Soulever des montagnes

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Soulever des montagnes

   Mais alors, qu’en est-il de la belle photographie de Gilles Molinier après toutes ces digressions ? Où va-t-elle trouver à s’inscrire ? Eh bien, tout simplement, elle servira de lien entre ces anciens mouvements tectoniques, maintenant apaisés et le Kailash sacré autour duquel les pèlerins pratiquent leur étrange circumambulation, levés vers le Ciel, couchés à même la Terre et ainsi sans repos avant que le cercle ne soit refermé. Puissance de la Montagne infusant dans la foi des hommes. Et, ici, il n’est nullement question de porter un jugement sur des croyances, seulement de s’étonner du prodige de la foi. On dit, de cette dernière, qu’elle « peut soulever des montagnes ». C’est la vertu du symbolique que de métamorphoser le réel (la Montagne), d’en faire un objet de contemplation (pour la religion) et de le doter d’un possible pouvoir de magie, (la transcendance), de façon que les hommes pourvus d’un pouvoir quasiment céleste puissent s’exonérer un instant (la prière) des pesanteurs et des soucis de l’immanence.

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   Cette image si semblable au triangle du Mont Cervin (le Photographe n’en précise pas le nom) est douée d’un étrange pouvoir de fascination. Une description phénoménologique, à défaut d’en donner toutes les esquisses possibles, essaiera d’en expliciter le sens à partir de cette monstration en noir et blanc. Ce que le trilogue blanc-noir-gris nous donne immédiatement à entendre c’est, qu’ici, aucune distraction n’est possible, aucune évasion de l’imaginaire, lequel est toujours habile à se doter des ailes de la couleur pour fuir la dague aiguë du réel. La bichromie (le gris n’étant qu’une variation des deux tonalités fondamentales) a ceci de précieux, nous disposer à ne voir que l’essentiel. Cette réflexion ramenée à l’échelle des émotions esthétiques se traduira en un lexique simple : « Beau » - « Etonnement » - « Nécessité ». D’emblée seront évincées les considérations sous-jacentes, les valeurs atténuées vers lesquelles nous entraînent les notions « d’agréable », de  « goût », « d’impression ».

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