Une étrange lettre

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Natalia, installée dans la barque en bois, rame avec quelques difficultés. Il faut dire que c’est la première fois qu’elle utilise ce genre d’embarcation. Autour d’elle la mer est calme, et les autres chaloupes semblent glisser sur l’eau. L’air est frais et Natalia regrette de n’avoir mis qu’une simple robe en coton avec un gilet crème. L’odeur iodée se pose sur ses vêtements déjà humides contre sa peau blanche.

Alors qu’une lune ronde et jaune illumine la scène, la jeune femme se sent protégée par le loup qui dissimule son visage. Les autres invités ont fait preuve de plus d’imagination. Natalia a l’impression de s’éloigner du rivage, accompagnée de monstres. L’un d’eux a une tête de sanglier. Le déguisement est tellement bien fait que l’ensemble du corps est recouvert de poils gris et drus. Face à lui, les rames à la main, une sorte de Dracula à la cape noire, dirige la barque. Natalia distingue, éparpillés sur d’autres embarcations, une femme aux boucles rousses ne portant pour tout vêtement qu’un long voile vaporeux rose, tandis qu’un homme blond à la forte musculature agite ses oreilles de chat en direction de deux adolescents partageant le même corps.

L’atmosphère est étrange, comme un joli rêve ayant mal tourné et se transformant en un nébuleux cauchemar. Alors que l’on discerne au loin le château solidement ancré sur le rocher au milieu de la mer, Natalia se remémore l’énigmatique invitation reçue la veille au soir dans sa boite aux lettres. La sollicitation était posée sur un vieux parchemin qu’on aurait dit brûlé, avec des mots écrits à la plume. En voulant lire le document, Natalia s’était coupée et une goutte de sang avait taché le message. Bizarrement, le papier avait absorbé le liquide rouge dont il ne resta plus de trace.

"Chère mademoiselle Gaignaire,

Permettez-moi de me présenter, je suis le Prince Ruben Del Sol.

Mon nom, j’en suis certain, ne vous est pas inconnu. Je suis le propriétaire du château se trouvant en pleine mer. Je sais que ma demeure nourrit les fantasmes de toute la population. Certains me prétendent mort et revenu à la vie, les plus téméraires disent que je suis un vampire. Pour d’autres, je suis un dieu se cachant sous le visage d’un humain… quelques-uns me vénèrent.

Le bal d’Halloween, surtout, fait l’objet des plus folles rumeurs… on parle de vierges étranglées, de rites maléfiques… tout cela est faux bien entendu. Cependant, le bruit ayant couru que certains zélés citoyens armés de fusils comptaient traverser la mer afin de m’éliminer, j’ai convoqué le maire et lui ai proposé d’inviter certains villageois à la soirée. Il a choisi un garçon prénommé Alban et ensuite il a cité votre nom. D’après ce que j’ai compris, vous êtes une jeune orpheline sans argent et vous ne manqueriez à personne si finalement, je pratiquais vraiment des rites sataniques.

Vous êtes donc conviée à mon bal d’Halloween, qui rassurez-vous, ne sera pas sanglant, mais charmant.

Prince Ruben Del Sol"

(à suivre)

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