Chapitre III

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J'entre dans le réfectoire. Et je sens plusieurs regards sur moi. Pas autant que ce midi, mais tout de même. Je ne suis pas très à l'aise avec tout ça. Je prend un plateau et me sert du macaroni au fromage avec deux saucisses et des crudités. Je passe à la table de mon frère et décide finalement de m’asseoir avec eux. Faut pas trop taper l’incruste non-plus. Rrrhhhooo… Tais-toi deux secondes la conscience, des fois c’est fatigant.

  • Honnêtement, je croyais que ce serait plus difficile que ça. Vous m'aviez dit que le parcours du combattant serait super dur, mais en fait, c'est pas si pire que ça. La difficulté, c'est que je suis petite.
  • Au moins t'as raison sur le fait que tu sois petite, rigole le gars en face de moi.
  • T'es au courant que les hauts-gradés arrêtent pas de parler de toi?, me demande Laurent.
  • C'est supposé me rassurer?
  • Tu les as impressionnés en battant de loin le record de temps de classe 1.
  • Alex!? C'est toi qui a battu le record?, demande mon frère.
  • Apparemment, dis-je gênée.

Nous continuons de manger dans la bonne humeur jusqu'au moment où il fallait se quitter pour aller chacun de son côté. Après avoir été replacer mon plateau, je suis montée dans le dortoir. Devant la porte, j'entends comme des chuchotements. J'essaie d'écouter, malgré qu'on m'ait déjà dit que ce n'est pas une bonne idée.

  • «Elle traîne avec les gars populaires de classe 4.»
  • «Elle se croit bonne en étant avec eux, mais en fait, c’est tout le contraire.»

J’ai déjà entendu mieux comme insulte.

  • «Je te ferais remarquer que tu n'es pas mieux qu'elle en allant voir n'importe quel gars pour te trouver un bon coup.»
  • «N'empêche qu'elle se croit meilleure que les autres.»
  • «Les filles, laissez lui une chance quand même. Elle vient d'arriver et vous ne la connaissez pas.»

J'ouvre brusquement la porte et vois cinq personnes dont trois filles et deux gars en train de parler de moi. Je les ignore, prend mon nécessaire pour mon cours supplémentaire et ressort directement en claquant la porte. Je ne veux pas continuer d'entendre leurs commentaires négatifs sur moi. J'en ai déjà eu assez comme ça depuis mon secondaire 1. Je me dirige vers ma classe en pensant à ce qu’ils disaient sur moi. Non, mais franchement, c’est juste que je ne me suis pas encore fait d’amis que je suis avec les amis à mon frère, c’est juste pour ça. Je feuillette mes notes en attendant que le lieutenant vienne me donner le cours d’armes à feu.

Étant donnée que toute ma famille est dans le domaine militaire, ce n'est pas difficile de tout faire ici. J'ai été dans les scouts, dans les cadets, j'ai fait l'école à la maison au primaire. Ensuite, il y a eu le collège militaire. Mais en plus de tout ça, quand j'étais petite, je venais souvent faire un tour ici, avec mon frère et mes parents, parce qu'ils ne pouvaient pas nous laisser tous seuls à la maison. Du coup, je suis très entraînée et j'en connais un très bon rayon en matière militaire.

Pendant le cours, le lieutenant me montre comment on monte et comment on démonte l’arme. Le fameux C7A2, l’arme que tous les soldats doivent savoir se servir. Durant notre formation de base, on passera du automatique au semi-automatique. Le lieutenant m’a aussi montré comment on s’en sert, parce que bientôt nous allons nous en servir au stand de tir avec le reste du groupe. Après plusieurs essais il me dit que c’est tout et que je peux aller me coucher. Il faut aussi dire qu’il est 22h30 et que tous les bâtiments sont fermés, c’est à dire que les portes menant à l’extérieur du camp sont barrées et qu’il ne reste que les souterrains pour passer d’un bâtiment à l’autre. Les salles d’entraînements sont aussi fermées, mais ça m’étonnerais beaucoup que les personnes dorment à cette heure-ci. Elles doivent être en train de parler, se laver ou je ne sais pas quoi.

J’entre dans les souterrains et essaie de m’orienter vers le bon bâtiment, mais c’est un peu compliqué. Chaque couloir se ressemblent, chaque escaliers… Comment je vais faire pour sortir d’ici, si je ne sais pas où aller?

  • Bon… Perdue dans les souterrains la première journée, quelle ironie. Je connais l’extérieur comme ma poche, mais pas encore ces tunnels. Une chance qu’on est en été, parce que sinon je serai sortie d’ici en glaçon. Bon ça y est, je me met à me parler toute seule, je dois vraiment avoir l’air folle.
  • En effet, je confirme que c’est étrange.

Merde, en plus on m’a entendu. Maintenant je fais quoi? Moi je ne peux pas trop t’aider, tu t’es mise dans la merde toute seule ma pauvre. Tais-toi la conscience, ce n’est vraiment pas le moment. Je me retourne vers la personne qui m’a parlé et je me trouve devant un gars d’environ 18 ans, grand, les cheveux brun et en bataille avec de beaux yeux brun.

  • Donc, c’est ta première journée dans la base?
  • Oui, ça me semble évident, non?

Pourquoi je joue sur la défensive moi? Il faut toujours se méfier des autres et tu devrais le savoir avec le temps. Oui, mais ça en a fait fuir plusieurs et une des raisons pour lesquelles je ne me fait pas d’amis et je suis prise avec mon frère. En effet, ça doit le saouler quand tu es toujours avec lui. Bon là, ce n’est pas la question.

  • Désolé, mais est-ce que tu pourrais me montrer c’est par où le bâtiment pour les dortoirs?
  • Et si je te disais que ça ne me tente pas?
  • Soit je vais finir par trouver mon chemin toute seule ou je vais dormir ici.
  • Très bien, alors je te laisses trouver ton chemin, j’ai hâte de voir ce que ça va donner. C’est sûr que tu finis ta nuit ici et qui sait ce qui se passe la nuit dans les souterrains…
  • Très bien, je vais me débrouiller.

Après un échec cuisant auprès du gars, je traverse les couloirs toujours aussi mal éclairés et froids. Il faut absolument que je me rappel du plan des sous-sols. Bon, tu vas t’arrêter et réfléchir. Quand tu as vu les plans, tu as dis que c’était vraiment facile à retenir. D’accord, je m’arrête et m’assois sur un banc à l’abris des regards, je n’ai pas envie de voir l’autre con. Dis plutôt que tu ne veux pas qu’il voit que tu es sur le point de craquer, parce que tu es réellement perdue. Ouais, ouais, c’est ça la conscience, ferme là maintenant! Bon, je me rappelle que les lettres des bâtiments allait avec leur fonction. Je connais l’extérieur comme ma poche, mais pourquoi ce n’est pas pareil avec les souterrains? Ben, parce que tu ne les a pas encore visité. Je t’ai dis de la fermer! Rrrhhhaaa, c’est pas possible, je parle à ma conscience, y’a clairement un truc qui ne tourne pas rond chez moi.

Bon, il faut que je me concentre. Le bâtiment A, c’est pourquoi déjà? A oui, c’est pour l’administration et la recherche. Le bâtiment B… Blanc de mémoire. On continue, le bâtiment C, non plutôt le pavillon C. Ça, c’est les logements pour les militaires à temps plein et qui veulent habiter près de la base militaire. Le bâtiment D, je ne m’en souviens pas non-plus, mais le bâtiment E, c’est le stade. Donc il ne me reste que deux choix. Le B et le D. Je regarde les alentours, lequel des deux est le plus proche? A oui! Je suis passé devant le B tout à l’heure. Je vais commencer par là en espérant que le gars de tantôt soit partit. Je rebrousse chemin et trouve enfin la porte B. Je l’ouvre et monte les escaliers. C’est seulement une fois rendue en haut que je remarque que le bâtiment B, c’est celui de la bibliothèque, des archives et de l’informatique. Merde, il faut encore que je me tape des escaliers.

Très bien, demi-tour toute! Pourquoi moi? Pourquoi aujourd’hui? Ça tombe tellement mal! Bonne nouvelle, je sais maintenant que le bâtiment des dortoirs et du réfectoire c’est le bâtiment D. Mauvaise nouvelle, le dortoir se trouve à l’autre bout complètement de là où je suis. Je crois qu’une petite course s’impose si je veux aller me coucher rapidement. C’est partit, au moins, je sais où il se trouve ce fameux dortoir. Je fais mon petit jogging jusqu’à la bonne porte. Une fois arrivé là-bas, je monte une fois de plus les escaliers et rejoint le couloir des dortoirs. Je vois le gars de tout à l’heure adossé sur l’un des murs avec d’autres gars, sans doutes ses amis. Tiens, je vais l’agacer un peu.

  • Tu vois, je m’en suis sortie toute seule.

Évidemment il me regarde d’un drôle d’air, mais au moins j’ai réussi à sortir de là-bas. Je passe à peine devant eux, mais quelqu’un me plaque face au mur. Mes mains sont bloquées dans mon dos par une des siennes et l’autre serre les deux côtés de mon cou, non pas pour m’étrangler, mais juste pour me faire mal. L’une de ses jambes se trouve entre les miennes pour m’éviter de bouger. Malgré la douleur qu’il inflige à mon cou, je ne bouge pas, je ne me débat pas, pour l’instant ça n’en vaut pas la peine.

  • Tu t’es bien moqué de moi nan?
  • Ton ego parle à ta place.

Il resserre sa prise autour de mon cou, non mais ça fait un mal de chien ce truc. Non, mais il se prend pour qui, le roi du monde?

  • Que faisais-tu dans les sous-sols à une heure pareille?

Ce n’est pas mon agresseur qui parle, mais un des ses acolytes. Qu’est-ce qu’ils en n’ont à faire de ma petite personne? Ils se prennent pour qui sérieusement? Sa prise se resserre une fois de plus et je lâche un gémissement de douleur.

  • RÉPOND!
  • Qu'est-ce que j'ai fait pour vous faire chier sérieusement.

Sa poigne se défait un peu et j’en profite pour lui donner un coup de boule sur le nez. Il se plie en deux et je prend ça comme une ouverture et m’enfuie à l’autre bout du corridor. J’entend une dernière phrase de sa part avant que je n’entre dans ma chambre.

  • Tu m’as pété le nez salope, tu vas me le payer!
  • Même pas peur!

Notre engueulade a dû en réveiller plus d’un. J’entre dans le dortoir et là, je vois tout le monde qui me regarde. Certains avec des gros yeux étonnés et impressionnés, certains avec un regard méchant (c’est vrai que le mot est bas de gamme, mais voilà), je suis persuadée que plusieurs personnes auraient détourné les yeux face à ce regard, je vois aussi que d’autres personnes me regarde avec des yeux désolé et compatissant. Non, mais j’en ai rien à foutre d’eux, je n’ai pas besoin d’autres personnes pour me faire chier ce soir. Je suis crevée, fatiguée, exténuée, bref, ce n’est vraiment pas le moment.

  • QUOI!?

Simple, rapide et efficace. Je me dirige vers mon lit sans me brosser les dents, j’ai la flemme là. Je m'étends sur mon lit et m’endors automatiquement. Non, en fait, je me réveille et me force à me changer, Je vais au moins prendre la peine d’enfiler un autre chandail et un short pour dormir et puis voilà, bonjour Morphée.

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