I (7/12 (OUI il y aura bien douze scènes de ses morts dans cette première partie de ce machin (qui aura six parties, hein, pas douze, mais pas quatre et demi non plus) voilà bisous) oui)

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Imparfait repose le téléphone sur son socle en toc, encore baigné par la frêle lumière du soleil couchant, et repart vers sa chambre, sans daigner s’aventurer dans les couloirs obscurs et labyrinthiques qui, constamment dans les ténèbres, brillent de leur blancheur sans aspérité.

Sa chambre est juste à l’étage et, à peine ayant monté l’amusante spirale qui épouse le puits de lumière jaunâtre qui tombe du ciel comme une fleur valsante, il se dirige vers la porte. Sur la poitrine de celle-ci est indiqué avec des lettres multicolores et légèrement de travers son nom qui le surplombe depuis quelques années déjà : IMPARFAIT. Et son regard ignorant ces lettres invraisemblablement sensées et ses mains portant sur la poignée dorée qui le transcenderait à nouveau dans l’exaltation onirique, le petit garçon entre timidement, comme si quelque chose avait changé, comme si quelque chose aurait pu changer dans le temple de ses rêves…

Un léger moment de contemplation…

Rien n’a changé.

Imparfait se pose délicatement sur le parquet brillant qui plonge, lentement, avec la langueur des vagues qui se retirent du monde, dans l’obscurité aveugle de la nuit. L’ombre envoie ses messagers d’un soir dans l’onde du temps qui passe, qui lasse, qui se tasse dans l’amertume opiacée de nos esprits volatiles ; le temps passe comme des voitures et l’ombre, la cécité éternelle pour une nuit durant, charge, armée de sa mélancolie.

  • Allumez le phare, allez !

Un phare apparaît soudain au milieu du plancher, contrant avec son orgueil amer les armées nocturnes qui envahissent petit à petit le plancher vétuste qui aspire à la lumière.

  •  Allez, allez, tous en rang !

Les forces du jour, dans leur baroud d’honneur, lèvent leur lance, tous regroupés devant le phare, pour défendre le dernier vestige du temps.

  •  Guerriers ! Vous protégez votre famille, votre femme et vos enfants ! Ou votre homme, ou...

Un petit temps.

Imparfait reste le regard dans le vide quelques secondes.

  •  Guerriers ! Vous protégez votre famille, tous ceux que vous aimez, tous ceux que vous chéri... chérissez, pour vous. Le monde attendait des hommes comme nous, des soldats prêts à tout, à la mort, à la défaite, car c'est dans la vision de la défaite que l'on voit la victoire.

On entendrait des hurlements, des cris de guerre qui s'accumulent jusqu'à l'horizon, sans que l'on puisse distinguer une tête parmi l'amas des guerriers du jour.

  • Aujourd'hui, nous vaincrons ! Aujourd'hui, nous triompherons ! Aujourd'hui, le jour sera notre roi et le soleil son épouse ! Et qu'aujourd'hui, la gloire nous guide !

Hurlements.

 Le phare tente de percer les ombres en reflétant la lumière timide du soir, guidée par les hurlements des troupes, les véhémences clamées, indiscibles, à en faire trembler le parquet fébrile.

  • CHARGEZ !

Et ils chargent, ils chargent, ils chargent avec la puissance des Anciens qui vit dans leur coeur, ils chargent, courant sur les plaines ocres illuminées par la splendeur spectaculaire du soir tombant, ils chargent  et


un nuage apparait soudain


le timide soleil du soir soudain s'évapore



un temps




On entend une voiture arriver, freiner, s'arrêter rapidement, une porte claquant juste après.

Le temps passe comme des voitures.

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