Chapitre II

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Ma rencontre avec l’instructeur, m’a vraiment creusé l’appétit. Je me dirige vers la cafétéria sous les regards curieux des autres personnes. J’entre dans le réfectoire par les deux grandes portes grises et c’est seulement lorsque je les traverse que je me rend compte du nombre de soldats présents dans la base et dans notre bâtiment, il y a seulement les adolescents. Dans l’autre bâtisse, se sont les adultes (ceux qui ont un vrai travail dans l’armée). Seulement, je ne me sens pas trop à l'aise avec toutes ses personnes autour de moi.

C’est vraiment rare, mais à ce moment précis, je suis gênée. Avec l’école secondaire, j’étais habituée d’être entourée de beaucoup de monde, mais là on est à un autre level. Je prend un cabaret et me met en file pour pouvoir faire mon assiette. Un bon riz au poulet et légumes devrait faire l’affaire.

Une fois mon assiette remplie, je cherche mon frère des yeux, mais à la place, je trouve ses amis. Je leur lance un regard interrogatif et avec mes lèvres je mime un « il est où? » Un des gars me pointe discrètement une personne assise à leur table. De dos, je ne l’avais même pas reconnu. Je m’approche de mon frangin en faisant signe aux autres de ne rien dire. Je prend mon plateau de ma main droite et de l’autre, je lui ébouriffe les cheveux. En se retournant, je vois bien qu’il n’aime toujours pas qu’on touche à ses précieux cheveux. En me voyant, il se calme tout de suite et vient me faire un câlin. Il s’en fiche que nous soyons devant ses amis, il a toujours été comme ça et c’est une chose que j’aime beaucoup chez lui. Je connais certains de ses amis, parcre qu'ils venaient à la maison parfois, mais tous les autres qui sont aussi à la table, je ne les connais pas.

  • Viens donc t’asseoir avec nous.
  • T’es sûr? Je ne veux vraiment pas vous déranger.
  • Ben voyons, tu nous dérange pas du tout. En plus, on t'as gardé une place.
  • D’accord.

Je ne connais que quelques personnes à la table. En vrai, ils font tous partie de sa bande d’amis, mais je n'en connais que quelques-uns.

  • Hey Charles! Tu m’avais pas dit que ta soeur c’était une vrai bombe!

Attend il a dit quoi, lui? Mon frère lui lance un regard noir et il se ravise aussitôt de sa connerie. Franchement, non mais il y a des limites quand même. Je ne suis pas ici pour les beaux garçons, mais pour ma formation de militaire du rang, pas pour autre chose. C'est quand même la première fois que tu reçois ce genre de commentaire.

  • Pis, finalement tu vas faire quoi pour les cours que t’as raté?
  • T’as raté des cours? me demande un gars à l’autre bout de la table et c’est seulement rendu là que je remarque que littéralement toute la table écoute notre discussion. Y’a comme un peu beaucoup trop de monde autour de moi là, je n'aime pas trop.
  • Bah, oui. Je soupire. Nos parents étaient en mission et ils n'ont pas pu signer certains papiers obligatoires donc je ne pouvais pas m'enrôler en même temps que les autres. Pour répondre à ta question frérot, je vais les reprendre dans mon temps libre et le soir, après le souper.
  • Comment tu vas faire pour tout supporter? me demande Laurent, un ami proche de mon frère.
  • Bah pour être honnête, je n’en sais pas plus que vous. Je verrai bien au fur et à mesure.

Pour le reste du repas, je reste en silence, j’observe les gens autour de moi et j’écoute les discussion des autres, sans y participer. Je termine mon assiette et quitte les gars de la table pour aller sur le parcours du combattant à l’autre bout du terrain, près du pavillon d’entraînement. Je m’y rends et une fois rendu là-bas, je remarque que je ne suis pas la première personne à être arrivée. Oui, je suis dans les premiers, mais pas le numéro un. Ce n’est pas grave, de toute façon ce n’était pas mon but. Bon, peut-être que j'aurais bien aimé.

Les seules à être arrivées sont quelques gars, trois précisément. Ils m’observent un peu trop à mon goût, mais je laisse passer. Qu'est-ce que je peux faire de toute façon? N’empêche que j’ai l’impression d’être un animal en cage au zoo ou un morceau de viande saignant et prêt à être manger. J’espère juste que ce ne sera pas comme ça tout l’été, sinon il risque d’être long.

Finalement, je décide de m’étirer avant qu’on commence, parce que je n’ai pas du tout envie de me faire mal, pas que je suis une petite nature, mais parce que ce serait chiant puisque je viens d’arriver au camp. Le parcours du combattant est situé à côté du stade, devant la baie vitrée de la salle de musculation donc, les personnes qui sont à l’intérieur peuvent nous regarder. Je suis coupé dans mes pensées par le lieutenant Léger.

- Bien. Maintenant que nous avons tout le monde, je peux faire les présentations. Je sais que vous êtes déjà un groupe très soudé, mais vous allez devoir intégrer un nouveau membre. Vous avez sans doutes remarqué un nouveau lit occupé au dortoir ou à la cafétéria. Alex, je te présente ta section.

Je leur fais un bref signe de tête pour les saluer. J'entend certaines filles se dire qu'elles auront le droit à une pute de plus et certains gars se demander si «Alex» est un nom de fille. Ça me fait bien rire, chacun ont des priorités différentes. Soit de savoir quel genre de personne je suis ou de critiquer mon nom. Je crois que m’intégrer, mais aussi de me faire respecter seront les pires choses que j’aurais à faire ici. Avec leur groupe soudé comme il a l'air de l'être, je ne suis clairement pas la bienvenue.

Nous nous approchons du parcours. Dabord, il faut ramper dans un gros tuyau. Ensuite, il y a un filet à grosses mailles, il faut grimper dessus et descendre de l'autre côté. La troisième épreuve est quatre poteaux de téléphone, à l'horizontale, alterné en haut, en bas. Puis, il y a le mur breton, il m'a l'air assez haut vu d'ici. Après ce mur, il y a des fils de barbelés près du sol. Il faut ramper en dessous sans s’écorcher. Ensuite, il y a une planche à l'horizontale qu'il faut monter. Le septième obstacle est une grande fosse. On doit sauter à l'intérieur et en sortir. On dirait une piscine vide. La dernière et non la moindre, une énorme corde avec au bout, une cloche. Vu d'ici, elle doit faire environ cinq mètre de hauteur.

Je laisse les autres passer avant pour voir comment ils se débrouillent et connaître leur niveau par rapport au parcours. Car en plus, notre parcours sera chronométré. Comme ça, le lieutenant pourra voir notre progression.

J'observe les autres soldats, chacun leur tour, faire le parcours. Je regarde aussi ma montre et je crains d'avoir un niveau bien plus bas que le leur. Ils sont entraînés et l'ont sans doute fait plus d'une fois ce parcours. Une autre chose qui me stresse beaucoup, ce sont les gars dans la salle de muscu qui regardent les autres faire le circuit. Ils nous jugent c'est clair, ils rient et parlent de nous. Comment je le sais? Ils parlent entre eux et nous pointent du doigt. Même moi, pourtant je n'ai rien fait de mal. Sauf si être nouvelle est quelque chose que j'ai fait, qui perturbe les autres. Le pire, c'est que je me fais remarquer sans rien faire et je n'aime pas ça. Au moins, si on me remarque, j'aimerais que ce soit quelque chose d'autre que le simple fait d'être présente, sinon ce n’est pas méritable.

Je regarde chaque personne passer et la file se rétrécit peu à peu. Le stresse et l'adrénaline monte en moi comme une fusée. J'étire mes poignets et mes épaules pour ne pas me blesser et me met sur la ligne de départ. Je ferme les yeux et vide mon esprit. Mon but, donner tout ce que je suis capable.

J'ouvre les yeux et remarque que tout le monde m'observe, je rougis tellement j'ai la pression. Le prof, qui attend pour partir son chrono, ma section qui veut savoir de quoi je suis capable et les gars dans la salle à côté, qui attendent que je commence. Pourquoi faut-il que j'aie autant de spectateurs?

Je vais leur montrer à tous, que je suis capable de faire le parcours comme tout le monde. Je n'ai pas envie qu'on se moque de moi après cet entraînement. J'ai tout de même une fierté à tenir ou est-ce mon ego qui parle? Et si on disait un peu des deux? J'ai quand même la chance de partir en dernier, donc j'ai eu le temps d'observer les autres et d'acquérir un certain savoir sur la technique à utiliser.

Sans avertir, je me met à courir direction la première étape, le tuyau. Je m'élance et plonge dedans. Il ne faut pas être claustrophobe rendu là, car c'est très petit. En plus, on avance très lentement à l'intérieur. L'espace restreint ne permet pas de grands mouvements pour se déplacer. Une fois sortie, direction le gros filet. Je cours et saute pour prendre de l'avance sur le filet. La difficulté ici, c'est que le filet n'est pas attaché au sol donc, il bouge tel une balançoire. En plaçant mes pieds bien haut comme en escalade, je fini rapidement cette épreuve.

Passons à la suivante maintenant, les poteaux de téléphone. Le problème avec celui-là, le mur breton et la grande planche, c'est que les personnes petites comme moi, n'arrive souvent pas à se propulser. J'ai peut-être une petite taille, mais avec mes cours de gymnastique j'ai appris à prendre mon élan et à passer rapidement. Je passe les poteaux sont facile à passer quand s'aggrippe avec nos jambes. Pour le mur breton. j'ai dû mis prendre à deux coups pour passer. Ramper sous les fils barbelés a été rapidement fait, mais avec quelques écorchures aux bras à la sortie. Ensuite, la planche. Un petit élan et le tour est joué. Finalement, c'est plus facile que ce que je pensais.

Maintenant, la fosse, l'épreuve qui me fais le plus peur, étant petite. Je saute à l'intérieur, les murs sont environ ma taille. Je vais essayer de faire comme quand on sort de la piscine. Je saute et monte mes bras sur le rebord, mais je glisse parce que mes pieds me poussent vers l’extérieur sans le vouloir. Je me laisse tomber puis je recommence, mais cette fois-ci, je laisse mes jambes pendrent dans le vide et m’appuie sur mes coudes. Ensuite, je replace mes mains à plat et je déplie mes coudes. Une jambe, deux jambes et le tour est joué.

Je cours le plus vite que je peux jusqu'à la dernière épreuve, la corde. Il faut viser sur la technique et sur la force de nos bras. J'enroule mes pieds dans la corde et commence mon ascension. Je ne lâche pas des yeux mon but, la cloche. Je tend le bras et la fait sonner. Et voilà! J'ai terminé, finalement c'était assez simple. Je redescend en sautant et rejoint le lieutenant. En le regardant, je vois qu'il sourit en écrivant quelque chose dans son cahier. Sourire sadique ou gentil, je n'ai pas eu le temps de l'analyser. J'espère au moins que j'ai fais un bon temps, parce que je suis crevée.

- Maintenant que vous avez tous réussi le parcours, je vous laisse aller tout seul à la salle de musculation puisqu'elle est juste à côté. Je vous appellerai quand ce sera la fin.

Nous nous dirigeons donc tous vers la salle de musculation. Lorsque nous entrons, tout le «bla bla» c'est arrêté. Même ma section ne comprenait pas. Nous avons décidé de les ignorer et de commencer nos entraînements chacun de notre côté. Pour ma part, je me dirige vers la barre de traction et commence à faire des séries pour muscler les abdos, le dos et les bras. Je ferme les yeux et je me concentre sur les mouvements. Quand j'ai terminé, j'ouvre les yeux évidemment bah oui sinon tu ne verrais pas où tu mets les pieds, mais je vais aussi boire une gorgée d'eau. Tant qu'on y est, je pourrais faire mes exercices de crossfit. Je commence avec la wall ball au mur. Ensuite, la grosse corde. Elle donne mal au bras celle-là. J'enchaîne avec le rameur. Les calories, on les brûle à coup sûr avec ça. Je décide de prendre une petite pause pour récupérer un peu mon énergie, car tout ça c'est très épuisant.

Je marche un peu dans la salle pour voir si il n'y a pas des sacs de frappe. J'en trouve au fond de la salle, un peu à l'écart, presque dans une autre pièce. Je m'aperçois, qu'il y a déjà quelques personnes dans la «salle». Il y a trois gars de mon groupe je crois et d'autres personnes de d'autres sections. La salle, si l'on peut dire ça comme ça, est bien faite. Trois des murs de la pièce ont des punching-bags accrochés, le mur qui n'en a pas, est celui du fond. À la place des sacs, il y a des tatamis et au centre de la salle, trône un ring pour les combats.

Je me bande les mains, mais je suis obligé de tout défaire, parce que notre lieutenant nous appelle. NON!!! Crie ma conscience. Pourquoi fallait-il qu'il arrive à ce moment précis? Ben… Parce que vous allez faire autre chose. Je suis vraiment frustrée de ne pas avoir pu m'entraîner ici. Dis plutôt que tu es triste parce que tu n’as pas pu montrer aux autres que t’es super bonne en sport de combat. Ouais bon, mais je ne le dirai pas. Bref, nous sortons du bâtiment et nous, nous rassemblons tous devant le lieutenant.

J'espère que vous êtes tous bien brûlés, mais avant que vous ne partez manger, j'aimerais faire un point sur le parcours du combattant avec vous...

Je me trompe, ou ça sonne mal son truc? Je regarde les autres et ils ont tous la même tête que moi.

- ... Aujourd'hui, je ne vous l'ai pas dit, mais c'était le test mensuel. Je suis heureux de vos résultats et j'aimerais féliciter Alex pour ses performances. Elle a fait le meilleur temps de votre section, mais aussi, elle a monté la barre très haute pour le record de temps de classe 1. Maintenant, vous pouvez aller au réfectoire.

Nous saluons le lieutenant comme il se doit et nous nous dirigeons vers la cafétéria. Moi, je préfère rester en arrière des autres. Quelques personnes se sont mises à courir pour arriver à destination plus rapidement, alors que d'autres comme moi, préfère marcher.

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