corps qui avait été le mien. Mon monde s'est assombri, les feuilles sur les arbres sont devenues moins vertes; j'avais vieilli. Mes parents étaient morts et j'étais seulement une femme âgée, solitaire. J'ai continué à parcourir le monde de mon cœur. Les feuilles des arbres arboraient de magnifiques reflets dorés et je pouvais voir de magnifiques couchés de soleil.

Et puis les feuilles sont tombées et la neige est survenue, blanche et pure. Le ciel est devenu sombre, noir, de plus en plus noir.

Le dernier jour arriva, le noir avait tout englouti et je me perdais, seule, dans une nuit sans fin. Mon vieux corps ridé était étendu sur son lit de mort et moi je parcours encore le néant, songeant que je n'ai rien connu de la vie.

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