7 : Profession de foi

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Appartement de Waldeck/Katia Sdresvic

Boulevard de Douaumont

Paris 17ème (75)

Juillet 2005

Étendu sur un lit à baldaquin de style rococo aux côtés d'un corps qu'il avait appris à connaître, dissimulé derrière d'épais voilages en organza pourpre, Oettinger émergeait à peine. Ses yeux gris-bleu encore embués d'alcool et de cocaïne papillonnaient sur la surprenante fresque baroque, presque flamboyante, qui habillait le ciel de toit. Puis, il observa longuement l'être avec lequel il partageait sa couche. Il ne savait plus vraiment où il en était. Depuis combien de temps n'était-il pas rentré chez lui ? Des heures, des jours, des semaines... De toute évidence, il n'était même plus capable de compter.

— Tu devrais courir rejoindre ton épouse, balbutia Katia. Éponger ton chagrin dans les bras d'un trav' comme moi, c'est plutôt étrange pour un hétéro, non ? Ça va bientôt faire trois semaines que t'es là...

— Joyce m'a largué. Elle en veut à la Police Française, à Marina de ne pas avoir retrouvé notre fille à temps. Et à moi aussi, parce que c'est de ma faute si Jenny a été...

Le rouquin ne put achever sa phrase. S'avouer que son enfant n'était plus lui était insurmontable. Il étouffa un sanglot.

— Du coup, reprit-il, elle est rentrée dans son pays. Elle a trop souffert ici.

Le flic avait la gorge pâteuse, déshydratée. Il écarta un pan de la tenture à la recherche d'un précieux liquide pour étancher sa soif.

— Katia, qu'est-ce que t'as foutu de ma bouteille de gin ?

— Tu devrais arrêter de boire, Marco, ça ne fera pas revenir Jenny.

— Tu ne comprends pas que j’en ai besoin pour tenir ? Juste pour tenir...

Le travesti sortit un sachet de coke du tiroir de la table de nuit et l'agita sous le nez de son amant.

— T'es en train de plonger, de te corrompre à petit feu, comme Lui. Dis-moi qui te procure cette merde, Marco, qui ?

— Un pote qui bosse aux Stups... Wilfried, celui que j'ai formé quand j'étais à la Mondaine.

— Ressaisis-toi ! S'il te plaît... Tu sais, je ne suis pas sûre d'être assez forte pour te servir de bouée de sauvetage. Je ne suis qu'une poupée gonflable de pacotille...

— Je peux peut-être remédier à ton problème, assouvir ton idéal, te rendre femme, définitivement. Joyce et moi, on avait épargné pour l'avenir de Jenny, cet avenir que cette pourriture de Cash lui a dérobé...

Oettinger ravala avec difficulté les larmes qui inondaient sa figure. A part Joyce et Marina, Katia était la seule personne devant laquelle le rouquin levait le rideau de sa pudeur.

— Alors prends ce qu'il te faut pour financer ton opération, parce que je n'en ferai rien... Et puis, tu pourrais déménager aussi. Ici, ce n’est pas un quartier pour toi...

— Je ne peux pas accepter, mon Marco...

— Prends, te dis-je ! Je n'ai plus de rêves à assouvir, juste un désir de vengeance.

— Il est derrière les barreaux. Que veux-tu de plus ?

— Il n'y restera pas éternellement... Je veux le voir agoniser, le voir crever comme un chien. Katia, je fais la promesse devant Dieu que dès qu'il sortira de taule, je le buterai. Rien que pour Jenny, pour la paix de son âme.

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