C’est divin une montagne

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C’est divin une montagne

   C’est majestueux, une montagne. C’est impressionnant, au sens premier, celui que nous donne le dictionnaire : « Qui frappe la sensibilité, l'imagination en inspirant un très vif sentiment de crainte, de respect ou d'étonnement ». C’est impressionnant au sens second comme on le dirait d’une plaque sensible photographique « impressionnée » par le flux des grains de lumière. « Impressionnée » veut dire qui en gardera la trace indélébile au creux même de sa mémoire de métal. Autrement dit expérience ineffable qui fera partie d’elle, la plaque, de la même manière que nous serons marqués au fer par l’étonnante vision de cette pyramide de matière qui nous toise du haut de son majestueux empyrée. C’est divin une montagne, cela renferme l’esprit du dieu, cela hante les hautes transcendances, cela survole le modeste habitat de l’humain sur Terre.

   Kailash

   Comment ne pas rêver, comment ne pas s’élever en direction du Ciel à seulement entendre le chant de ces espaces ouraniens ayant pour noms Fujiyama, Elbrouz, Sinaï, Thabor, Carmel, Kailash, Olympe ? Ces noms sont déjà de purs poèmes, des incantations, des chants tout disposés à la fugue de l’âme en son altière liberté. Entendre, par exemple, dans le beau mot de « Kailash », non seulement une harmonie phonétique, mais y faire surgir le sens de ce qui s’y inscrit à la façon d’une formule lapidaire au fronton d’un Temple. Mais d’abord écoutons les sons, jouons avec eux la subtile partition d’un savoir immédiat. [K] : vigoureux claquement de l’occlusive comme pour figurer en tant que prélude d’une attention à ouvrir, à rendre disponible ; quelque chose va paraître de l’ordre du rare, du précieux. [AI] (entendre « EY ») :

Pareil à un appel des cimes, à un écho qui vibrerait haut dans la chaîne transhimalayenne, près des lacs aux eaux translucides. [LA] ce début de lallation que l’on retrouve dans la bouche du jeune enfant pour désigner le lieu, l’espace qui s’ouvre à lui en tant que voie d’un destin à accomplir (Là). [SH] (entendre « CH »), cette belle chuintante qui se prolonge indéfiniment, image d’une vapeur qui se confondrait avec le rien de la nuée, le cristal de l’infini, la vibration de l’absolu. Oui, ici ne peut convenir qu’un langage de l’hyperbole, une hyperesthésie des sens, d’une dilatation de la pensée.

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