La mémoire a parfois des avens
Je ne sais plus où je vous ai aperçue.
La mémoire a parfois des avens
dans lesquels elle se noie.
Peut-être dans la salle en demi-teinte d’un musée
ou bien dans l’atmosphère apaisée d’une bibliothèque.
Peut-être encore dans un boudoir,
dans un cabinet de lecture.
Peut-être seulement
dans la clairière de ma tête.
Parfois y naissent des images
sans réelle consistance,
elles glissent infiniment, clignotent,
font leurs étoilements et ne demeure,
le plus souvent,
qu’une palme indistincte agitée par le vent.
Mais, voyez-vous,
peu importent le lieu et le temps
de votre rencontre.
L’essentiel est votre présence
pareille au premier frimas
se posant sur l’étonnement des choses.
Il m’arrive de me réveiller au cœur de la nuit,
l’esprit en déroute,
l’âme bousculée par la crainte de vous perdre.
C’est si léger les images du songe,
c’est si fragile,
c’est un cristal qui vibre
et menace de ne plus être.
Alors on tend les mains
dans la suie nocturne,
elles happent des taies de silence
et on les replie en signe de deuil
ou de prière.
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