Rencontre opportune

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Nous parcourons bien une cinquantaine de kilomètres avant de nous arrêter sur une aire de pique-nique. Nous échangeons nos informations et j’apprends ce dont je me doutais : une grosse entreprise immobilière nouvellement installée, rachète toutes les petites agences du coin pour posséder le monopole des sports d’hivers et des locations immobilières dans cette région. De sorte qu'en me voyant dans le chalet, l’espionne de ce groupe a cru que j’avais été engagé par une petite agence pour lui venir en aide. Si ce n’était pas le cas avant, ça allait le devenir ; nous élaborons un plan et Arnaud part contacter toutes les agences immobilières du coin susceptibles d’être rachetées par la holding vorace. Auparavant, il a loué, sous un faux nom, un petit chalet sur les hauteurs, loin de la station pour ne pas être remarqué, qui me servira de refuge et de base. Cependant nous devons faire vite, car m’est avis que dans ce petit pays bien ordré, entre la Suisse et l’Allemagne, la police doit être diligente. Le petit chalet de bois comporte l’eau chaude et le chauffage au bois et ça suffit pour moi puisque du bois, des brindilles et du papier se trouvent à proximité du poêle. J’y découvre également quelques excellents livres, qui me feront passer le temps agréablement. Je suis tranquillement plongé dans la lecture, le feu apporte une douce chaleur et une ambiance douillette et intime, lorsque la poignée de la porte s’abaisse légèrement… comme je n’ai pas entendu la clé dans la serrure, j’en déduis que ce n’est pas mon pote. Je me raidis, sur le qui-vive, m’apprêtant à faire face à miss « revolver-soporifique ». J’empoigne la canne me positionne de manière à pouvoir bondir le cas échéant sur quelques ennemis, mais la poignée retombe et l’on frappe à la porte… Bonne stratégie, hélas pour son auteur Alexandre a eu son compte de tromperies pour les derniers jours passés, pour ignorer la prudence. Je me tapis sans faire le moindre bruit et attends. Il me semble qu’il s’est écoulé plus d’une demi-heure depuis que des coups furent frappés à la porte et je décide que je peux quitter ma position qui m’engourdit les membres, de plus ma jambe me fait à nouveau souffrir, alors je rejoins mon lit m’aidant de la canne, mais lorsque j’entre dans la chambre je me trouve en face de la plus belle montagnarde qu’il m’ait été donné de voir ; « Allons Alexandre ton penchant pour les belles femmes finira par te perdre, sois prudent ! » Je me secoue intérieurement et apostrophe la superbe femelle sur un ton que je tente de rendre le plus sérieux et le plus rude possible :

  • Qui êtes-vous et que faites-vous ici ? De plus comment avez-vous pu pénétrer dans la maison ? ».

Je n’ai sans doute pas réussi à être tout à fait sérieux, car la beauté me répond assez sarcastiquement :

  • C’est la première question et la seule valable à laquelle je répondrai : je n’ai eu aucun mal à entrer puisque je suis ici chez moi M. Barridon.

Belle et intelligente, sûre d’elle sans sombrer dans l’autoritarisme, féminine tout en étant montagnarde, la femme parfaite ! Mon cerveau subjugué par cette déesse ne fait que sur le tard le raisonnement que cette femme qui sait qui je suis est ma propriétaire temporaire. Tremblant sur mes jambes, je la fixe d’un air mi-interrogateur mi-séducteur. - Asseyez-vous donc avant de tomber, voulez-vous une tisane chaude ? Nous parlerons ensuite
Cette beauté me questionne dans un excellent français et je ne peux qu’acquiescer. Elle se dirige vers la cuisine et en revient quelques minutes plus tard avec deux tasses fumantes, quelques macarons et un anti-douleur, elle est surprenante, elle a à la fois le sens de la déduction et celui de l’hospitalité. Elle prend place sur un pouf de cuir dur et m’apprend ceci : les promoteurs immobiliers pour qui ma jolie espionne travaille, ont effectivement pour but avoué de racheter toutes les petites agences du coin et ils y étaient presque arrivés lorsque elle, Kerstin a créé l’A.P.C.A (l’association pour la défense du patrimoine commercial autrichien) réunissant les derniers petits commerçants pour contrer la voracité du géant commercial. Jusqu’ici, rien de ce qu’elle m’apprend ne me surprend, la suite m’intrigue d’avantage. Dans ce petit pays, les secrets les mieux gardés sont ceux que l’on n’a pas. La belle montagnarde avait déjà eu vent de mes avatars avant que je ne sache moi-même ce qui m’arrivait. Elle m’avoue avoir mené son enquête sur ma personne, mais n’avoir pas compris pourquoi ses concurrents mettaient tant d’acharnement à m’éliminer, elle a fini par faire le lien que j’avais moi-même établi, de l’erreur de mes vacances qu’on avait pris pour un engagement contre la grosse firme. Évidemment en qualité de directrice de l’A.P.C.A., elle savait mieux que quiconque ne pas m’avoir engagé et qu’aucun autre ne l’avait fait. Néanmoins pour assurer sa thèse, elle me fit suivre. C’est ainsi qu’un de ses collègues a surpris mon espionne derrière les rideaux hospitaliers, l’a capturée et l’a livrée à la police où elle végète dans un interrogatoire depuis bientôt douze heures. Il faut faire vite puisque la garde-à-vue autrichienne ne dure que vingt-quatre heures : il nous reste donc moins de dix heures pour démonter le complot, prouver les malversations commerciales et les atteintes à ma personne et blanchir mon nom et ma réputation.

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